Municipales : les communes "GAGNANTES" de la dynamique démographique

Dans le classement que nous avons établi, les trois villes qui arrivent sur le podium sont Nantes, Montreuil et Toulon. Viennent ensuite Montpellier et Toulouse.
Le renouveau de la métropole Toulon Provence Méditerranée est notamment bénéfique en matière d'emplois.
Le renouveau de la métropole Toulon Provence Méditerranée est notamment bénéfique en matière d'emplois. (Crédits : iStock)

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NANTES

Une attractivité aux multiples enjeux

Devenue la ville la plus attractive de France, Nantes doit désormais réguler les effets de sa croissance dans un environnement devenu plus sensible aux phénomènes sociaux et climatiques.

Dans les années 1990, on appelait ça l'« effet côte ouest », subtile campagne de communication municipale destinée à faire croire aux Parisiens qu'ils pourraient aller plonger une tête dans l'océan à la sortie du boulot... Le ministère des Affaires étrangères, les services informatiques de la Poste et d'autres s'y sont délocalisés et ont montré la voie.

Jusqu'à ce que Nantes, surnommée « la Belle Endormie » au lendemain de la désindustrialisation, s'affiche comme « la ville où il fait bon vivre » dans de nombreux palmarès. Après un déclin de sa population dans les années 1970, la ville a gagné quelque 60.000 habitants en trente ans. En 2017, sa population atteignait 309.346 habitants, soit 16.628 personnes de plus que lors du précédent recensement en 2013, faisant de Nantes la ville plus attractive de France avec une croissance de 5,68 %.

Un fort taux de natalité

Faut-il y voir un effet des politiques publiques ?

« Ce n'est pas les petits bras des politiques publiques qui génèrent des flux de population aussi importants. J'y vois plutôt un effet de la démographie mondiale, une conséquence des dynamiques économique et sociale nationales et des politiques de métropolisation. Ce n'est pas une spécificité nantaise. Nantes n'a fait qu'accompagner cette croissance. Si les gens viennent, ici, c'est qu'ils ont un projet de vie », analyse Hervé Patureau, directeur planification territoriale, habitat et démographie de l'Agence d'urbanisme de la région nantaise (Auran).

« Historiquement, Nantes a toujours connu un fort taux de natalité. Quand 16.000 personnes arrivent chaque année en Loire-Atlantique, 8.500 habitants s'installent sur la métropole, mais 45% sont liés au solde naturel et 55% aux effets migratoires. Les politiques publiques se sont plutôt concentrées sur l'accompagnement de l'augmentation de la population et la régulation des effets négatifs d'une demande croissante », ajoute-t-il.

Des voix divergentes

Appuyée sur une économie diversifiée autour de l'industrie (aéronautique, navale, agroalimentaire...), du tourisme et des services, Nantes a su tirer son épingle du jeu en affichant un taux de chômage passé sous la barre des 7 % en 2019. Là encore, un des meilleurs résultats hexagonaux.

Avec toutefois de fortes disparités d'un quartier à l'autre. Élue capitale verte de
l'Europe en 2013, capitale de l'innovation en 2019, Nantes s'est engagée à construire 6.000 logements par an, dont 30% de logements sociaux, pour répondre à des demandes qui « s'expriment dans toutes les tranches d'âge » sur un marché de l'immobilier particulièrement tendu.

Dépossédée de son projet d'aéroport, terrain de nombreuses et violentes revendications, Nantes voit aussi s'élever des voix, de l'extrême gauche surtout, des écologistes bien sûr, mais aussi, plus surprenant, des rangs de la chambre de commerce et d'industrie pour dénoncer ou temporiser une attractivité montrée du doigt.

Frédéric Thual, à Nantes

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TOULON

La transformation urbaine, le vecteur de développement qui porte


Classée parmi les villes les plus attractives en termes de population, la capitale
de la métropole varoise récolte les fruits d'une stratégie de renouvellement urbanistique qui ne fait pas que transformer la ville d'un point de vue architectural. Elle distille aussi la confiance chez les entrepreneurs et les étudiants.

Longtemps perçue comme la ville du milieu, prise entre Marseille à l'ouest et
Nice à l'est, Toulon a pris le temps de se forger sa propre ambition. Devenue métropole depuis un peu plus de deux ans, la cité qu'administre Hubert Falco a remis à plat son urbanisme, entraînant Toulon dans une sorte d'ère de renouveau qui est, évidemment, bénéfique.

Pas seulement pour son « image », mais aussi et surtout pour son économie. La création de l'écoquartier Chalucet, soit 3,5 hectares posés en plein centreville,
résume sans doute le mieux la stratégie : central, il comprend une Maison de la créativité - Kedge BS et l'école d'architecture Camondo s'y installent - une médiathèque de 5.000 mètres carrés, un jardin agrandi...

Ou comment faire du neuf avec de l'ancien en le mâtinant de nouvelles technologies. Sur ce sujet du numérique, le projet XL DataCenter, du nom du porteur - privé - du
projet qui comprend aussi un hôtel d'entreprise et génère un investissement de 3 millions d'euros, en rajoute une couche sur la capacité de Toulon à être forte en thème dans ce secteur.

Innovation et dynamisme

On rappellera que TVT Innovation, devenue, depuis le passage à l'heure métropolitaine, agence de développement économique, alors qu'elle a toujours été le totem de l'innovation, avant même que le concept French Tech existe, en dit long sur
le positionnement précurseur de la cité. Qui est longtemps restée discrète. Trop sans doute.

La mer est son autre plus-value, la présence de Naval Group étant une locomotive attractive elle aussi en termes d'innovation et même d'open innovation, les start-up et PME trouvant avec le grand groupe un terrain d'expérimentation multiple. Un ensemble de changements qui séduit suffisamment les entrepreneurs pour que ces derniers n'aient pas de velléités d'ailleurs.

Signe à considérer: le nombre d'emplois a progressé de 7 % et le nombre d'actifs de 16,3 % en quinze ans. Le nombre d'étudiants, futures forces vives, enregistre une croissance de 10,5 % en quatre ans. Ceci expliquant sans doute cela.

Laurence Bottero, Région Sud

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MONTPELLIER

Du soleil, des étudiants et des retraités

Au 1er janvier 2017, la population municipale de Montpellier comptait 285.121 habitants, contre 272.084 au 1er janvier 2013. Soit une augmentation de 4,79 % et 13.037 habitants supplémentaires (3 260 par an). La ville enregistre ainsi la quatrième plus forte poussée démographique de France sur cette période. Fin 2017, elle s'est hissée au septième rang national (devant Strasbourg).

Ce phénomène démographique est une constante, notamment depuis l'après-guerre. Ce qui a fait accourir les néo-Montpelliérains dans la métropole languedocienne ? Le raccourci le plus facile est « le soleil » et la qualité de vie qu'on y rattache. Même s'il est un argument, la réalité de son attractivité n'est pas officiellement quantifiée par la statistique.

L'Insee note, en revanche, que le solde naturel (0,8 % par an) y est deux fois plus fort
que le solde migratoire (0,4 %) car Montpellier est une ville jeune. Son attractivité repose surtout sur les étudiants (70.000 aujourd'hui). La commune figure aussi, et depuis longtemps, parmi les grandes villes attirant le plus les retraités, notamment en raison de la proximité du littoral : les 60-74 ans pèsent 11,7 % de la population, et les 75 ans et plus, 7,1 %.

Chômage et crise du logement

La ville affiche un paradoxe: une forte croissance de l'emploi (+ 4,4 % entre 2011 et 2016, contre + 1,9 % en France) - surtout de l'emploi présentiel - grâce à cette dynamique démographique, mais un taux de chômage de 11,3 % (3e trimestre 2019 selon l'Insee), chaque nouvel arrivant peinant à s'insérer professionnellement sur ce territoire peu industrialisé...

Montpellier est hérissée de grues, le BTP et l'immobilier étant des secteurs clés de l'économie locale. Peinant à loger tous ses habitants, la ville a grignoté sur la campagne pour bâtir de nouveaux quartiers. Mais la métropole est celle où l'offre commerciale de logements neufs est tombée le plus bas en 2019 : 1.672 logements, soit 7,6 mois de stock théorique.

Selon les projections de l'Insee, la métropole de Montpellier (441.000 habitants) pourrait compter entre 569.000 et 585.000 habitants en 2040.

Cécile Chaigneau, à Montpellier

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TOULOUSE

Attention au revers de la médaille


La Ville Rose connaît un important dynamisme démographique ces dernières années en raison de son tissu économique. Néanmoins, des ombres apparaissent au tableau.

Sur les grandes villes françaises, Toulouse est la championne en matière de croissance démographique. D'après les chiffres de l'Insee, sa population au 1er janvier 2017 est évaluée à 479.553 habitants. Pour en arriver là, elle a accueilli en moyenne chaque année pas moins de 5.200 néo-Toulousains, soit une croissance moyenne de + 1,1 % selon l'institut de statistiques.

Ce dynamisme fait croire à certains que la cité connue pour sa grande place du Capitole pourrait devenir prochainement la troisième ville de France, au détriment de Lyon (522.679 habitants à même date).

« Cette progression démographique record s'explique par la vitalité économique de notre territoire, la créativité et la capacité d'innovation des
Toulousains », commente le maire sortant de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

Il est vrai que la majorité des nouveaux arrivants sur le territoire communal sont avant tout des étudiants et des actifs. Pour l'expliquer, il faut tout d'abord rappeler que Toulouse est considérée comme la capitale européenne, voire mondiale, de l'aéronautique et du spatial. La commune et son agglomération réunissent les grands donneurs d'ordre des deux secteurs (comme Airbus, Safran, Latécoère, ATR, Thales) et génèrent autour d'eux un tissu important de sous-traitants.

Conséquence, plus de 100.000 emplois de la filière se concentrent dans l'agglomération et ce chiffre ne cesse de croître. Toulouse héberge aussi une riche offre de formation, avec des établissements de renom et un tissu universitaire réputé pour son implication dans divers programmes de recherche. Cette diversité lui a permis de décrocher l'un des quatre instituts interdisciplinaires français dédiés à l'intelligence artificielle [programme Aniti, ndlr].

Néanmoins, cette attractivité a des retombées négatives. Récemment, une étude de TomTom a évalué à 158 heures le temps passé par les Toulousains dans les embouteillages chaque année, contre 130 quelques années plus tôt. Par ailleurs, du fait de la forte demande, le prix du mètre carré en immobilier, dans le neuf comme dans l'ancien, subit une hausse non négligeable. Tout comme les loyers qui connaissent une tendance à la hausse. Cette attractivité pourrait donc s'apparenter, à terme, à un cadeau empoisonné.

Pierrick Merlet, à Toulouse

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AJACCIO

Le cap des 70.000 habitants dépassé

Avec une croissance démographique soutenue depuis vingt ans, Ajaccio vient de dépasser selon l'Insee la barre des 70 000 habitants. Un classement du Figaro lui attribuait en février le meilleur cadre de vie national et la cité impériale, attractive, a été lauréate sur 200 communes de l'appel à projets « cœur de ville ».

Réfection de sa citadelle, construction d'un téléphérique, rénovation de quartiers populaires, inauguration d'un marché couvert : la ville résiste tant bien que mal aux attaques des centres commerciaux situés à sa périphérie.

Paul Ortoli, à Ajaccio
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RENNES

L'attractivité économique profite à la ville

En dixième position des villes de plus de 100.000 habitants avec 216.815 habitants en 2017, Rennes a gagné 5.442 habitants depuis 2013 (+ 0,6 %), 6.955 depuis 2012 (+ 0,7 % par an). S'y ajoutent 4.110 personnes vivant en résidence secondaire pour un total de 220.925 habitants.

L'attractivité économique, la présence d'universités et la qualité de vie sont les facteurs clés de cette croissance démographique, soutenue par une métamorphose urbaine associant mixité sociale et grands travaux.

En 2019, le taux de chômage sur le bassin rennais est tombé au plus bas depuis dix ans, à 6,4 % de la population active. Cette dynamique est métropolitaine (456.784 habitants, soit + 1,08 % par an). Le territoire devrait gagner près de 100.000 habitants d'ici à 2040.

Pascale Paoli-Lebailly, à Rennes

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ORLÉANS

Cadre de vie et emploi: le duo gagnant

Avec 2.310 habitants gagnés entre 2013 et 2019 (+ 2 %), le chef-lieu du Loiret peut se targuer d'un avantage par rapport à Tours, sa rivale en Centre-Val de Loire qui, elle, a stagné (+ 0,73 %). De fait, la population d'Orléans intra-muros approche désormais les 117.000 habitants.

Le fruit de deux paramètres essentiels selon Muriel Sauvegrain, première adjointe (LR) de la ville d'Olivier Carré. Orléans est en premier lieu reconnue pour son dynamisme économique, comme en atteste un taux de chômage de 7 %, plus bas que la moyenne nationale (8,5 %).

À la clé, un bassin d'emploi attractif notamment dans les filières de la cosmétique et de la santé. Ensuite, la position géographique d'Orléans (à un peu plus d'une heure de Paris en train), la douceur du cadre de vie (présence de la Loire) et la faible densité et le coût abordable de l'immobilier (2.500 euros le mètre carré) constituent autant d'atouts, qui attirent essentiellement les Franciliens.

Guillaume Fischer, Région Centre-Val de Loire

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