Planification écologique : Elisabeth Borne présente sa « feuille de route »

Par latribune.fr  |   |  869  mots
Elisabeth Borne et ses ministres vont tenter de convaincre l'opposition sur leurs prochaines mesures dédiées à la transition énergétique et écologique. (Crédits : Reuters)
Le gouvernement d’Elisabeth Borne a invité les chefs de partis politiques de tous bords à Matignon ce lundi pour leur présenter un projet phare du quinquennat Macron dédié à la baisse de 55% des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 de la France. Une série de mesures de transition énergétique ont été présentées à l’opposition politique avant que d’autres réunions et présentations publiques ne soient organisées dans les prochains jours.

[Article publié le lundi 18 septembre 2023 à 13h41 et mis à jour à 16h54] Bras de fer à Matignon. Le gouvernement d'Elisabeth Borne a reçu ce lundi les chefs de partis politiques pour « partager la feuille de route (de la) planification écologique » jusqu'en 2030.

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Ce projet promis par Emmanuel Macron afin « d'être au rendez-vous européen » de la baisse de 55% des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et de se « projeter vers la neutralité carbone en 2050 » se veut être un plan « très concret et très opérationnel », selon les mots du chef de l'Etat.

La Première ministre a souhaité en début de réunion évoquer « les enjeux » de cette planification sans pour autant entrer dans les détails. Ces deux heures à huis clos visaient à débattre des solutions pour une transition écologique « juste » et non « punitive », selon Matignon. Les principales annonces, elles, devraient être réservées à une prise de parole d'Emmanuel Macron, aux contours encore flous, prévue le 25 septembre selon l'Elysée.

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A l'issue de la réunion qu'elle a qualifiée « d'oral de rattrapage » après la rencontre de Saint-Denis fin août où l'écologie avait été peu abordée, la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier a salué « un constat très complet, très lucide et assez inédit ». Mais « les réunions ne servent à rien s'il n'y a pas d'action », a-t-elle ajouté, en réclamant un impôt sur les grandes fortunes « climatique » et une « loi de programmation des finances publiques » sur l'écologie.

Mesures de soutien à l'énergie, le transport et le logement

L'objectif de ce projet de planification écologique est avant tout de bien flécher les investissements publics. Dès le projet de budget 2024, l'exécutif devra expliquer comment il entend répartir les 7 milliards d'euros supplémentaires promis par la Première ministre en juillet pour accélérer la transition.

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Premier secteur émetteur de gaz à effet avec 31% du total des émissions en France, le secteur des transports devait figurer au menu des discussions. Le gouvernement pourrait entre autres proposer une hausse du bonus écologique pour l'achat de véhicules électriques, associée à un malus étendu lors de l'acquisition des voitures les plus polluantes. Une réforme dont l'objectif serait d'augmenter le « stock » (neufs et anciens) de la part de voitures électriques dans le parc français de 1% aujourd'hui à 15% en 2030, estime Matignon.

 Le gouvernement promet aussi des réponses sur le financement des RER métropolitains dans une dizaine de villes de France, objet d'une proposition de loi en cours d'examen au Parlement.

Des mesures sont également attendues dans le secteur du logement, qui représente 20% des émissions totales de la France, soit le deuxième secteur le plus émetteur. Le gouvernement souhaite proposer des réformes pour des rénovations énergétiques plus « performantes », a laissé entendre le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu dimanche.

D'ici à 2030, le gouvernement souhaite en outre parvenir « à supprimer 75% des chaudières au fioul », et « baisser d'environ 20% les chaudières au gaz (hors pompes à chaleur hybrides) », selon un document transmis à la presse.

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Lié à tous les autres secteurs, l'énergie sera aussi un sujet normalement débattu à Matignon ce lundi. Lors de la « séquence » de dix jours sur la planification écologique, le gouvernement pourrait en outre se prononcer sur l'avenir, incertain, du projet de loi de programmation sur l'énergie et le climat (LPEC), censé fixer les grands objectifs de la politique énergétique française. A priori, le texte n'est pas attendu avant Noël et la fin de l'examen du budget, selon une source ministérielle.

Concilier écologie et pouvoir d'achat

La réunion s'annonçait déjà houleuse. Les responsables de l'exécutif « ne sont pas partis pour avoir la moyenne » à leur « oral de rattrapage », a jugé à son arrivée la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier. « Le compte n'y est pas » d'après les documents reçus en amont du rendez-vous, a estimé le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui « craint (une) planification du vide », tandis que le chef du Parti communiste Fabien Roussel était arrivé « sans illusions », désireux aussi de « faire baisser la facture » d'électricité et de gaz.

A droite, LR a déjà demandé au gouvernement l'organisation d'une « conférence sur les prix de l'énergie » qui flambent. Dimanche, les oppositions ont critiqué l'annonce d'Elisabeth Borne d'autoriser les distributeurs à vendre du carburant « à perte » pendant quelques mois afin de leur permettre de « baisser davantage les prix ». « C'est du baratin », a réagi de son côté Sébastien Chenu le vice-président du Rassemblement national (RN), ce lundi sur Public Sénat, précisant que « cette mesure va amener deux choses : les grands groupes à s'en mettre plein les poches, et ensuite les stations-essence indépendantes à fermer ».

(Avec AFP)

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