Le temps politique comme suspendu par l'union nationale

POLITISCOPE. L'assassinat du professeur Samuel Paty a sidéré le pays et mis entre parenthèses le débat politique au nom de l'unité de la nation. Et même la perspective des élections régionales et présidentielle n'arrive pas à susciter une véritable dynamique politique tant les incertitudes sanitaires et économiques pèsent sur l'avenir.
Hommage de la nation à Samuel Paty dans la cour de la Sorbonne.
Hommage de la nation à Samuel Paty dans la cour de la Sorbonne. (Crédits : Reuters)

Au tout début de l'année, Emmanuel Macron avait envisagé constituer un gouvernement « d'union nationale ». Après des mois de mobilisation des gilets jaunes et des salariés contre les projets du gouvernement sur les retraites, le président tentait, de cette manière, de reprendre la main. C'était il y a une éternité. Depuis, la pandémie de covid 19 a déferlé sur le monde entier, l'Europe subit désormais la « deuxième vague » du virus, et la France est de nouveau confrontée au terrorisme.

Si Emmanuel Macron n'a finalement pas réussi à constituer un gouvernement d'union, le président bénéficie ces derniers jours d'un sentiment national renouvelé. Face à l'horreur, le pays semble de nouveau faire bloc autour de l'exécutif. Du moins, les forces politiques traditionnelles semblent mettre en sourdine leurs critiques à l'égard du pouvoir. Au point que même des députés de la France Insoumise ont tenu à saluer le discours présidentiel d'hommage au professeur assassiné Samuel Paty.

De fait, le temps politique est comme suspendu par l'union nationale. On préfère remettre à plus tard les divergences de fond, les oppositions idéologiques. Le pays n'est pas encore totalement confiné (espérons qu'on y échappera !), mais le théâtre de la politique semble comme tourner au ralenti. Sur les plateaux télé des chaînes d'info, les experts du covid 19 et les professeurs de médecine trustent désormais les prises de parole, les journalistes politiques se retrouvent au chômage technique. Voilà pour la scène qui se déroule sous nos yeux. Quand la politique surgit, elle nous vient de l'actuelle campagne présidentielle américaine. Le monde n'est donc pas uniquement suspendu au covid 19, il l'est aussi à Donald Trump. Réussira-t-il à se maintenir à la Maison blanche ?

La gauche en manque d'incarnation

En France justement, l'élection présidentielle approche à grands pas. Jean Luc Mélenchon a récemment confié à la journaliste Ruth Elkrief qu'il annoncera son intention d'y aller (ou non) en... novembre. De l'autre coté de l'arc politique, Marine Le Pen a de plus en plus de mal à cacher ses ambitions. En dehors de ces deux poids lourds habitués aux joutes présidentielles, bien peu de (potentiels) candidats se bousculent au portillon. À gauche, aucune figure n'émerge, encore moins une alternative politique. Malgré leurs bons résultats aux dernières municipales, les socialistes semblent bien esseulés. Si François Hollande a de nouveau pris la parole, rares sont ceux qui le voient comme un recours crédible, son ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve n'a pas réussi à s'installer non plus, d'autres essaient de convaincre Christiane Taubira de tenter l'aventure, comme d'autres encore militent pour qu'Anne Hidalgo se lance dans la bataille... « Ce n'est pas à son programme », assure pourtant un de ses proches. Bref, la gauche est en manque d'incarnation tandis que les écolos s'enferment déjà dans d'innombrables luttes intestines.

À droite, le paysage est globalement identique. L'un des favoris, François Baroin, aurait mème officialisé auprès de ses troupes son renoncement à la présidentielle. D'autres imaginent avoir trouvé l'anti Macron en la personne du général Pierre de Villiers (un homme d'ordre, de l'ancien monde, un brin boy scout) qui a eu les honneurs de Paris Match alors qu'il sort un nouveau livre. De son coté, Nicolas Sarkozy ne désespère pas réussir un come back malgré ses ennuis judiciaires. Finalement, seul Xavier Bertrand semble se préparer patiemment, rencontrant à tour de bras, notamment des patrons, petits et grands. Le président des Hauts de France est pourtant suspendu à sa réélection... Son lancement dans l'arène n'est donc pas pour demain.

Dystopie globale

Alors que le monde entier s'enfonce chaque jour un peu plus dans une dystopie globale (avec une économie mondiale qui n'est pas prête à redémarrer), ce ralentissement du temps politique n'est pas là pour éclaircir l'horizon. Selon certains macronistes, le président n'aurait pas abandonné son idée initiale de reculer l'organisation des élections régionales. Une décision qui serait pourtant à double tranchant, tellement la colère gronde dans le pays. Une chose est sûre : Emmanuel Macron cherche à gagner du temps.

D'autant qu'il n'est pas encore acquis que le président sera candidat à sa réélection. « Au sein de la macronie, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir conscience que le président sera peut être empêché », nous souffle un macroniste. « Empêché ». Le mot tabou est lâché. Étrange alors qu'aucune alternative sérieuse n'apparait pour l'heure. Et si Emmanuel Macron était « empêché » par les circonstances ? En attendant que le chef de l'Etat ne se prononce, lui aussi, sur ses intentions, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe apparait dans la macronie comme un recours possible : « Et vous avez vu ? Le président semble le croire aussi, tellement il veille à ce que son ancien Premier ministre conserve une fonction dans la majorité », ajoute notre confident. Ainsi, Philippe a pour mission de réfléchir à cette « maison commune » souhaitée par Macron. Manière élégante et habile de lui permettre de reprendre le flambeau en cas d'empêchement effectif ?

Commentaires 6
à écrit le 26/10/2020 à 9:14
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Loin d'être une "union nationale" derrière un gouvernement et son président c'est plutôt une "unité nationale" qui se construit face aux divisions que l'on nous impose!

à écrit le 25/10/2020 à 19:34
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Il n'y a aucune union nationale actuellement, mais une consternation nationale sur l'état de la France et de son pouvoir faible et corrompu, (cf le remdesivir de Gilead). La crise sanitaire est utilisée par les voyous au pouvoir pour se barricader de...

à écrit le 25/10/2020 à 11:22
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Il y a du racisme anti-français sur notre propre territoire. Les politiques demandent aux français d'accepter des "coutumes" venues d'ailleurs, incompatibles avec un Etat de droit, laïque, et aux antipodes de la culture dans laquelle la population a...

à écrit le 24/10/2020 à 17:03
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Loin d'être une "union nationale" derrière le gouvernement et son président, c'est plutôt une "unité nationale" qui se construit face aux divisions que l'on nous impose!

à écrit le 23/10/2020 à 17:51
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Union du pays contre l'islamisme et en hommage à Samuel Paty : d'accord ! Union du pays en soutien au "droit au blasphème" : PAS D'ACCORD ! Le MEM (Ministère de l'Éducation Maçonnique) et l'ensemble de l'appareil d'État doivent changer d'attitude, ...

à écrit le 23/10/2020 à 14:26
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Loin d'être une "union nationale" derrière le gouvernement et son président c'est plutôt une "unité nationale" qui se construit face aux divisions que l'on nous impose!

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