Emmanuel Macron confirme la suppression de l'ENA

Le chef de l'Etat a confirmé ce jeudi, en réponse à une question posée par un journaliste, la suppression de l'ENA. Il a également annoncé vouloir supprimer les "grands corps", et devrait mandater ce vendredi Frédéric Thiriez, ex-président de la Ligue de football professionnel (LFP), pour mission de réflexion sur la future réforme.
Emmanuel Macron a confirmé, ce jeudi 25 avril, son intention de supprimer l'école nationale d'administration.
Emmanuel Macron a confirmé, ce jeudi 25 avril, son intention de supprimer l'école nationale d'administration. (Crédits : Vincent Kessler)

Pendant un moment, le doute a flotté dans la grande salle de l'Elysée. Lors de son "propos liminaire" avant les questions des journalistes, Emmanuel Macron annonce la suppression des "grands corps", tout en réaffirmant son attachement à un certain "élitisme républicain". Aucun mot sur la possible suppression de l'école nationale d'administration (ENA), qui figurait pourtant dans la version du discours qu'il s'apprêtait à prononcer le 15 avril, avant que ne démarre l'incendie de la cathédrale Notre-Dame.

Le président de la République se serait-il ravisé ? La question est posée par un journaliste lors de la conférence de presse, ce qui pousse Emmanuel Macron à s'exprimer clairement, en confirmant que l'ENA serait bien supprimée. Pas de "rafistolage" ou de réforme de l'existant, donc, mais la volonté de repartir sur de nouvelles bases pour s'assurer d'un changement effectif. "Si vous gardez les mêmes structures, les habitudes sont trop fortes", conclue le chef de l'Etat, comme en réponse aux critiques formulées ces derniers jours par un certain nombre de hauts fonctionnaires.

Vers une suppression des "grands corps"

Quelques détails supplémentaires s'ajoutent à l'annonce. Emmanuel Macron regrette que l'actuelle école des hauts fonctionnaires ne soit pas plus ouverte "au monde universitaire, à la recherche, à l'international", des éléments qui devraient baliser la future réforme. L'annonce de la suppression des "grands corps" que sont l'inspection générale des finances, la cour des comptes et le conseil d'Etat, demande à être précisée. Ce terme informel n'a en effet aucune valeur juridique, et désigne des institutions assez différentes (un corps d'inspection, une juridiction financière, une juridiction administrative) qui n'ont de commun que d'être les corps de sortie plébiscités par les énarques les mieux classés.

Ces administrations n'étant évidemment pas appelées à disparaître, on peut supposer que cette annonce se rapporte plutôt à la manière dont elles recrutent leurs membres. Dans son discours, Emmanuel Macron a plusieurs fois critiqué la "protection à vie" que conférait l'accès à un grand corps en sortie d'ENA, ainsi qu'à la possibilité ouverte à des hauts-fonctionnaires encore jeunes "d'accéder aux postes suprêmes et d'être garantis de ne jamais les quitter". On peut donc s'attendre à une refonte du système actuel de progression des carrières dans la haute fonction publique, critiqué pour le poids déterminant qu'y joue le classement de sortie à l'ENA.

>> Lire aussi : ENA : une suppression, et après ?

Au lieu d'arriver immédiatement en haut de l'échelle en cas de bons résultats, les futurs hauts fonctionnaires pourraient avoir à "faire leurs preuves", en débutant leur carrière par des postes plus proches du terrain. Les grands corps, quant à eux, seraient désormais accessibles en deuxième partie de carrière, par promotion interne. Une évolution jugée satisfaisante par ceux qui critiquaient le poids qu'avaient pris au sein de l'appareil administratif l'appartenance à ces "corps d'élite", mais qui pose la question de la manière de garantir un recrutement impartial.

Une mission pour Frédéric Thiriez, ancien patron de la LFP

Le président de la République a par ailleurs donné quelques détails sur la méthode. Il a annoncé qu'il confierait à Frédéric Thiriez, la mission de réfléchir à la réforme du recrutement, de la formation et de l'évolution des carrières dans la haute fonction publique. Passé par l'ENA et le Conseil d'Etat, M. Thiriez est également connu pour avoir présidé la Ligue de football professionnel (LFP).

En entérinant sa décision de supprimer la principale école de formation des hauts fonctionnaires, et de réformer en profondeur leur sélection, Emmanuel Macron ouvre un vaste chantier où les résistances pourraient être nombreuses. Les nombreuses tribunes et prises de position qui ont suivi la révélation de cette annonce la semaine dernière, souvent de la part de hauts fonctionnaires, ont montré que beaucoup au sein de l'Etat n'étaient pas encore prêts à une telle refonte.

Commentaires 13
à écrit le 01/05/2019 à 18:03
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Ce qui est terrible, c'est de constater que l 'ENA a " formaté " pendant des décennies des étudiants sur l'Administration...et qu'ensuite certains se sont occupés d'entreprises hors de leur compétence...On ne peut que découvrir malheureusement les li...

à écrit le 28/04/2019 à 19:06
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Ce Président de la Roi-publique nous montre, une fois de plus, qu'il n'est bon qu'à une chose: casser. Je suis persuadé que les dirigeants du monde entier de frottent les mains avec gourmandise en voyant que la France a enfin perdu de sa superbe et q...

à écrit le 28/04/2019 à 8:05
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.... c'était vraiment LA revendication principale ( ... avec la polémique pain au chocolat / Chocolatine ! ) .......

à écrit le 28/04/2019 à 0:46
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Quasiment tout l'entourage du Président est constitué d'énarques ! Qu'il commence donc par épurer son propre staff et sa cour et il sera peut être plus crédible. La cohérence est le début de la crédibilité.

à écrit le 27/04/2019 à 18:08
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Mais en fait que sait donc faire un enarque, écrire une lettre type selon l'administration pour communiquer ? l'intelligence artificielle peut bien remplacer tout ça. Et si on créait vraiment le premier pays transparent au monde ? que tout cours, de...

à écrit le 27/04/2019 à 13:16
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Il y a des milliers de docteurs de haut niveau (bac+8) et qui sont des demandeurs d'emploi (en chômage depuis des années). Je me demande si les étudiants de l'ENA sont plus compétents que ces docteurs chômeurs. Ouvrir les concours et des poste à des ...

le 27/04/2019 à 18:52
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C'est tout le problème de garder des personnes en fac trop longtemps, jusqu'à un doctorat pour présenter une thèse qui n'intéresse personne: ces "docteurs" finissent par croire qu'ils sont bons (évidemment, il y en a parmi eux). Ensuite, quelqu'un qu...

à écrit le 27/04/2019 à 13:12
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Frédéric Thiriez, c'est celui qui a vendu les matchs de ligue1 900 millions par an aux espagnols, il est fort ce type. Espérons qu'il soit aussi bon pour réformer la haute fonction publique.

à écrit le 27/04/2019 à 9:59
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C'est bien d'améliorer un système, les énarques n'ont pas démérité quand on regarde ce qui se passe à l'étranger, c'est une grande école de management de la fonction publique, mais ouvrir ces postes à des Docteurs ayant fait de la recherche dans diff...

à écrit le 27/04/2019 à 8:54
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C'est bien de reconnaitre l'échec de cette corporation sur la gestion de notre pays mais du fait qu'il en sort de l'ENA en a t'il réellement soulevé toutes les conclusions qui s'imposent ?

à écrit le 27/04/2019 à 8:15
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Et maintenant on remplace l'ENA par l'école des plus forts et des grandes gueules, comme l'on en voit sur l'audiovisuel en la personnedes de parties politiques et même dans les gouvernements successifs.de droite

le 27/04/2019 à 15:17
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....excusez-moi ,mais en français ça donne quoi?

le 27/04/2019 à 17:10
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hi, hi, hi....................

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