Le FMI plaide pour une tarification du carbone afin de financer la transition énergétique

Par latribune.fr  |   |  590  mots
En France, la question de comment financer la transition écologique fait justement l’objet de discussions, à l’heure où le pays est déjà fortement endetté. (Crédits : Reuters)
La tarification du carbone est nécessaire pour financer la transition énergétique dans un contexte de forte inflation et d'endettement élevé, a estimé la numéro 2 du FMI. Selon Gita Gopinath, un tel dispositif permet aux États d'augmenter leurs revenus tout en réduisant leurs dettes. De son point de vue, ils ne doivent pas uniquement miser sur les subventions, bien qu'elles soient utiles pour financer les innovations.

Si tout le monde s'accorde sur l'importance d'amorcer la transition écologique, la question de son financement reste épineuse. Pour la financer, il est nécessaire de « mettre la tarification du carbone sur la table », selon la directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath, et ce, « malgré tous les problèmes politiques qui l'entourent ».

Pour la numéro 2 de l'institution, il ne faut pas miser uniquement sur les subventions, comme le font les États-Unis avec leur plan IRA (Inflation Reduction Act), qui en prévoit des milliards pour favoriser les industries vertes. « Nous ne pouvons pas considérer les subventions comme un substitut complet aux taxes sur le carbone », a-t-elle souligné, lors d'une conférence au Peterson Institute for International Economics (PIIE) à Washington mercredi. Elle regrette justement que « les discussions (ne) semblent porter [que] sur les seules subventions, et non sur les prix ».

Des avantages à la tarification carbone

Une tarification du carbone équivaut à acheter un « permis de polluer » pour couvrir les émissions de CO2. Pour Gita Gopinath, « sur le plan budgétaire, la tarification du carbone fait une énorme différence par rapport aux subventions ». Elle explique que cette stratégie permet d'augmenter les revenus - qui pourront être utilisés « pour aider les ménages et les entreprises touchés par cette transition » - et ainsi de réduire la dette.

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Le prix du carbone est aussi « très efficace pour canaliser les investissements là où ils doivent aller et fournir les bons types d'incitations aux acheteurs pour qu'ils passent d'un type d'énergie à un autre », a relevé Gita Gopinath.

Par ailleurs, a noté la numéro 2 du FMI, le risque de voir les taux d'intérêts continuer à augmenter « dépend beaucoup de la manière dont nous finançons la transition verte » : « Le faisons-nous en empruntant ? Ou en appliquant un prix au carbone ? », a-t-elle lancé.

Des subventions tout de même nécessaires

Gita Gopinath juge néanmoins qu'« il y a lieu de fournir des subventions » et « pense que personne ne peut le contester ». Elle a évoqué le « besoin de beaucoup plus d'innovation ». Mais « nous devons vraiment éviter une course aux subventions », a-t-elle mis en garde. Le risque, selon elle, est que les pays riches « déploient largement des ressources » conduisant à « des subventions beaucoup plus coûteuses (...) que nécessaire » et laissant « sur la touche » les pays plus petits ou avec moins de moyens financiers.

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Un sujet qui agite la France

Dans l'Hexagone, la question de comment financer la transition écologique fait justement l'objet de discussions, à l'heure où le pays est déjà fortement endetté - l'endettement de la France a atteint 111,6% du produit intérieur brut (PIB) fin 2022 et son déficit public 4,7% du PIB. Or, d'après un rapport de France Stratégie daté de fin mai, « la décarbonation va appeler à un supplément d'investissement » de 66 milliards d'euros par an.

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Le gouvernement cherche donc de l'argent. Il a récemment demandé aux ministères de réduire leurs dépenses à hauteur de 5% pour 2024. Des économies qui permettraient de dégager 7 milliards d'euros, qui serviront notamment à financer la transition écologique. Un plan de lutte contre la fraude fiscale, présenté début mai, doit également permettre à l'État de récupérer des ressources supplémentaires.

(Avec AFP)