Biden se rapproche de la victoire, Trump instille le doute

Avec désormais 264 grands électeurs sur les 270 requis, Joe Biden est tout proche de la victoire. Mais il fait face à la contestation de son opposant qui sème le doute sur la sincérité des résultats.
(Crédits : CARLOS BARRIA)

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Le candidat démocrate Joe Biden s'est rapproché mercredi soir encore un peu plus de la Maison Blanche après des victoires précieuses dans deux États-clés face à Donald Trump, qui s'est engagé de son côté dans une véritable guérilla judiciaire.

Avec le Wisconsin et le Michigan en poche, deuxième et troisième États repris à Donald Trump avec l'Arizona, Joe Biden dispose désormais de 264 grands électeurs.

S'il remportait le Nevada (6), la Géorgie (16) ou la Pennsylvanie (20), il atteindrait le nombre magique de 270 pour devenir le 46e président des États-Unis.

En Pennsylvanie, Donald Trump avait mercredi plus de 160.000 voix d'avance au total, mais son avance fondait rapidement au fur et à mesure de la prise en compte de bulletins envoyés par courrier. Ceux déjà comptés étaient à majorité pour Joe Biden.

Le président toujours pas désigné au lendemain du scrutin

Pour la première fois depuis l'an 2000, les Américains ne connaissaient pas le nom de leur prochain président (qui prêtera serment le 20 janvier 2021) au lendemain du scrutin.

"Je suis venu vous dire que, quand le dépouillement sera terminé, nous pensons que nous allons gagner", a déclaré Joe Biden lors d'une brève allocution dans son fief de Wilmington, dans le Delaware.

Incertitude sur les tensions post-électorales

Une fois le résultat connu, il sera temps "de mettre les discours agressifs de la campagne derrière nous", a-t-il poursuivi, se posant en rassembleur d'un pays meurtri. "Pour avancer, nous devons arrêter de traiter nos opposants comme des ennemis."

À Phoenix, en Arizona, plusieurs dizaines de sympathisants de Donald Trump ont manifesté dans la soirée, dans une ambiance tendue, devant un bureau de dépouillement des bulletins de vote.

Trump conteste les résultats, comme il l'avait annoncé

L'équipe de campagne de Donald Trump a annoncé une première offensive judiciaire, dans le Wisconsin, remporté par Joe Biden avec un écart de moins de 1% selon des résultats quasi-complets, selon plusieurs médias américains.

Les républicains veulent demander un recomptage des suffrages et ont demandé à un juge local de réexaminer les bulletins déjà comptés.

Ils ont également déposé un recours pour obtenir la suspension du dépouillement dans l'État-clé de Pennsylvanie, à l'issue toujours incertaine.

"Nous agissons en justice pour suspendre le dépouillement en attendant plus de transparence", a indiqué Bill Stepien, le directeur de campagne de Donald Trump.

Le président lui-même avait menacé dans la nuit de mardi à mercredi, dans une allocution confuse, de saisir la Cour suprême, tout en restant évasif sur les motifs.

Le système électoral américain une nouvelle fois fragilisé

Le système électoral américain est par ailleurs fragilisé par une persistante campagne de désinformation. Ses lieutenants commençaient à répandre des rumeurs sur les réseaux sociaux et les ondes sur des tricheries et des irrégularités.

L'Organisation sur la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a critiqué mercredi les "allégations infondées" du président américain sur l'élection.

"Notre démocratie est mise à l'épreuve dans cette élection", a déclaré de son côté le gouverneur de Pennsylvanie, Tom Wolf, appelant à la patience.

Trump n'a pas subi le rejet annoncé, les sondages encore déjoués

Au terme d'une longue campagne d'une virulence exceptionnelle, perturbée par la pandémie, les résultats partiels montrent que Donald Trump n'a pas subi la répudiation électorale que les sondages présageaient, prouvant que même s'il était battu, sa base d'électeurs lui reste largement fidèle.

Le milliardaire a dénoncé un ratage d'ampleur "historique" chez les sondeurs.

Trump sème le doute sur la sincérité et l'authenticité des résultats

"Hier soir, j'avais une bonne avance, dans de nombreux États-clés", a tweeté Donald Trump mercredi matin. "Puis, un par un, ils ont commencé à disparaître magiquement avec l'apparition et le comptage de 'bulletins surprise'."

Dans cette vidéo datée de hier, mercredi 4 novembre, intégrée à son tweet, le président raconte à son auditoire son Odyssée victorieuse, liste les États gagnés les uns après les autres mais comment, soudain, les bons résultats s'effacent. Il instille le doute à plusieurs reprises dans son discours (entre 0'53" et 1'03") mais surtout un peu avant la sixième minute (vers 5'53) il affirme : "Nous avons gagné des États et tout d'un coup, j'ai dit : 'qu'est-il arrivé à cette élection ?' Tout d'un coup, c'était fini" ("We won states and all of a sudden, I said 'what happened to the election?' it's off !!!").

Le vote par correspondance, massif, est majoritairement démocrate

Il n'y a pas de bulletins surprise démontrés, mais des bulletins envoyés par courrier et traités lentement par les autorités. Ils viennent majoritairement d'électeurs démocrates, ce qui explique qu'ils aient fait fondre l'avance initiale du président, dont les électeurs ont privilégié le vote en personne mardi.

"Nous ne nous accorderons aucun répit jusqu'à ce que chaque bulletin de vote soit compté", a tweeté l'ancien vice-président de Barack Obama.

Jamais autant d'Américains n'avaient participé à l'élection présidentielle: 160 millions d'électeurs ont voté, soit une participation estimée à 66,9%, contre 59,2% en 2016, selon le US Elections Project.

Nombre d'Etats ont été débordés par le déluge de bulletins envoyés par correspondance, encouragés en raison de la crise sanitaire. Ouvrir les enveloppes et scanner ces bulletins va prendre dans certaines villes plusieurs jours, en particulier à Philadelphie, fief démocrate.

Et si la justice s'en mêlait, comme en 2000, "cela pourrait durer des semaines", a dit mercredi à l'AFP Ed Foley, spécialiste du droit électoral à l'Ohio State University.

Mais même chez les républicains, la menace du président de saisir la justice choquait.

"Stop. Les bulletins seront comptés et soit vous perdrez, soit vous gagnerez. Et l'Amérique l'acceptera. La patience est une vertu", a tweeté le parlementaire républicain Adam Kinzinger.

Quoi qu'il arrive, le prochain président devra composer avec le Congrès.

Le retour assumé dans l'Accord de Paris sur le Climat

Comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants, mais les chances d'un basculement du Sénat du côté démocrate s'amenuisaient, après la réélection de plusieurs républicains.

Comme pour mieux afficher sa confiance dans le résultat final, Joe Biden a souligné, d'un tweet, que les Etats-Unis rejoindraient l'accord de Paris sur le climat, dont les Etats-Unis sont officiellement sortis mercredi, au premier jour de sa présidence, "dans exactement 77 jours".

(par Jérôme Cartillier, Élodie Cuzin et Ivan Couronne / AFP)

Commentaires 18
à écrit le 06/11/2020 à 10:22
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Voir des bureaux de vote dépouiller des bulletins envoyés par la poste avec 90% pour un seul candidat 3 jours après l élection et l'OSCE conclure qu'il ne y a aucun problème est juste consternant. Aucun journaliste pour questionner cela? Ou sommes no...

à écrit le 05/11/2020 à 17:42
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Je ne sais pas si c'est moi ou quoi, mais je trouve que le nombre de commentaire diminue drastiquement depuis un certain temps..

à écrit le 05/11/2020 à 14:56
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Il y a évidemment des irrégularités et c'était prévisible: bulletins qui sont acceptés après les dates limites dans les états incertains, plus de 100 000 bulletins "trouvés" pendant la nuit font pas un seul n'est allé à TRUMP, impossibilité d'accéde...

à écrit le 05/11/2020 à 14:02
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Trop de délai pour le décompte donc contestation, donc démocratie foireuse ...

à écrit le 05/11/2020 à 13:50
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La seule question à présent, la Majorité au Sénat ? Sans laquelle aucune réforme J.Biden, ni aucune loi ne passera.

à écrit le 05/11/2020 à 13:39
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"Nombre d'Etats ont été débordés" Qu'est ce que cela aurait été si les 80 millions d'abstentionnistes (!!!!!) avaient voté.... Le "phare de la démocratie" n'est plus ce qu'il était....

à écrit le 05/11/2020 à 13:05
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Biden a critiqué la gestion du covid de Trump ,il va donc confiner son pays totalement si il est élu ,non ? .

à écrit le 05/11/2020 à 12:58
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Trump est un irresponsable pathologique. Ces trois derniers jours la police US a intercepté 13 bombes artisanales à destination d'élus, de média et de proches du parti démocrate. L'auteur a été arreté cette nuit, c'est un supporter acharné de T...

le 05/11/2020 à 15:20
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Ne vous inquiétez vous l'aurez votre vaccin, monnaie numérique (lagarde/BCE) , traçage (app obligatoire), passeport "adn/bio" (Gates), note citoyenne (modèle Chinois), bref la mondialisation, le rêve de ceux qui ont mis le pantin Biden ! Toute la ...

le 05/11/2020 à 22:06
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@jc Trump le supporter des dictateurs, le fauteur de troubles s'en va. Et oui le monde sera mieux avec Biden, comme il était mieux sous Obama. Trump installe la violence, c'est un narcissique malsain et malin. Au revoir Trump.

à écrit le 05/11/2020 à 11:46
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Que les USA élisent le Pitbull ou le koala, ce ne sera qu'avec une marge infime qui rendra infernale la gestion politique d'un pays qui se déchire. Si la moitié des USA se réjouira face a la colère de l autre moitié, c'est dans le reste du monde qu...

à écrit le 05/11/2020 à 11:42
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Biden c' est le mondialisme qui le promeut et qui gagne sont ticket de retour à 100 %, le bal va pouvoir reprendre là ou Trump l' avait "breaké", dans ce cas et avec une élection de Biden, le monde occidental aura per...

le 05/11/2020 à 15:05
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Bravo ! C'est exactement ça. Les gogos qui ne voient rien venir en hurlant H24 de la haine anti trump sans même savoir exactement pourquoi ??!!! vont se réveiller avec une piqure obligatoire au lieu de 2 cachetons sans compter le rêve du GRAND RESE...

le 05/11/2020 à 18:07
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Pas mieux. Accessoirement , la victoire de Biden signifie la consécration de la Chine comme hyperpuissance du 21e siècle et l'abdication de l'Amérique devant la situation. Les élites ultralibérales mondialisées, aux manettes depuis un an pour impose...

le 05/11/2020 à 22:07
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Commentaire digne du bac à sable à l'école maternelle... Bref vous avez tout faux mon pauvre. Trump et ses casseroles, et ses millions et qui a profité à fond de la mondialisation pour faire fortune...

à écrit le 05/11/2020 à 11:05
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Trump ou Biden, aux yeux du Monde les US ont perdu. Avantage Chine. Les US vont avoir beaucoup à faire pour gagner la prochaine manche et remettre la balle au centre. Le futur est tous les jours un peu plus dangereux.

à écrit le 05/11/2020 à 10:03
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Pourquoi avoir organisé un vote si Trump devait, doit, devra être élu (à 100% de certitude tellement il est merveilleux) ? Le coup d’État il n'a pas osé de front ou le fait plus "discrètement" ? S'il y a des violences une fois confirmé sa fin de mand...

à écrit le 05/11/2020 à 9:06
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Hollywood vient bien de ce pays pas de souci !

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