Le rythme des créations d'emplois ralentit. Après une envolée des embauches au moment du déconfinement au printemps, le dynamisme du secteur privé s'essouffle. D'après les données de l'Insee dévoilées vendredi 5 novembre, l'emploi salarié dans le secteur marchand a augmenté de 0,5% (93.000 emplois) au cours du troisième trimestre contre 1,4% au deuxième trimestre (265.000 emplois) et 0,8% au premier trimestre (153.000 emplois). Avec trois hausses consécutives, le niveau de l'emploi à la fin du mois de septembre dépasse son niveau d'avant-crise de près de 1%, soit 185.000 emplois.
De plus, la croissance économique attendue à plus de 6% en 2021 par la plupart des instituts de prévision devrait retomber aux alentours de 4% en 2022 si la situation sanitaire ne se détériore pas à nouveau comme en Allemagne frappée par une vague importante de contaminations. "Les tensions sur l'économie ont basculé. Les services marchands ont globalement retrouvé leur niveau d'avant-crise. En revanche, l'industrie manufacturière se retrouve bridée par un certain nombre de pénuries et de difficultés d'approvisionnement", a déclaré le chef du département de la conjoncture de l'Insee, Julien Pouget, lors d'une table ronde à l'Assemblée nationale la semaine dernière. Ces créations d'emplois en ordre dispersé illustrent une reprise économique à plusieurs vitesse entre les services et l'industrie.
Le tertiaire marchand en bonne forme
Les créations d'emplois dans les services marchands ont été particulièrement dynamiques depuis le début de l'année avec 246.000 embauches au cours du second trimestre et 97.000 au troisième trimestre. La réouverture de nombreux secteurs à forte interaction sociale à la suite du confinement d'avril a dopé le marché du travail. L'hôtellerie et la restauration, le tourisme, l'événementiel longtemps restés empêtrés dans une crise sanitaire à rallonge ont embauché à tours de bras au cours de l'été.
Résultat, le niveau d'emploi dans les services marchands a dépassé le niveau de fin 2019 (+110.000). La construction a également multiplié les recrutements (42.000 au troisième trimestre) pour passer au dessus de son niveau d'avant-crise même si la pandémie a également fait trembler le secteur et paralysé de nombreux chantiers.
L'industrie dans le rouge
En revanche, le tableau est beaucoup plus sombre dans le secteur manufacturier. Si les chefs d'industrie ont embauché au cours du troisième trimestre (4.600), le niveau d'emploi est encore bien inférieur à la période pré-pandémie (-45.000). Des grands groupes ont dû stopper les chaînes de production pendant les premiers confinements. A cela s'ajoutent les difficultés d'approvisionnement et la flambée des prix de l'énergie et des matières premières qui bousculent de nombreux industriels en France. Dans l'agriculture, l'emploi n'a pas non plus retrouvé son niveau de fin 2019.
"Au troisième trimestre, l'industrie reste en dessous de son niveau d'avant-crise. Les difficultés d'offre et d'approvisionnement sont au plus haut depuis le début que les séries existent, c'est à dire une trentaine d'années. En revanche, les difficultés de demandes sont au plus bas. Les stocks sont au plus bas dans certains secteurs comme l'automobile", a ajouté Julien Pouget.
Compte tenu du poids de l'industrie dans l'économie tricolore, ces problèmes ne devraient pas énormément peser sur la croissance du produit intérieur brut dans les semaines à venir. En revanche, l'industrie du Made in France pourrait bien mettre plusieurs années à se remettre des effets à retardement de la pandémie sur les lignes de fabrication.