Michel Charasse, indéfectible fidèle de Mitterrand et socialiste atypique, est décédé à l'âge de 78 ans

Auvergnat tout en rondeur, truculent et provocateur, Michel Charasse a longtemps été le conseiller ès-Constitution de François Mitterrand à l’Élysée et s'enorgueillissait de n'avoir "pendant quatorze ans fait faire aucune erreur constitutionnelle au président". Parfois controversé, soupçonné de proximité avec la droite dans son camp, sa popularité à gauche avait pris un sérieux coup après sa rencontre de 2007 avec Nicolas Sarkozy. Il est décédé cette nuit à l'âge de 78 ans dans le Puy-de-Dôme dans la ville dont il avait été le maire pendant 33 ans.
Michel Charasse, ex-ministre du président Mitterrand, membre du Conseil constitutionnel. (Photo prise le 13 janvier 2012 au sortir de l'Élysée.)
Michel Charasse, ex-ministre du président Mitterrand, membre du Conseil constitutionnel. (Photo prise le 13 janvier 2012 au sortir de l'Élysée.) (Crédits : Reuters)

Havane au bec, truculent et provocateur, l'ancien ministre Michel Charasse, décédé à 78 ans, était un socialiste atypique avec de solides amitiés à droite, et le gardien sans faille de la mémoire mitterrandienne.

Une archive de l'INA, qui lui rend hommage à sa façon avec ce court extrait d'un reportage télévisé de 1984, donne un aperçu de son tempérament :

C'est la mairie de Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme), dont il a été maire de 1977 à 2010, qui a annoncé son décès des suites d'une longue maladie dans la nuit de jeudi à vendredi à l'hôpital de Clermont-Ferrand. La classe politique a aussitôt rendu hommage à cet "esprit brillant", "un homme entier et fidèle".

"La République pleure ce jour un de ses serviteurs les plus passionnés", a réagi Emmanuel Macron, qui le consultait de temps à autres et lui avait rendu visite en octobre 2019 à l'hôpital où il était soigné.

"L'esprit de ses combats, la force de son engagement ne nous quitteront pas", a encore écrit sur Twitter le chef de l'État qui, en janvier, avait remis les insignes d'officier de la Légion d'honneur à l'ancien ministre du budget (1988-1992).

Le nom de Michel Charasse, longtemps sénateur et qui a siégé de 2010 à 2019 au Conseil constitutionnel, reste attaché à la présidence de François Mitterrand, dont il a été le conseiller et l'un des fidèles bien après la disparition de l'ex-chef de l'Etat.

Vieux routier du socialisme, il avait adhéré à la SFIO en 1962 et avait été exclu du PS en 2008, quelques mois après avoir reçu entre les deux tours de la présidentielle de 2007, le candidat de la droite Nicolas Sarkozy dans sa mairie de Puy-Guillaume.

"Amendement Coluche" et "Restos du coeur"

Né le 8 juillet 1941 à Chamalières (Puy-de-Dôme), licencié en droit et diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il obtient son premier mandat électif en 1977 comme maire de Puy-Guillaume.

Il siège ensuite au Sénat, de 1981 à son entrée dans le gouvernement Rocard comme ministre du budget. Bretelles et lunettes rondes, il doit alors une partie de sa popularité à son soutien, en 1988, à l'"amendement Coluche" qui permettait d'assurer un meilleur financement des "Restos du coeur".

En 1992, il retrouve le Palais du Luxembourg et cumule les mandats de sénateur, maire et conseiller général du Puy-de-Dôme.

Une "fidélité éternelle" à Mitterrand dont il était l'éminence grise

Auvergnat tout en rondeur, il a longtemps été le conseiller ès-Constitution de François Mitterrand à l'Élysée et s'enorgueillissait de n'avoir "pendant quatorze ans fait faire aucune erreur constitutionnelle au président".

Parfois controversé, soupçonné de proximité avec la droite dans son camp, notamment avec Brice Hortefeux, Auvergnat comme lui, sa popularité à gauche avait pris un sérieux coup après sa rencontre de 2007 avec Nicolas Sarkozy. "J'ai beaucoup d'amitié pour Michel Charasse depuis longtemps", affirmait alors le futur président.

Mais l'ex-ministre réservait sa "fidélité éternelle" à François Mitterrand, qui appréciait son humour et son franc-parler.

Éminence grise et confident du président défunt, il l'a sans relâche défendu contre toute attaque posthume. Michel Rocard, qui avait osé en 1998 mettre en doute l'honnêteté de l'ancien président, s'était vu qualifier de "petit gris, fripé, triste et raté !"

Vice-président de l'institut François Mitterrand, il confiait penser très souvent à l'ancien chef de l'État : "Je rêve qu'il me parle."

Hommages dans le monde politique

Le Premier ministre Édouard Philippe a salué vendredi un "esprit brillant, juriste inventif" et son "sens de la formule rare".

Nous perdons "une personnalité et un ami d'une énergie et d'une science de l'amitié sans pareille", a réagi le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius.

Réaction toute en retenue du premier secrétaire du PS, Olivier Faure :

"Michel Charasse a marqué de sa personnalité la présidence de François Mitterrand dont il fut un témoin, un acteur et la mémoire jusque dans ses dernières heures."

Xavier Bertrand, ex-ministre et président de la région Hauts-de-France, a twetté également un hommage appuyé  :

"De toutes façons, fumeurs ou pas, on va tous mourir !"

Amateur de cigares, il avait fini par obtempérer lorsque l'interdiction du tabac dans les lieux publics était entrée en vigueur début 2007 : "De toutes façons, fumeurs ou non fumeurs, on va tous mourir !"

Michel Charasse rappelait à l'envi son amour de la République et de la laïcité, toujours prêt à ferrailler s'il les estimait menacées.

Par Céline Castella, avec Dominique Chabrol, à Paris (AFP)

Commentaires 12
à écrit le 23/02/2020 à 12:02
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Un grossier personnage, méprisant, arrogant et parvenu...

à écrit le 22/02/2020 à 5:29
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Pas de regrets pour ces gens là...

à écrit le 22/02/2020 à 3:41
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Mouai... un franc mac qui a bien servi sa secte.

à écrit le 21/02/2020 à 23:06
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"Pas de pièces, pas de contrôles" Croquignol, Filochard et Ribouldingue réunis dans la même personne

à écrit le 21/02/2020 à 18:36
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Un homme droit, de conviction, c'est toujours dommage quand ils partent !

à écrit le 21/02/2020 à 18:36
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Un homme droit, de conviction, c'est toujours dommage quand ils partent !

à écrit le 21/02/2020 à 17:57
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Un grand serviteur de l’État....truculent et brillant, toujours fidèle à ses racines auvergnates...

à écrit le 21/02/2020 à 17:20
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un gars qui arrive a sortir ' mamere noel est une ordure' ne peut que meriter le respect dans la tolerance, comme on dit chez les baveux moralistes

à écrit le 21/02/2020 à 17:20
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Personnalité assez controversée du temps des années mitterand . En 2020 il décède et c'est un concert de louanges dont pas mal de langue de bois . Le jour ou les politiques s'affranchiront de cette langue , ils gagneront en crédibilité et électeurs ...

à écrit le 21/02/2020 à 16:05
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"Parfois controversé, soupçonné de proximité avec la droite dans son camp" Effectivement , car après l'élection présidentielle de 2002, il apporte son soutien à la réforme Fillon sur le régime des retraites et est aussi favorable au travail le dim...

à écrit le 21/02/2020 à 15:25
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il était socialiste comme macron ? C'était un aristocrate républicain.

à écrit le 21/02/2020 à 14:44
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Mauvais timing du fait des hommages rendus par nos LREM, pas de bol. Mais bon au final tout ces politiciens n'ont que ce qu’ils méritent et je ne parle pas de la mort hein, mais d'hommages rendus par d'autres politiciens encore plus discrédités. ...

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