Le taux de chômage en France reste stable, à 7,5%

Par latribune.fr  |   |  1372  mots
Au quatrième trimestre, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) augmente de 29.000 par rapport au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)
L'Insee a dévoilé les chiffres du chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) ce mardi. L'institut recense 29.000 personnes supplémentaires sans activité. Le nombre de chômeurs s'élève ainsi à 2,3 millions.

[Article publié le mardi 13 février 2024 à 07h50 et mis à jour à 09h21] Le taux de chômage est resté stable au quatrième trimestre 2023, selon les chiffres publiés ce mardi par l'Insee. Il atteint ainsi 7,5% de la population active en France (hors Mayotte). Au quatrième trimestre, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) augmente de 29.000 par rapport au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes, indique dans un communiqué l'Institut national de la statistique et des études économiques.

Le taux de chômage est supérieur de 0,4 point à son niveau de fin 2022, qui était le plus bas depuis 1982, souligne l'Insee. Il demeure nettement au-dessous de son pic de mi-2015 (10,5%).

« Sur le trimestre, le taux de chômage diminue de 0,2 point pour les 15-24 ans, à 17,5 %, un niveau supérieur à celui d'un an auparavant (+0,6 point), détaille l'Insee sur son site. Pour les 25-49 ans, il augmente de nouveau de 0,2 point sur le trimestre, à 7,0 %, et se situe 0,5 point au-dessus de son niveau d'un an auparavant. »

Enfin, pour les 50 ans ou plus, le taux de chômage est quasi stable sur le trimestre (-0,1 point), à 5%, au même niveau qu'un an auparavant. Le taux de chômage de longue durée (au moins un an) augmente « très légèrement » à 1,8%.

Lire aussiLa promesse de plein emploi s'éloigne, le chômage devrait encore grimper en 2024 selon l'Insee

L'emploi salarié privé stable...

Le « halo autour du chômage », soit les personnes désirant retourner sur le marché de l'emploi - mais qui ne sont pas considérées comme chômeuses par le BIT (chercher effectivement un emploi et être disponible pour en prendre un) - diminue légèrement: 1,9 million de personnes sont concernées (-88.000 par rapport au trimestre précédent et -17 000 sur un an).

Cette publication intervient alors que, la semaine passée, l'Insee avait fait part d'une stabilité de l'emploi salarié privé au quatrième trimestre 2023. Selon l'estimation provisoire, 8.300 emplois (à rapporter à environ 21 millions de salariés du privé), ont été détruits entre fin septembre et fin décembre 2023, soit une stagnation de 0% par rapport au trimestre précédent au cours duquel l'emploi salarié privé s'était quasi-stabilisé à 0,1% (+30.700 emplois).

Avec 113.800 emplois en plus par rapport à un an auparavant (+0,5%), le nombre de créations d'emplois dans le privé en 2023 est trois fois inférieur à celui de 2022 (+346.600 emplois), indique l'Insee.

Lire aussiInflation, croissance, chômage : ce qu'il faut retenir des prévisions de la Banque de France

Ces résultats, qui vont de pair avec une croissance restée atone au quatrième trimestre, « confirment le ralentissement que nous avions prévu pour l'emploi salarié privé qui est stable au dernier trimestre 2023 après deux trimestres de quasi-stabilité », avait indiqué à l'AFP Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'Institut national de la statistique et des études économiques.

... Pour l'instant ?

Après un net dynamisme en 2021 (+0,8% en moyenne par trimestre) et, dans une moindre mesure, en 2022 (+0,3% en moyenne par trimestre), l'emploi salarié a nettement ralenti : +0,3% au premier trimestre 2023 puis +0,1% aux deuxième et troisième trimestres et 0% au quatrième.

Dans sa dernière note de conjoncture en décembre, l'Insee prévoyait que l'emploi resterait stable au quatrième trimestre comme au premier trimestre 2024 puis augmenterait de 0,1% au deuxième trimestre 2024. L'institut doit publier de nouvelles prévisions mi-mars.

Lire aussiL'emploi salarié dans le secteur privé « quasi-stable », selon l'Insee

« Pour l'instant, rien n'indique de net retournement », indique l'expert de l'Insee. Cet avis n'est pas partagé de manière unanime. Pour Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « on est dans une rupture de tendance qui était assez longue. La baisse du chômage et les créations d'emploi ont commencé autour de 2015-2016 et ont été assez continues depuis ».

« Là on est un peu à la fin de cette dynamique avec un début d'inversion. Ce n'est pas un soubresaut », avait-il affirmé, pointant une croissance « extrêmement poussive », des « incertitudes qui restent élevées » et surtout la sortie des dispositifs « importants de soutien à l'emploi » avec notamment la fin du « quoi qu'il en coûte ».

Bientôt un « acte II » de la réforme du marché du travail

Il ne voit pas la situation s'inverser « sauf surprise conjoncturelle ». Dans le détail, l'économiste de l'OFCE avait relevé que l'intérim, « vu comme une variable d'ajustement et un indicateur avancé du cycle, baisse beaucoup ». L'emploi intérimaire recule pour le quatrième trimestre consécutif (-1,6% soit -12.000 emplois).

Lire aussiStartups : ces secteurs de la French Tech qui ont créé le plus d'emplois en 2023

L'exécutif surveille de près le marché de l'emploi, alors que le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a réitéré l'objectif d'atteindre le plein emploi (soit un taux de chômage autour de 5% en 2027 contre 7,4% actuellement), annonçant lors de sa conférence de presse du 16 janvier un « acte II de la réforme du marché du travail ».

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a dit depuis vouloir « aller plus loin dans la réforme de l'assurance chômage » et a prévenu qu'elle serait renégociée en cas de dérive financière, suscitant des inquiétudes chez les syndicats. La numéro un de la CFDT, Marylise Léon, a notamment demandé à l'exécutif de « clarifie(r) ses intentions sur cet acte II de la réforme du marché du travail ».

Lire aussiLe gouvernement Attal attendu au tournant sur l'emploi des seniors

Le président du Medef Patrick Martin, lui, a estimé que « durcir les règles d'indemnisation du chômage ne suffira pas » pour atteindre le plein emploi, plaidant plutôt pour le maintien de la politique de l'offre. La réforme de l'assurance-chômage « est un élément de réponse », a-t-il estimé au micro de BFM Business, la semaine passée, convenant qu'un durcissement des règles d'indemnisation « fera probablement revenir à l'emploi 100.000 à 150.000 chômeurs ». Mais pour lui, « ça ne suffira pas ».

En parallèle, les partenaires sociaux ont entamé fin décembre des négociations relatives notamment à l'emploi des seniors, à la demande du gouvernement qui conditionne son agrément sur l'assurance-chômage à l'aboutissement de ces nouvelles discussions. Ces dernières portent notamment sur la question de l'indemnisation des seniors au chômage, la création d'un compte épargne temps universel (Cetu), les transitions et reconversions professionnelles et l'usure professionnelle. L'objectif est de parvenir d'ici fin mars à un accord.

Outre-Manche, le chômage recule légèrement

Le taux de chômage a légèrement reculé au Royaume-Uni à 3,8% au quatrième trimestre 2023 contre 3,9% entre septembre et novembre, a indiqué l'Office national des statistiques ce mardi. Le repli s'explique par la baisse du nombre des personnes en chômage de longue durée, d'après l'ONS.

Liz McKeown, directrice des statistiques économiques de l'ONS, observe cependant un « nombre historique de personnes en maladie de longue durée » qui ne peuvent pas travailler, ce qui pèse sur le taux d'emploi dans le pays, encore inférieur à son niveau pré-pandémie. L'ONS note que la croissance des salaires hors bonus atteint 6,2% au quatrième trimestre, marquant un ralentissement par rapport aux précédents mois, quand les mouvements sociaux et les négociations salariales face à une inflation très élevée au Royaume-Uni s'étaient traduits par des augmentations de salaires notables.

Mais la hausse des salaires en termes réels continue à grimper, car l'inflation a nettement ralenti ces derniers mois dans le pays, à 4% sur un an en décembre, après avoir flambé à plus de 11% fin 2022. « C'est une bonne nouvelle que les salaires en termes réels soient en hausse pour le sixième mois d'affilée et que le chômage reste faible, mais le travail n'est pas terminé », a commenté le ministre des Finances Jeremy Hunt.

L'ONS note par ailleurs que le nombre d'offres d'emploi entre novembre et janvier atteignait 932.000, en baisse comparé au précédent trimestre. Le nombre d'emplois à pourvoir recule depuis des mois, après s'être envolé après la réouverture de l'économie post-pandémie et à cause de pénuries de travailleurs, ce qui avait contribué à un marché de l'emploi très tendu.

(Avec AFP)