Commerce mondial : un rebond à plusieurs vitesses

Le commerce de biens en valeur dans les pays du G20 a enregistré une forte accélération (+8%) au cours du premier trimestre 2021 selon les dernières données de l'OCDE. La hausse des prix du pétrole et d'autres matières premières, la pénurie de composants et les frictions entre l'offre et la demande ont contribué à faire flamber les prix. En revanche, le commerce de services reste bien en deça des niveaux pré-pandémie.
Grégoire Normand
La semaine prochaine, les économistes de l'OCDE pourraient revoir à la hausse leurs perspectives économiques au regard de l'accélération de la vaccination en Europe.
La semaine prochaine, les économistes de l'OCDE pourraient revoir à la hausse leurs perspectives économiques au regard de l'accélération de la vaccination en Europe. (Crédits : Reuters)

Après une année catastrophique, le commerce mondial de marchandises a connu une forte accélération au cours du premier trimestre. Selon les données dévoilées par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ce mardi 25 mai, les exportations et les importations en valeur dans les pays du G20 ont accéléré de 8% et 8,1% entre janvier et mars par rapport au trimestre précédent. Ces derniers chiffres poursuivent la tendance entamée lors du troisième trimestre 2020. Au delà de l'effet « rebond », le commerce planétaire devrait encore connaître une période d'instabilité liée notamment aux déconfinements en ordre dispersé des Etats et à l'évolution de la pandémie.

Cette accélération en valeur traduit les poussées inflationnistes sur le prix des matières premières et certains biens industriels depuis le début de l'année. Malgré les mesures de restriction encore en vigueur dans un grand nombre de pays, le redémarrage de l'économie aux Etats-Unis et la hausse de la croissance en Chine ont contribué à accélérer l'activité sur la planète. En outre, en faisant disjoncter les chaînes de logistique sur l'ensemble du globe, la pandémie a complètement désorganisé le commerce mondial depuis près d'un an et demi. Ce qui a pu accroître les difficultés d'approvisionnement dans de nombreux secteurs.

Tous les pays du G20 en hausse sauf le Royaume-Uni

L'ensemble des grands pays du G20 à l'exception du Royaume-Uni ont connu une hausse de leurs échanges de biens en ce début d'année. La plupart des grands pays de la zone euro ont enregistré une croissance positive comprise entre 2,7% pour la France et 4,4% pour l'Allemagne. Outre-Rhin, les moteurs de l'appareil industriel sont particulièrement portés par la forte activité en Chine. Aux Etats-Unis, les exportations ont également bien rebondi de 5,7%. En revanche, les indicateurs au Royaume-Uni ont plongé avec un recul de 5,7% entre janvier et mars. L'entrée en vigueur du Brexit depuis le premier janvier dernier a contribué à faire reculer les échanges malgré l'accord de dernière minute trouvé par la Commission européenne et le gouvernement de Boris Johnson.

Les échanges de services à la peine

Le commerce international de services reste en grande difficulté malgré une remontée progressive des indicateurs. Les vagues d'épidémie depuis plus d'un an et les restrictions mises en place dans un grand nombre de pays ont plombé l'activité dans le tourisme, la restauration, l'événementiel par exemple. Une récente étude de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) rappelait que le niveau des échanges de services était loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant-crise et les projections de l'agence internationale n'étaient pas vraiment optimistes. A partir de la fin du premier semestre, le décrochage entre les biens et les services est particulièrement spectaculaire.

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Les tensions inflationnistes se multiplient

Les tensions sur les prix se multiplient depuis maintenant plusieurs mois. La campagne de vaccination menée à grande vitesse aux Etats-Unis et les gigantesques plans de relance annoncés par le président américain Joe Biden ont suscité de l'optimisme dans les milieux économiques américains. Le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance du produit intérieur brut de 5,1% en 2021 après une récession de -3,5% en 2020. A l'échelle mondiale, les économistes de Washington anticipent un rebond du PIB de 6%. La semaine prochaine, les économistes de l'OCDE pourraient revoir à la hausse leurs perspectives économiques au regard de l'accélération de la vaccination en Europe.

Cette reprise a déjà entraîné des phénomènes de « friction » entre l'offre et la demande et une période de réajustement devrait être nécessaire. En effet, les périodes de confinement et de déconfinement successives mettent sous pression des systèmes d'approvisionnement fonctionnant généralement en flux tendu. Il est encore difficile à ce stade de parier sur une hausse durable des prix à la consommation.

> Lire aussi : Le risque d'inflation est-il durable ?

Grégoire Normand
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