Le nombre de créations d'entreprises bat des records

Par Grégoire Normand  |   |  708  mots
Il s'est créé presqu'autant de micro-entreprises (33.237) que d'entreprises classiques (33.878). (Crédits : GONZALO FUENTES)
Le mois dernier, 67.115 entreprises ont été immatriculées en janvier, soit une hausse de 13,8% sur un mois, après une augmentation de 0,6% en décembre et une baisse de 5,4% en novembre.

L'entrepreunariat reste toujours dynamique en France. Après avoir connu une inflexion en novembre 2018, le nombre de créations d'entreprises a décollé en janvier. D'après les chiffres de l'Insee publiés ce vendredi 15 février, elles ont augmenté de 13,8% contre 0,6% en décembre. Ainsi, 67.115 immatriculations d'entreprises ont été enregistrées en janvier contre 58.953 le mois d'avant. Un chiffre qui constitue un record depuis le début des années 2000 selon les données de l'institut de statistiques corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables. En glissement annuel, la hausse s'élève à 17%.

Le boom des micro-entreprises

Cette forte hausse des créations est principalement portée par la dynamique des micro-entreprises. 33.237 entreprises de ce type ont été recensées durant le premier mois de l'année contre 26.497 en décembre, soit une augmentation de plus de 25%. La micro-entreprise est une notion utilisée spécifiquement par l'Insee. C'est "une entreprise occupant moins de 10 personnes, et qui a un chiffre d'affaires annuel ou un total de bilan n'excédant pas 2 millions d'euros". Cette notion diffère de "celle du régime fiscal de la micro-entreprise et ne s'apparente pas non plus au statut de micro-entrepreneur, appelé auto-entrepreneur avant le 19 décembre 2014" précise l'organisme.

Du côté des entreprises classiques, les services de l'Insee signalent que 33.878 sociétés classiques ont été comptabilisées contre 32.456 en décembre. Sur le total des immatriculations déposées, la part des des micro-entreprises (45%) est largement supérieure à celles des formes sociétaires (28,8%) ou des entreprises individuelles classiques (26,1%). La proportion des micro-entreprises augmente pour le quinzième mois consécutif et témoigne ainsi du succès de ce statut.

En revanche, la faible pérennité de ce type d'entreprise met en exergue la fragilité de ce modèle. Dans une enquête publiée à l'automne 2017, les économistes de l'Insee soulignaient que sur 100 auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2010, 38 n'ont jamais été actifs et leur radiation a été prononcée tandis que 62 ont effectivement démarré une activité économique. Parmi ces derniers, 39 ont cessé leur activité en tant qu'auto-entrepreneur et 23 sont toujours actifs sous ce régime cinq ans après.

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Une hausse partagée par tous les secteurs

Cette dynamique peut s'expliquer par une hausse des créations sur l'ensemble des secteurs. Sur un an, l'augmentation la plus marquée concerne les transports et l'entreposage (23,4%). Viennent ensuite les services aux ménages (20,1%) et les activités immobilières. Parmi les hausses les moins prononcées, figurent les activités financières et d'assurance (5,4%) ou l'enseignement, santé et l'action sociale (6,8%).

Des créateurs qui cherchent à mettre en place leur propre emploi

Si les derniers chiffres de la démographie d'entreprises peuvent paraître favorables, ces statistiques ne révèlent pas les difficultés des personnes qui sont à l'origine de ces créations. Dans une enquête publiée en juin dernier, l'Insee expliquait que la frontière entre le salariat et l'entrepreneuriat s'estompait et que pour "les personnes exclues du marché du travail ou les jeunes qui y entrent, le régime de l'auto-entrepreneur offre une possibilité d'accéder à une activité rémunérée, qui a les traits de l'entrepreneuriat classique mais peut s'accompagner d'un lien de dépendance proche du salariat." Cette porosité entre les deux statuts fait régulièrement polémique avec l'existence d'une forme de salariat déguisé à l'heure des plateformes numériques.

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Dans un arrêt rendu en janvier, la cour d'appel de Paris a signalé que le lien qui unissait un ancien chauffeur indépendant à la plateforme de réservation en ligne Uber est bien un "contrat de travail". Elle détaille "un faisceau suffisant d'indices" qui caractérise selon elle "le lien de subordination" liant le chauffeur à la plateforme et renvoie donc le dossier aux prud'hommes. Plus récemment, le donseil des prud'hommes de Nice a ordonné l'indemnisation de six coursiers à vélo de la start-up d'origine belge Take Eat Easy qui les rémunérait comme travailleurs indépendants inscrits au régime de l'auto-entreprise, au lieu de les salarier.