Le gouvernement réuni en séminaire pour mettre en place les annonces de Macron

Par AFP  |   |  759  mots
Le Premier ministre Edouard Philippe (Crédits : Reuters)
Quelques jours après les annonces d'Emmanuel Macron en réponse à la crise des "gilets jaunes", le gouvernement s'attelle ce lundi au casse-tête de l'application et du financement des mesures, en invitant les parlementaires à se joindre à sa réflexion lors d'un séminaire.

Après les paroles, place aux actes. Le gouvernement  se réunit ce lundi pour un séminaire à Matignon. Pour la première fois dans ce type d'exercice, une trentaine de cadres de la majorité parlementaire sont également conviés à ce colloque à partir de midi : présidents de groupe à l'Assemblée et au Sénat, vice-présidents de groupe, présidents de commission et rapporteurs généraux de certains textes. "Plutôt que de le faire texte par texte, il m'est apparu opportun de pouvoir associer un certain nombre de parlementaires à la définition du calendrier sur lequel nous allons travailler, à la définition de nouveaux instruments, d'une nouvelle méthode. Bref un travail en bonne intelligence", a mis en avant le Premier ministre. "C'est une journée de travail intense, pour construire le qui fait quoi et quand de la majorité, ce qui nous permettra ensuite dans les mois qui viennent de dérouler l'ensemble de notre action pour conduire concrètement les annonces qui ont été formulées par le président", a détaillé M. Philippe.

Baisse de l'impôt sur le revenu, réorganisation profonde de l'administration, décentralisation, gestes pour les retraités, les aidants et les mères vivant seules : il s'agit pour les participants de trouver des solutions pour mettre en oeuvre les mesures présentées, jeudi 25 avril, par le chef de l'Etat en réponse à la crise des "gilets jaunes",  Le gouvernement est "déterminé à faire vite et à faire bien" pour mettre en oeuvre les annonces d'Emmanuel Macron, a assuré ce lundi Edouard Philippe en ouverture d'une journée de séminaire avec les ministres à Matignon.

"Je sais que beaucoup sont impatients, le président de la République nous a demandé d'aller vite, il a raison. Et nous, nous sommes déterminés à faire vite et à faire bien", a déclaré le Premier ministre. L'ensemble du gouvernement, rejoint par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner initialement retenu par l'inauguration d'une cellule "alerte prévention suicide chez les policiers", est arrivé autour de 9 heures à Matignon.

L'assouplissement de la limitation à 80 km/h est sur la table

Dans l'après-midi, quatre ateliers sont au programme avec les parlementaires: sur le calendrier parlementaire, sur la méthode, sur la réforme constitutionnelle et sur "les nouvelles solidarités". Mais l'équation la plus délicate revient à Bercy qui devra trouver des pistes de financement des mesures, comme les 5 milliards de baisse d'impôt sur le revenu. Les oppositions se sont d'ailleurs rapidement engouffrées dans cette brèche. Le patron des Républicains Laurent Wauquiez a ainsi fustigé le manque d'annonces "sérieuses" sur la baisse de la dépense publique quand Marine Le Pen a épinglé dimanche le "flou" de ces annonces qui ne seront "pas suivies d'effet".

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"La trajectoire budgétaire n'est pas modifiée", a crânement assuré en retour vendredi le patron des députés LREM Gilles Le Gendre pour récuser toute incertitude. Même en s'attaquant à certaines niches fiscales comme l'a annoncé M. Macron, cela s'apparente à une gageure : l'économiste Jean Pisani-Ferry, coordinateur du programme présidentiel, a estimé dans le Journal du Dimanche à "20 milliards d'euros, soit 1% du PIB du pays" l'enveloppe à trouver d'ici 2021. Et, pour compliquer la donne, le président s'est dit prêt à transiger sur la coupe attendue de 120.000 fonctionnaires d'ici à la fin du quinquennat, afin d'assurer un meilleur maillage du territoire.

Alors que Jean-Paul Delevoye travaille depuis des mois sur une réforme globale du système des retraites, des précisions sont attendues pour compenser la réindexation des pensions sur l'inflation et la promesse d'une retraite minimale de 1.000 euros pour ceux qui auront une carrière complète. Le chef de l'Etat a indiqué vouloir actionner deux leviers: l'allongement de la durée de cotisation et des incitations à travailler plus longtemps. D'autres points pourraient être abordés, à l'image de l'abaissement de la vitesse à 80 km/h, selon Sibeth Ndiaye. Il s'agira de réfléchir à "la manière dont on peut faire en sorte qu'il n'y ait pas une application brutale, uniforme sur l'ensemble du territoire", a-t-elle lancé dimanche.