Discours sur l'état de l'Union : pouvoir d'achat, aide à l'Ukraine, rivalité avec la Chine... Joe Biden défend son bilan à la tête du pays

Par latribune.fr  |   |  938  mots
A l'occasion de son discours sur l'état de l'Union, Joe Biden a fait preuve d'une endurance rare, s'exprimant d'un ton clair, ferme, durant plus d'une heure. (Crédits : LEAH MILLIS)
Ragaillardis par la performance du président le plus vieux des Etats-Unis, à l'occasion de son discours sur l'état de l'Union jeudi au Congrès, les élus démocrates ont scandé leur joie lors de l'allocution de Joe Biden. Le président démocrate, candidat à sa réélection, a vanté son bilan économique, apporté son soutien à l'Ukraine et réclamé des Israéliens qu'ils n'entravent pas l'aide humanitaire.

Il n'a jamais nommé son adversaire et a marqué des points. À l'occasion, jeudi, de son discours sur l'état de l'Union, Joe Biden, candidat à sa réélection à la Maison Blanche, a fait, sur la forme, un sans-faute. Le président a fait preuve d'une endurance rare, s'exprimant d'un ton clair, ferme, durant plus d'une heure.

Sur le fond, Joe Biden a chanté les louanges d'une économie américaine florissante. Le monde entier « envie » l'économie des Etats-Unis, a-t-il dit, estimant avoir « hérité d'une économie qui était au bord du gouffre » en référence à la pandémie de Covid-19 qui avait mis à genoux la première économie mondiale. « Quinze millions d'emplois ont été créés en trois ans, c'est un record. Et le taux de chômage est le plus bas depuis 50 ans », s'est-il félicité.

Face à des électeurs peu réceptifs à ces statistiques - les Américains continuant de souffrir de prix élevés - le président ne cesse de mettre en avant ses mesures en faveur du pouvoir d'achat, notamment pour les ménages de la classe moyenne et aux moins aisés. Il a ainsi déclaré qu'il souhaitait mettre en place un crédit d'impôt annuel pour aider les Américains à faire face aux coûts du logement et a mis l'accent sur ses efforts pour réduire les prix déloyaux et les frais cachés.

Il a également ciblé, comme il le fait depuis plusieurs mois, l'industrie agro-alimentaire qui, pour faire face à l'inflation, réduit les quantités vendues, mais laisse le produit au même prix, la « shrinkflation ». Le démocrate a également appelé à un relèvement du taux d'imposition des entreprises et a dit souhaiter taxer les milliardaires à hauteur de 25%. « Il est temps d'augmenter l'impôt minimum sur les sociétés à au moins 21%, afin que toutes les grandes entreprises commencent enfin à payer leur part » a-t-il déclaré.

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La Chine reste une cible

Dans un contexte de concurrence avec la Chine, Joe Biden a tenu à rappeler les mesures qu'il a prises pour limiter les exportations de technologies de pointe. « Franchement, malgré ses discours musclés sur la Chine, mon prédécesseur n'a jamais eu l'idée de faire quoi que ce soit de ce genre » a déclaré le démocrate en faisant référence à Donald Trump, candidat à l'élection.

Il a ajouté que Washington était dans une « position plus forte » que quiconque pour gagner contre la Chine, tout en soulignant qu'il ne cherchait pas à entrer en conflit avec la deuxième économie mondiale.

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Acheminer de l'aide à Gaza grâce à un port temporaire

Le président a aussi annoncé la construction d'un port temporaire à Gaza pour acheminer davantage d'aide dans le territoire palestinien où les espoirs d'une trêve rapide entre Israël et le Hamas s'amenuisent. « Je travaille d'arrache-pied pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat d'au moins six semaines », a déclaré Joe Biden, alors que la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien vient d'entrer dans son 6e mois.

L'aide « ne peut être une considération secondaire ni une monnaie d'échange », a-t-il souligné. Principal allié d'Israël, les Etats-Unis mettent une pression grandissante sur les Israéliens qui ne laissent aujourd'hui entrer l'aide qu'au compte-gouttes à Gaza depuis l'Egypte.

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Ukraine : « nous n'abandonnerons pas »

Joe Biden a aussi assuré qu'il ne « plierait pas » face à son homologue russe Vladimir Poutine, exhortant le Congrès à voter l'aide à l'Ukraine, gelée depuis des mois par les querelles partisanes entre démocrates et républicains, pour « arrêter Poutine » dans son invasion.

« Je vous assure que Poutine ne s'arrêtera pas à l'Ukraine. Mais l'Ukraine peut arrêter Poutine si nous la soutenons et lui fournissons les armes dont elle a besoin pour se défendre », a-t-il assuré. « C'est tout ce que demande l'Ukraine. Elle ne réclame pas de soldats américains », a-t-il ajouté, allusion au débat lancé par les propos d' Emmanuel Macron sur le possible déploiement de troupes. « Mon message au président Poutine, que je connais depuis longtemps, est simple: nous ne laisserons pas tomber. Nous ne plierons pas. Je ne plierai pas », a-t-il martelé. « L'Histoire nous regarde », a affirmé le président américain.

Il a qualifié de « scandaleux » les propos de Donald Trump qui s'est dit prêt, lors d'un meeting électoral en février, à laisser la Russie s'en prendre aux pays de l'Otan qui ne contribueraient pas suffisamment aux efforts collectifs de défense de l'Alliance atlantique. Joe Biden a accusé son adversaire de « se soumettre » ainsi à Vladimir Poutine.

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Par ailleurs, il a lancé une défense enflammée du droit à l'avortement, évoquant le « pouvoir » électoral des femmes à huit mois de la présidentielle à laquelle il est candidat. « Clairement, ceux qui se vantent d'avoir (annulé la protection fédérale du droit à l'IVG), n'ont aucune idée du pouvoir des femmes » a-t-il souligné. « Mais ils s'en sont rendu compte lorsque la liberté de disposer de son corps a été en jeu dans les urnes, nous l'avons emporté en 2022 et 2023, et nous gagnerons encore en 2024 », a ajouté sous les vivats de son camp ce catholique convaincu qui se pose en défenseur du droit à l'IVG, à contre-courant d'autres de ses coreligionnaires.

(Avec AFP)