Législatives : Mélenchon compte affronter Patrick Mennucci (PS) à Marseille

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  765  mots
Ayant raté l'accession au second tour d'environ 619.000 voix, Jean-Luc Mélenchon est tout de même arrivé en tête dans de nombreuses communes et même dans certaines grandes villes, lui offrant l'embarras du choix.
Arrivé premier à Marseille lors du premier tour de la présidentielle, le leader de la France insoumise envisage cette option pour présenter sa candidature aux législatives de juin.

[Article publié le 10/05/2017 à 10h01, mis à jour à 18h04]

Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a déclaré ce mercredi matin au micro de Bourdin Direct sur RMC-BFM TV qu'il sera candidat aux législatives au mois de juin. Le comité d'animation du mouvement a décidé que "je dois l'être", a confié le député européen.

"Les amis ont dit : 'Ecoute. Tu ne peux pas aller dire aux gens 'nous repartons à la bataille, nous allons être majoritaire à l'élection législative', puis tout le monde y est sauf toi'", a relaté Jean-Luc Mélenchon. "On m'a dit ça ne tient pas debout, donc il faut y aller."

Ayant raté l'accession au second tour d'environ 619.000 voix, Jean-Luc Mélenchon est tout de même arrivé en tête dans de nombreuses communes et même dans certaines grandes villes, lui offrant l'embarras du choix. "Restent dans la courte liste deux ou trois villes en France et en particulier la ville de Marseille", a -t-il précisé au micro de Bourdin Direct. Il faut dire qu'au premier tour le 23 avril, le candidat de LFI est arrivé premier dans la cité phocéenne avec 24,8% des suffrages, devant Marine Le Pen (23,7%) et Emmanuel Macron (20,4%). Si la chose n'est pas faite, sa candidature dans une circonscription marseillaise "est assez probable", a-t-il poursuivi.

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Affronter le député sortant Patrick Mennucci

Jean-Luc Mélenchon a confirmé son choix dans une lettre interne au mouvement, consultée par Le Monde. Dans ce document, le leader de LFI explique vouloir se présenter dans la quatrième circonscription de Marseille, dont le député actuel est le socialiste Patrick Mennucci, lieutenant de Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007.

"J'ai besoin pour mener ce combat de l'appui de tous et de toutes dans toute la ville", nuance Jean-Luc Mélenchon dans la lettre. Le leader des insoumis attend la confirmation des comités locaux qui doivent se réunir ce mercredi dans certains quartiers de la ville, rappelle Le Monde.

L'idée n'a pas enchanté le député PS sortant, qui a réagi à la nouvelle sans ménagement via Facebook, rapporte Libération. En se présentant dans une circonscription dans laquelle l'extrême-droite, comme la droite, n'ont aucune chance de l'emporter, Jean-Luc Mélenchon de ne rechercher que "le combat gauche contre gauche", estime Patrick Mennucci.

"En l'espace de huit ans [Jean-Luc Mélenchon] fut sénateur de l'Essonne, député européen du sud-ouest, candidat aux législatives dans le Nord et maintenant candidat dans les Bouches-du-Rhône. A ce niveau ce n'est plus un homme politique mais bien un nomade électoral. [...] C'est une reproduction en pire de la vieille politique", conclut le député PS.

"Pierre Laurent ment"

L'enjeu de ces législatives est aussi de savoir comment LFI va parvenir à s'entendre avec les autres formations à la gauche de la gauche. Divisés, ils risquent de faire bande à part dans une élection où LR, le FN et la République en marche (REM) ont tout autant de chances de réaliser de bons scores.

Jean-Luc Mélenchon est accusé ces derniers jours de fermer la porte à ses potentiels alliés, en particulier le Parti communiste français (PCF). Son secrétaire national, Pierre Laurent, a donné une conférence de presse mardi, lors de laquelle il a renouvelé "avec gravité et colère [son] appel à la France insoumise pour que [ils aillent], non dans quelques circonscriptions, mais le plus largement et nationalement possible à la bataille sous un bannière commune".

Or, selon les dires de Jean-Luc Mélenchon ce mercredi matin sur RMC, les deux partis, alors en pleines négociations, s'étaient accordées pour ne pas parler à la presse avant d'avoir seller un accord. D'où la réaction instantanée mardi de son ex-directeur de campagne, Manuel Bompard qui, dans un communiqué, acte que "Pierre Laurent a décidé de rompre les discussions sur les candidatures aux élections législatives". Ce matin, le leader du PCF a rejeté la faute sur LFI : "Je regrette profondément le refus des dirigeants nationaux de France insoumise" de s'entendre sur les élections législatives, a-t-il déclaré, dans un communiqué.

"Pierre Laurent ment et il a sacrifié ses camarades", rajoute par-dessus cette polémique Jean-Luc Mélenchon sur RMC. "Je ne bloque d'aucune façon [...] nous avons investi 10 communistes, nous avons investi plusieurs Europe écologie-Les Verts..." Dans cette histoire, chacun renvoie la faute sur l'autre, mais ces bisbilles pourraient leur coûter cher.