La Norvège ne puisera pas dans son fonds souverain pour ne pas doper l'inflation

L'Etat scandinave anticipe des dépenses budgétaires considérables en 2023. Mais plutôt que d'aller ponctionner dans son fonds souverain, qui engrange des revenus pétroliers records, la Norvège ne veut pas dépenser plus de 3% de la valeur du fonds pour éteindre durablement l'incendie de l'inflation et maintenir sa politique de taux d'intérêt.

La croissance encourage, d'ordinaire, à être moins rigide en matière d'austérité budgétaire. Mais la Norvège, pays qui engrange des milliards de recettes liées à la vente de ses hydrocarbures en Europe pour pallier aux ruptures commerciales avec la Russie, entend garder le contrôle budgétaire. Plutôt que d'aller ponctionner dans son fonds souverain, le plus important du monde avec près de 1.200 milliards d'euros d'actifs et qui grossit à vue d'oeil avec la crise énergétique, le gouvernement norvégien choisit de ne pas toucher à sa précieuse cagnotte pour éventuellement réduire son déficit.

Pour justifier cette parcimonie, l'Etat scandinave anticipe des dépenses budgétaires considérables en 2023. Ensuite, puiser dans son fonds souverain pour couvrir le déficit pourrait entraîner une hausse de l'inflation et des taux d'intérêt, a expliqué le ministère des Finances norvégien.

Pourtant, l'économie norvégienne connaît ces derniers mois une période porteuse. Choisi comme fournisseur remplaçant de la Russie en guerre en Ukraine, le pays a vu son excédent commercial atteindre 197,7 milliards de couronnes (19,6 milliards d'euros) en août, tiré par les exportations de gaz dont la valeur s'est élevée à 176,4 milliards de couronnes.

Mais contrairement aux gouvernements des pays européens qui ne freinent pas la dépense publique afin de financer des aides à destination des ménages et des entreprises fortement pénalisés par l'inflation, le pays nordique veut éviter l'effet de spirale :

"Les dépenses des revenus pétroliers doivent être réduites par souci pour l'économie et la forte inflation (...)

L'augmentation des dépenses des revenus pétroliers exercerait une pression supplémentaire à la hausse sur l'inflation et la trajectoire des taux d'intérêt, ce qui pourrait à son tour entraîner une hausse du chômage", a déclaré le ministère des Finances dimanche.

Pour rappel, la Banque centrale de Norvège a relevé en août dernier et pour la cinquième fois - en moins d'un an - son taux directeur. Et de ne pas exclure un sixième relèvement en septembre si nécessaire pour juguler une inflation qui a atteint 6,8% sur un an en juillet. Soucieux de maintenir le pouvoir d'achat de ses sujets, le royaume de Norvège cherche, comme en 2018, année d'investissements pétroliers, à créer une trajectoire stable.

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Limiter la dépense à 3%

Le fonds souverain norvégien investit les produits de l'industrie pétrolière norvégienne en actions et obligations étrangères. Concrètement, l'État vise à ne pas dépenser plus de 3% de sa valeur au cours d'une année normale.

Mais dans un contexte de forte inflation, l'exécutif norvégien s'attend à ce la consommation ralentisse. Et donc, que le revenu du gouvernement provenant des impôts et d'autres sources en dehors de l'industrie pétrolière augmentent beaucoup moins. Dans le même temps, il s'attend à voir augmenter les coûts prévus pour l'accueil des réfugiés, les projets de constructions publiques, le financement de l'électricité pour les ménages - de quelques 100 milliards de couronnes (9,28 milliards d'euros) en 2023 -, comparé à 2022, créant un écart budgétaire, ajoute le ministère.

Le gouvernement norvégien dévoilera son plan pour réduire cet écart lors de la présentation du budget pour l'année 2023 le 6 octobre.

(Avec Reuters)

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Commentaires 4
à écrit le 20/09/2022 à 20:41
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En même temps le fond souverain de la Norvège décompose l'épargne retraite des norvégiens en subissant de plein fouet la chute des valeurs technologiques au NASDAQ en ayant massivement acquis des titres Apple à l'instar de Berkshire Hathaway qui a...

à écrit le 20/09/2022 à 15:17
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Son fond souverain ou son fond de mer c'est la même chose. Sans pétrole en fond de mer pas de fond souverain. Ne soyons pas jaloux, nous avons aussi en France un fond alimenté gaillardement par les râleurs de tous poils. C'est le fond abyssal de notr...

à écrit le 19/09/2022 à 21:19
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On peut savoir pourquoi aucun fachos de gauche ne manifeste contre les superprofits de la Norvège... Pas d'indignation ou doffense? Non, quand c'est l'argent des copains ca va, c'est comme quand le Venezuela ami du staline français massacre des ind...

à écrit le 19/09/2022 à 20:58
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Bonjour, Cool un fond souverain... Toujours agréable pour favoriser les développement durable ... Bien sûr cela s'est le pétrole et le gaz de la mer du Nord....

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