La hausse des impôts sera nécessaire pour financer la transition écologique (France Stratégie)

Les investissements massifs nécessaires à la transition climatique vont impacter négativement aussi bien la croissance que la dette publique, d'après un rapport de France Stratégie. Mais cet endettement est « légitime » et retarder les investissements ne ferait qu'augmenter l'effort à fournir par la suite. L'organisme envisage de taxer le patrimoine financier des ménages les plus aisés et prévient sur l'important de répartir « équitablement » le coût économique de la transition.
D'après le rapport, seulement la décarbonation de la France reposera principalement « sur la substitution de capital aux énergies fossiles ».
D'après le rapport, seulement la décarbonation de la France reposera principalement « sur la substitution de capital aux énergies fossiles ». (Crédits : Michael Dalder)

Décarboner ne se fera pas sans incidences économiques : c'est ce qu'il ressort d'un rapport de France Stratégie publié ce lundi 22 mai. « La décarbonation va appeler à un supplément d'investissement » de 66 milliards d'euros, et ce, par an, affirme le document dont la rapporteure est l'inspectrice générale des finances Selma Mahfouz.

« Pour atteindre nos objectifs pour 2030 » de réduction de 55% des émissions par rapport à 1990 « et viser ainsi la neutralité en 2050, il va nous falloir faire en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en 30 ans », souligne le rapport. « Malgré des progrès récents, nous ne sommes pas encore sur la trajectoire de neutralité climatique », est-il encore écrit.

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Le document souligne que la décarbonation reposera à 85% « sur la substitution de capital aux énergies fossiles », que ce soit pour créer des réseaux de bornes de recharge, isoler les bâtiments ou construire de nouvelles centrales nucléaires. Et seulement à environ 15% sur des efforts de sobriété, comme baisser la température des pièces chauffées ou se déplacer moins.

Ce rapport, commandé par Élisabeth Borne à l'économiste Jean Pisani-Ferry, est publié alors que la cheffe du gouvernement présente justement ce lundi son plan pour accélérer la baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici 2030.

La croissance et l'endettement vont en pâtir

Les années qui viennent sont qualifiées de « décennie de toutes les difficultés » en raison de besoins massifs pour financer aussi bien les nouvelles mobilités, que l'industrie verte, l'isolation des bâtiments ou encore pour compenser l'effondrement du puits de carbone forestier français.

Or, les investissements indispensables pour limiter le réchauffement ne permettront pas de produire davantage, ou plus efficacement. Ils vont au contraire dans un premier temps entraîner un ralentissement de la croissance.

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Pour soutenir les ménages tout comme les entreprises face aux besoins d'investissement et aux effets inflationnistes de la transition, « les finances publiques vont être appelées à contribuer substantiellement à l'effort » et donc à alourdir l'endettement de l'État. Le risque que fait peser la transition énergétique sur la dette publique « est de l'ordre de 10 points de PIB en 2030 (ndlr : soit au moins 280 milliards d'euros), 15 points en 2035, 25 points en 2040 », d'après le rapport qui juge toutefois qu'il « ne sert à rien de retarder les efforts au nom de la maîtrise de la dette publique ».

Faire contribuer les plus aisés

Pour Jean Pisani-Ferry, « cet endettement est légitime », a-t-il déclaré lors d'une présentation à la presse. Retarder les investissements ne ferait en effet qu'augmenter l'effort à fournir par la suite par la France pour atteindre les objectifs climatiques.

« Un accroissement des prélèvements obligatoires sera probablement nécessaire », selon les auteurs qui estiment que cet accroissement « pourrait être assis sur le patrimoine financier des ménages les plus aisés ».

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Si le rapport considère que les idées de quota individuel de voyages en avion ou de comptes carbone individuels « sont loin d'être directement applicables », il prévient que « la question du juste partage des sacrifices est aussi essentielle que celle qu'a posée, en son temps, la participation de chacun à la défense du territoire national ».

Le rapport alerte ainsi sur le fait que le coût économique de la transition « ne sera politiquement et socialement accepté que s'il est équitablement réparti ». Rien que pour les « classes moyennes », l'investissement est « de l'ordre d'une année de revenu », ont calculé les auteurs, entre « rénovation du logement et changement du vecteur de chauffage d'une part, acquisition d'un véhicule électrique en lieu et place d'un véhicule thermique d'autre part ».

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(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 23/05/2023 à 9:54
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Tout changer sans que rien ne change, c'est similaire a refaire la déco de son intérieur de manière a avoir toujours autant de poussière ! ;-)

à écrit le 22/05/2023 à 19:11
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La seule solution,quitter ce pays gouverné par des supertaxeurs Ras le bol de ce racket!

à écrit le 22/05/2023 à 17:25
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Sachant que cette transition impose de faire mieux avec moins, je ne vois pas pourquoi on aurait besoin de plus de financement ! A moins de vouloir en faire un dogme au lieu d'une adaptation individuelle ! ;-)

à écrit le 22/05/2023 à 16:52
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Jean Pisani-Ferry reste fidèle à l'idéologie de la gauche : taxer davantage (alors que les prélèvements sont en France parmi les plus hauts au niveau mondial), en prenant dans le patrimoine ou les économies des Français. Pourquoi ne pas taxer les pr...

à écrit le 22/05/2023 à 16:50
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Pire, quelque 18% en masse de nos carcasses est du carbone, comment allons nous retirer ce gras.. Peut être une taxe..

à écrit le 22/05/2023 à 15:44
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Plutôt que taxer, pourquoi ne pas créer un environnement favorable à ce que ces capitaux investissent volontairement dans la transition ?

à écrit le 22/05/2023 à 15:07
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Toujours le même procédé de l'endettement et son excuse, pour inféoder une population ! Alors que la décarbonation demande à produire moins mais mieux et non, à "pédaler dans la semoule pour avoir l'air d'avancer" ! ;-)

à écrit le 22/05/2023 à 15:04
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Donc il faut taxer les produits américains et chinois importés qui sont bien plus sales que les nôtres. Tout en aidant d'autres pays à décarboner, prioritairement en Europe, y compris les pays non intégrés à l'UE, puis Moyen Orient et Afrique francop...

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