Décarbonation : les véhicules électriques peinent à s'imposer sur le marché de la location de courte durée

Une étude réalisée par le syndicat des mobilités et l'Ademe permet de connaître l'impact des locations de courte durée sur l'économie française mais aussi son rôle dans la décarbonation. Si les bénéfices sont prouvés, plusieurs freins persistent. Le syndicat et les entreprises de location plaident pour un élargissement de la Loi d'orientation des mobilités afin d'accélérer le verdissement des flottes d'entreprises. Explications.
Avec 6 millions de locations annuelles et 4,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires direct dont plus de 1 milliard réinjecté directement dans les finances publiques, ce secteur est l'un des dix premiers en matière d'entraînement économique sur l'activité du pays.
Avec 6 millions de locations annuelles et 4,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires direct dont plus de 1 milliard réinjecté directement dans les finances publiques, ce secteur est l'un des dix premiers en matière d'entraînement économique sur l'activité du pays. (Crédits : DR)

Pour la première fois en France, une étude de grande ampleur concernant le rôle de la location de courte durée a été effectuée par le syndicat professionnel de la mobilité Mobilians en partenariat avec l'Agence de la transition écologique (Ademe) et les cabinets Vertigo Lab et Indigo. Cette vaste enquête, réalisée sur les chiffres de 2019 à 2021, montre la part économique importante que représente la location courte durée de véhicules, soit la location de moins de 24 mois, toutes activités confondues (applications d'autopartage, locations de voitures en agence, entreprises), dans le paysage de la mobilité. En France, elle pèse 6 millions de locations annuelles et 4,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires direct, dont plus de 1 milliard réinjecté directement dans les finances publiques.

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Surtout, ce type de location joue un rôle important dans la décarbonation des transports pour trois raisons : elle diminue le nombre de voitures produites, réduit la possession individuelle et augmente l'occupation par véhicule. Enfin, elle permet également de compléter des transports de longue distance comme le train. Si la location courte durée est utilisée dans la moitié du temps pour le loisir et le tourisme, l'autre partie concerne les professionnels désirant un moyen de transport sur un temps limité.

La location en entreprise, un enjeu de décarbonation

Or, cette part est souvent négligée, en particulier par le gouvernement. En effet, dans la loi d'orientation des mobilités (LOM) en vigueur depuis 2019, les entreprises possédant plus de 100 voitures doivent avoir un taux de 10 % de véhicules à faibles émissions dans leur flotte. Un pourcentage qui va augmenter à 20 % en 2024, 40 % en 2027 puis 70 % pour 2030. Mais cette part inclut seulement les achats et la location longue durée.

Une situation qui pèse sur les moyennes entreprises qui ne peuvent pas remplir les quotas par manque de moyens. Le syndicat Mobilians réclame l'élargissement de la loi aux locations de courte durée, une mesure qui « ne coûte rien à personne » et qui « pourrait stimuler la demande », selon eux.

Par ailleurs, l'étude a mesuré la consommation de carbone en fonction de deux scénarios professionnels sur des longues distances : l'un concernant un trajet de 770 kilomètres réalisés uniquement en voiture, l'autre combinant le train sur 650 kilomètres et le reste du trajet en voiture de location. Ces deux voyages sont effectués 15 fois par an. Résultat : cette dernière façon de se déplacer permet d'économiser 82 % de carbone, soit à 1,05 tonne de CO2 par an. Mieux encore, dans le cas de l'utilisation d'un véhicule électrique ou la réduction est de 93 %.

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La location de l'électrique compliquée par le manque d'infrastructures

La location de courte durée est aussi un moyen d'alimenter le marché de l'occasion en véhicules électrique et de réduire ainsi leurs prix puisque le renouvellement se fait beaucoup plus vite que les locations de longue durée. Or, si la part de véhicules électriques dans les entreprises de location a augmenté de 0,5 % en 2019 à 6 % désormais, la part d'utilisation reste quant à elle très faible.

« Le taux d'utilisation moyen du véhicule électrique est de 47 % contre 73 % pour le véhicule thermique. » Un chiffre sûrement plus faible, car plusieurs clients ont été amenés à prendre des voitures électriques par manque de disponibilités des voitures thermiques. « Aujourd'hui, la demande est inférieure à l'offre », se désole le syndicat.

En cause : les locations ponctuelles sont souvent sur des trajets peu connus. La peur de ne pas pouvoir se charger, les modalités de paiement qui varient selon les modèles loués ainsi que le manque de connaissances de l'utilisation de ces véhicules sont autant de raisons qui freinent le passage à la location de voiture électrique pour un temps court. Pour limiter ces contraintes, les sociétés de locations plaident pour le déploiement de bornes de recharge au sein de hub de mobilités comme les gares, les aéroports ou les parcs de stationnement. « Ceux qui peuvent transformer le marché de l'automobile en France sont les professionnels de la location », plaide le syndicat de la mobilité.

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Commentaires 6
à écrit le 01/09/2023 à 9:15
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Beaucoup trop chères et beaucoup trop peu d'autonomie. Las actionnaires ont mis la charrue avant les boeufs pour se faire grave de fric dès le début afin de nous habituer je suppose comme si on ne les connaissait pas ces margoulins là, du coup les bo...

à écrit le 31/08/2023 à 21:32
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La décarbonation du transport est un fantasme de bobo écolo comme la transition énergétique. Et la voiture électrique si elle s'impose malgré tout sera chinoise vietnamienne coréenne mais certainement pas européenne et contribuera à l'écroulement in...

le 31/08/2023 à 23:22
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Et pendant qu'on nous vante le véhicule électrique, on continu à chercher des gisements de pétrole...

le 01/09/2023 à 13:30
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C'est triste de suivre un média économique et ne rien comprendre à la géopolitique ni aux enjeux industriels..

à écrit le 31/08/2023 à 19:44
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Bonjour, bon ils faut dire que les voitures électriques sont pas pour les moyens de tous le monde... Ils faut dire que des bagnoles a 20 000 euros ou plus s'est très chère pour le budget moyen des français.... Bien sûr ils ne faut pas le dire...

à écrit le 31/08/2023 à 18:51
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La meilleure "décarbonation" c'est celle qui n'est pas produite, il va falloir réorganiser la société pour éviter des déplacements inutiles !

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