Décret anti-immigration : l'Iran dénonce "une insulte au monde musulman"

Par Anaïs Cherif  |   |  609  mots
Hassan Rohani, président de la République islamique d'Iran, a critiqué la politique d'immigration de Donald Trump ce week-end.
Visée par le décret anti-immigration signé vendredi par Donald Trump, la République islamique a riposté ce week-end en promettant la fermeture de ses frontières pour les ressortissants américains.

Œil pour œil, dent pour dent. En réponse au décret anti-immigration signé vendredi par Donald Trump, l'Iran a annoncé la fermeture de ses frontières pour les Américains. "Tout en respectant le peuple américain et en le distinguant des politiques hostiles du gouvernement des États-Unis, l'Iran appliquera le principe de la réciprocité jusqu'à ce que les restrictions américaines contre les ressortissants Iraniens soient levées", a déclaré samedi dans un communiqué le ministère iranien des Affaires étrangères, rapporte Reuters. "Tous ceux qui ont un visa en règle seront les bienvenus", a assuré sur Twitter le ministre Mohammad Javad Zarif, précisant la non-rétroactivité de cette mesure.

Alors que Téhéran et Washington n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis novembre 1979, environ un million d'Iraniens vivent actuellement aux États-Unis. Ce qui constitue la plus forte communauté iranienne vivant à l'étranger. "Les restrictions imposées aux musulmans pour leurs voyages aux États-Unis [...] est une insulte au monde musulman, et particulièrement l'Iran", a dénoncé le ministère des Affaires étrangères, en assimilant cette mesure à un "grand cadeau aux extrémistes et leurs supporters".

La lutte contre le terrorisme invoquée par Donald Trump

Le décret interdit pendant 90 jours l'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de sept pays majoritairement musulmans : Iran, Irak, Syrie, Somalie, Soudan, Libye et Yémen. Dans cette zone, trois pays sont absents de la liste : la Turquie, l'Égypte et l'Arabie Saoudite - des pays avec lesquels l'empire Trump a fait des affaires ou cherche à en faire, comme le relève Bloomberg.

Les binationaux sont aussi visés par le décret. Celui-ci a pris effet dès ce week-end, bloquant ainsi des ressortissants des pays concernés dans les aéroports. Quelques rares exceptions sont prévues pour les détenteurs de visas diplomatiques, par exemple. Le décret interrompt également l'accueil des réfugiés du monde entier pendant 120 jours. Ces interdictions provisoires doivent permettre aux États-Unis de trancher les informations et les questions à demander pour l'obtention de visas.

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Cette mesure a été rebaptisée, notamment par les démocrates, "Muslim ban" (en français, "bannissement des musulmans"). Une promesse faite par le magnat de l'immobilier au cours de sa campagne. Donald Trump s'est défendu ce lundi sur Facebook : "Il y a plus de 40 pays dans le monde qui sont majoritairement musulmans et qui ne sont pas touchés par cette mesure." Le président américain a justifié son décret polémique comme un outil de lutte contre le terrorisme.

L'Irak et le Soudan contestent le décret

L'Irak veut imiter son voisin iranien. "Nous demandons au gouvernement irakien de prendre des mesures équivalentes à celles de l'administration américaine", a déclaré à Reuters la Commission irakienne parlementaire des Affaires étrangères.

Et de préciser : "L'Irak se trouve en première ligne de la guerre contre le terrorisme et il est injuste que les Irakiens soient traités de cette façon."

Le Soudan a quant à lui exigé "le retrait immédiat de son nom de la liste des pays qui parrainent le terrorisme", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, cité par le Wall Street Journal.