Décarbonation : TotalEnergies veut acheter 500.000 tonnes par an d'hydrogène vert (la moitié de sa consommation)

TotalEnergies a annoncé le lancement d'un appel d'offres aux proportions inédites pour l'achat de « 500.000 tonnes par an d'hydrogène vert ». Ce qui représente près de la moitié de sa consommation d’hydrogène par an dans le monde, qui s’élève à 1,2 million de tonnes. Cet hydrogène « propre » est destiné à aider le géant pétrolier français à décarboner ses activités de raffinage du pétrole en Europe.
Avec cette opération, le pétrolier compte rabattre de 5 millions de tonnes (Mt) les émissions de CO2 de ses sites de raffinage chimie en Europe, qui s'élevaient à 20,9 Mt en 2015.
Avec cette opération, le pétrolier compte rabattre de 5 millions de tonnes (Mt) les émissions de CO2 de ses sites de raffinage chimie en Europe, qui s'élevaient à 20,9 Mt en 2015. (Crédits : STEPHANE MAHE)

TotalEnergies recherche hydrogène vert. Le groupe compte remplacer d'ici 2030 par cet hydrogène « propre » tout l'hydrogène « gris » qu'il utilise actuellement pour désulfurer les carburants, en Europe.

Au total, dans ses six raffineries européennes - Anvers (Belgique), Leuna (Allemagne), Zeeland (Pays-Bas), Normandie, Donges et Feyzin (France) - et ses deux bioraffineries de La Mède et Grandpuits (France), TotalEnergies consomme 500.000 tonnes d'hydrogène par an, gris. C'est pourquoi il lance un appel d'offres pour acheter « 500.000 tonnes par an d'hydrogène vert ». « Ce que nous voulons faire, c'est décarboner notre industrie » a indiqué Sébastien Bruna, directeur hydrogène au sein de la branche raffinage Chimie, lors d'un entretien téléphonique avec la presse ce jeudi 14 septembre.

Lire aussiConcurrencée par le nucléaire et les batteries, la filière hydrogène alerte sur la pénurie de main-d'oeuvre

Près de 50% de sa consommation d'hydrogène

Au regard de sa consommation totale d'hydrogène par an dans le monde, à savoir 1,2 million de tonnes, cet appel d'offres représente presque la moitié des besoins en hydrogène de TotalEnergies.

Avec cette opération, le pétrolier compte rabattre de 5 millions de tonnes (Mt) les émissions de CO2 de ses sites de raffinage chimie en Europe, qui s'élevaient à 20,9 Mt en 2015, a précisé Jean-Marc Durand, directeur du raffinage et des sites de pétrochimie européens du groupe.

« Nous nous fixons un an pour réunir l'ensemble des offres des acteurs qui voudront bien y répondre », a indiqué Marc Durand. Et Sébastien Bruna d'ajouter : « Il y a énormément d'acteurs sur le marché mondial, aussi nous lançons cet appel d'offres pour tester le marché, et voir les réponses », a complété Sébastien Bruna.

Lire aussiHydrogène : la France accélère malgré les lenteurs de l'Europe

Pratiquement aucun des électrolyseurs nécessaires à la production de si vastes quantités d'hydrogène vert n'est encore en activité dans le monde. Un tel appel est de nature à accélérer les constructions d'usines d'électrolyseurs et la structuration de la filière, espère le groupe.

Hors Europe, « nous travaillons aussi activement à des projets de décarbonation », a précisé Marc Durand.

La filière française, à la traîne, compte se remettre dans la course

En France, la filière hydrogène accuse aujourd'hui un « retard ». Jusqu'à présent, les projets de production d'hydrogène renouvelable de taille industrielle ont eu du mal à décoller en raison notamment d'un manque de visibilité sur la réglementation européenne, mais aussi d'un problème de fiabilité des électrolyseurs, comme l'expliquait Valérie Ruiz-Domingo, vice-présidente hydrogène pour Engie, dans une interview à La Tribune en juin dernier.

Lire aussiProduction d'hydrogène vert : « Tout le monde est en retard » (Valérie Ruiz-Domingo, Engie)

L'Hexagone compte désormais accélérer. Pour doper la production d'hydrogène bas carbone sur son territoire, la France va allouer 4 milliards d'euros aux industriels, prélevés au sein des 9 milliards d'euros déjà sanctuarisés pour la stratégie nationale de l'hydrogène, comme annoncé fin août. Une mesure longtemps attendue par la filière, qui pointe à l'unanimité les lenteurs des procédures européennes - deux ans pouvant s'écouler entre le dépôt de candidature et l'obtention du financement de l'Europe dans le cadre des Projets importants d'intérêt commun (PIIEC). Dans quelques semaines, la stratégie nationale de l'hydrogène doit aussi être révisée.

Hydrogène « gris », « vert », « bleu » : quelles différences ?

Jusqu'à présent, l'hydrogène est produit par les industriels de la chimie ou de la pétrochimie par « réformage » du gaz naturel : on extrait l'hydrogène du méthane. Ce processus a un bilan carbone colossal. Pour produire une tonne d'hydrogène, près de 10 tonnes en moyenne de carbone partent dans l'atmosphère : c'est l'hydrogène gris, qui représente actuellement plus de 95% de l'hydrogène produit dans le monde.

Il est donc nécessaire de le remplacer par d'autres procédés de production. La production propre passe par deux voies en concurrence actuellement. Pour l'hydrogène dit « bleu », on utilise exactement le même processus que pour le « gris » tout en captant le CO2 émis à la sortie des usines pour le stocker ou le réutiliser. Pour obtenir de l'hydrogène « vert » ou « décarboné », on électrolyse l'eau avec de l'électricité décarbonée, au moyen d'électrolyseurs qui fracturent les molécules d'eau (H20) en hydrogène et oxygène.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 14/09/2023 à 10:05
Signaler
"Un tel appel est de nature à accélérer les constructions d'usines d'électrolyseurs et la structuration de la filière" il faut beaucoup d'électricité décarbonée pour ça, sinon l'hydrogène électrolytique ne sera pas vert du tout. Il me semble avoir lu...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.