L'engagement d'Emmanuel Macron à faire revenir le plein emploi en France devient de plus en plus difficile à tenir. Empêtrée dans une croissance en panne, la France peine à recréer de l'emploi. Après plusieurs années de baisses consécutives, le taux de chômage devrait augmenter en fin d'année pour s'établir à 7,5% de la population active contre 7,4% au troisième trimestre, prédit l'Insee. Il s'agit certes d'une hausse minime entre les deux trimestres, mais, depuis le début de l'année, elle s'élève tout de même à 0,4 point (7,1%).
Ainsi, pendant près de deux années, la croissance de l'emploi a été plus rapide que celle du PIB. Résultat, la productivité en France et en Europe, c'est-à-dire la richesse créée par l'emploi, a considérablement chuté. Mais cette période semble révolue. Désormais, le rythme des créations d'emplois est redescendu, dans le prolongement de celui de l'activité. Dans ce contexte de croissance atone, le gouvernement cherche donc à trouver la parade en proposant des pistes de libéralisation du marché du travail pour relancer la machine de l'emploi. Mais ces options de flexibilisation pourraient s'avérer insuffisantes pour contrer la remontée du chômage dans une conjoncture particulièrement morose.
Un chômage à 7,6% à mi-2024
Les perspectives pour le premier semestre 2024 ne sont, en effet, guère réjouissantes. Dans le sillage du ralentissement économique, l'Insee table sur un taux de chômage à 7,6% au sens du bureau international du travail (BIT), à la fin du mois de juin prochain. L'économie tricolore devrait continuer de créer des emplois, mais à une cadence bien moins soutenue que lors du rebond post-covid. En 2022 par exemple, plus de 100.000 emplois ont été créés par trimestre en moyenne. Et au cours de l'année 2023, ce rythme s'est brutalement ralenti pour atteindre 26.000 créations au quatrième trimestre. S'agissant des deux premiers trimestres de 2024, seulement 23.000 emplois devraient être créés.
Comment expliquer un tel coup de frein ? L'extinction des aides Covid, mais aussi le durcissement de la politique monétaire de la BCE depuis juillet 2022 conduisant à un essoufflement généralisé de l'économie, ont considérablement assombri les perspectives d'embauches des entreprises. À cela s'ajoute la fermeture progressive des aides sur l'apprentissage. En effet, au moment de la relance de l'économie tricolore, le gouvernement de Jean Castex avait ouvert en grand les vannes des subventions pour l'embauche d'apprentis dans les entreprises du secteur privé. Mais le gouvernement a décidé depuis de serrer la vis sur ces leviers.
La réforme des retraites fait bondir la population active
Cette hausse du chômage est également l'un des effets attendus de la réforme décriée des retraites. L'entrée en vigueur du recul de l'âge de la retraite de 62 ans à 64 ans depuis le premier septembre a fait bondir la population active. « Au quatrième trimestre 2023 et au premier semestre 2024, principalement sous l'effet de la réforme des retraites, la population active continuerait d'augmenter », souligne l'Insee dans sa note de conjoncture.
En effet, beaucoup de seniors qui avaient prévu de liquider leurs droits à la retraite dans les prochains mois se retrouvent désormais dans les statistiques de Pôle emploi et du chômage. À ceux-là vont bientôt s'ajouter les bénéficiaires du RSA qui vont être comptabilisés dans les fichiers du futur opérateur France Travail à partir de janvier prochain. Dans le contexte d'une croissance morose, ces inscriptions pourraient anéantir les rêves de plein emploi du gouvernement.