Retraites : 113 milliards d'euros de déficit ? Les partenaires sociaux s'affrontent sur les chiffres

Par Bertille Ossey-Woisard, AFP  |   |  807  mots
La CGT a menacé mercredi de claquer la porte de la conférence de financement. (Crédits : Gonzalo Fuentes)
Les syndicats tentent de maintenir la flamme avec cette 10e journée de mobilisation. Pendant ce temps, chaque camp affirme ses positions dans la conférence de financement des retraites dans une ambiance très tendue : les partenaires sociaux ne sont pas du tout d'accord sur le chiffre avancé du déficit cumulé entre 2018 et 2030 qui pourrait atteindre 113 milliards d'euros. La CGT a menacé mercredi de claquer la porte.

Les syndicats opposés à la réforme des retraites organisent jeudi une 10e journée interprofessionnelle de manifestations, espérant maintenir la mobilisation en cette période de vacances scolaires, alors que le projet poursuit son examen chahuté à l'Assemblée nationale.

"Il n'y a pas de baroud d'honneur, on ne baissera pas les bras parce que nous sommes convaincus de la justesse de notre analyse, du danger que représente ce projet pour les décennies à venir", a insisté Yves Veyrier, le secrétaire général de FO.

À ses côtés, la CGT, Solidaires, la FSU, de même que les organisations de jeunesse (Fidl, MNL, UNL) et étudiante (Unef), qui mènent la fronde depuis le 5 décembre.

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M. Veyrier a toutefois reconnu que mobiliser était "plus difficile" après deux mois et demi de manifestations. Une nouvelle réunion intersyndicale est programmée en fin de journée pour décider de la suite du mouvement.

Évoquant "une journée importante" alors que "le débat parlementaire débute, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez veut croire jeudi, dans l'Humanité, que "l'ouverture de la phase parlementaire ne signifie pas que le mouvement social a passé le relai". Dans le même journal, son homologue à la FSU, majoritaire chez les enseignants, Benoît Teste, estime à propos des députés qu'il faut "maintenir la pression pour les faire douter de voter ce texte à trous insincère".

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Réunion sur le 2e volet (financement et gouvernance du système)

Des manifestations sont donc organisées partout en France. À Paris, le cortège  partira de Montparnasse à 13H30 en direction de la place d'Italie.

Pendant ce temps, chaque camp affirme ses positions dans la conférence de financement des retraites. Initialement proposée par la CFDT, elle a commencé à se réunir mardi et doit fournir fin avril des propositions pour ramener à l'équilibre le système de retraite en 2027. Une des raisons des crispations s'explique par le cadre contraint imposé par le gouvernement qui a interdit hausse des cotisations sociales ou baisse des pensions.

Pomme de discorde : le montant du déficit évoqué dans les documents envoyés cette semaine par les animateurs de la conférence, selon lesquels, si rien n'est fait, le déficit cumulé entre 2018 et 2030 pourrait atteindre 113 milliards d'euros. La CGT a menacé mercredi de claquer la porte.

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Une nouvelle réunion doit se tenir dans la matinée jeudi portant sur le deuxième volet de la conférence: le financement et la gouvernance du système à long terme.

Les syndicats opposés à la réforme travaillent à une "contre-conférence" avec notamment Solidaires et la FSU qui n'ont pas été conviés à celle organisée par le gouvernement.

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Un déficit cumulé de 113 milliards d'euros ?

Les yeux rivés sur le déficit cumulé de 113 milliards d'euros, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a réaffirmé qu'il était favorable à "des mesures de redressement" et à un retour du système à l'équilibre en 2027, l'âge pivot - en dessous duquel on ne peut pas partir avec une retraite complète - étant "la bonne mesure".

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À l'Assemblée nationale où les députés doivent éplucher quelque 41.000 amendements, les discussions ont démarré lundi dans l'hémicycle, dans une ambiance électrique et, dès mercredi, l'examen a viré au blocage.

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Si les opposants misent sur les manifestations jeudi, côté grève, le temps est en revanche à l'accalmie.

Mobilisation en recul

Dans les transports, la RATP table sur un trafic "normal", avec "des perturbations sur le RER B" sur la partie SNCF au nord de la ligne. A la SNCF, "il n'y aura quasiment aucun impact hormis en région Auvergne-Rhône-Alpes, où on comptera deux trains sur cinq entre Montluçon et Clermont", a indiqué la direction de la SNCF à l'AFP.

Lors de la 9e journée de mobilisation, le 6 février, le ministère de l'Intérieur avait compté 121.000 personnes dans toute la France, dont 15.000 à Paris, une participation en hausse par rapport à la journée de mobilisation précédente, le 30 janvier (108.000 en France et 13.000 à Paris).

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