Le monde va devenir plus vert, plus numérique et moins inégalitaire, selon Pimco

Selon les perspectives à cinq ans du premier gestionnaire mondial d'actifs obligataires, ces trois tendances vont structurer l'économie mondiale, offrant des opportunités pour les investisseurs mais présentant des risques, notamment pour les perdants de ces mutations numériques et environnementales.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

Lundi, l'américain Pimco, le premier gestionnaire de fonds obligataires du monde - qui gère pour 2.210 milliards de dollars d'actifs - présentait ses tendances d'investissement pour les cinq prochaines années, issues de son "Forum séculaire", qui a réuni des spécialistes de divers horizons.

Dans un contexte de sortie - relative - de la crise sanitaire créée par la pandémie du Covid-19 et une tension sur l'ensemble des chaînes d'approvisionnement, notamment les marchés de l'électricité, Joachim Fels, conseiller économique international du fonds, voit dans les prochaines années une "ère de transition", où l'économie mondiale va connaître "probablement une croissance et une inflation plus incertaines, volatiles et divergentes qu'au cours de la décennie qui a précédé la pandémie", qu'il définit comme étant "la nouvelle normalité".

Durant cette période d'incertitudes, trois grandes tendances devraient "entraîner des transformations séculaires majeures" dans le monde. La première est "la transition vers les énergies vertes", avec la nécessité d'abandonner progressivement les énergies fossiles, importantes contributrices à l'émission des gaz à effet de serre.

L'augmentation des investissements dans les énergies "vertes" sera "partiellement, mais pas totalement, compensée par la baisse des investissements et la destruction de capital" dans les secteurs du charbon et du pétrole. Cette bascule porte un risque de perturbations dans l'approvisionnement, une hausse des prix de l'énergie qui pourrait peser sur la croissance et alimenter l'inflation.

Autrement dit, la flambée actuelle des prix de l'électricité, du charbon, du gaz naturel et du pétrole est un scénario qui pourrait se répéter à l'avenir.

Des gagnants et des perdants

En outre, cette transition est "un processus qui va créer des gagnants et des perdants", avec le risque politique de voir se renforcer des mouvements populistes avec la chute de l'emploi dans le secteur des énergies fossiles et leurs filières, l'augmentation des taxes et des prix du CO2, notamment si une taxe carbone est appliquée aux frontières.

La deuxième tendance est "l'adoption plus rapide des nouvelles technologies", notamment la numérisation et la robotisation croissantes de l'activité économique. Si le phénomène permet une augmentation de la productivité, il est toutefois difficile d'établir à ce stade, selon Joachim Fels et Andrew Balls, qui dirige la gestion obligataire internationale chez Pimco, si c'est "un phénomène ponctuel ou le début d'une tendance plus forte".

Ces nouvelles technologies qui vont monter en puissance seront en effet "perturbatrices pour ceux dont les emplois disparaîtront et qui n'auront peut-être pas les compétences nécessaires pour trouver un emploi ailleurs". Les deux experts remarquent que "comme pour la mondialisation, le côté sombre de la numérisation et de l'automatisation sera probablement une augmentation des inégalités et un soutien accru aux politiques populistes".

Rendre la croissance plus inclusive

C'est pourquoi la troisième tendance sera sociale avec la volonté de plus en plus affirmée de "vouloir partager plus largement les bénéfices de la croissance" pour la rendre "plus inclusive".

"Des preuves empiriques suggèrent, par exemple, que dans de nombreuses entreprises, l'équilibre du pouvoir dans la relation employeur-employé a commencé à se déplacer du premier vers le second, améliorant ainsi le pouvoir de négociation des travailleurs", constatent les deux experts.

Toutefois, avertissent-ils, "il reste à voir si cette tendance se poursuit ou si le travail à domicile, avec l'aide de la technologie, permet finalement aux entreprises d'externaliser davantage d'emplois vers des sites nationaux et mondiaux moins chers, préservant ainsi, voire augmentant, le pouvoir de négociation des employeurs".

En attendant, remarque l'expert, en matière d'investissement, "la reprise post-Covid-19 a mis en évidence la nécessité d'investir dans les infrastructures physiques - après des années de sous-investissement - en raison des tendances à la numérisation et à l'automatisation et de la pression en faveur de la transition écologique". Cela traduit, là aussi, une évolution majeure. "Alors que la dernière décennie était axée sur le software, la prochaine sera davantage marquée par les investissements hardware liés à ces tendances", prédit-il.

De  nouvelles opportunités pour les investisseurs

Quant aux actifs financiers, "les rendements des différentes classes d'actifs seront probablement plus faibles et plus volatils à l'horizon séculaire, compte tenu des valorisations initiales actuelles et d'un contexte marqué par des perturbations, divisions et divergences", souligne Joachim Fels. Néanmoins, une forte volatilité est aussi de nature à favoriser l'apparition d'opportunités dont les investisseurs actifs les mieux armés pourront tirer profit.

Enfin, il y a le risque inflationniste. Sa hausse pourrait conduire les banques centrales à resserrer leur politique monétaire accommodante. Mais, sur le long terme, "les taux devraient rester dans une fourchette relativement étroite, conduisant à des rendements plus faibles mais positifs pour les portefeuilles obligataires", prévoit le spécialiste des marchés obligataires.

Robert Jules
Commentaires 2
à écrit le 27/10/2021 à 5:37
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Plus vert, oui à long terme avec l'épuisement des ressources, plus numérique, oui et à moyen terme entièrement numérique pour mieux contrôler les populations et les pensées, plus égalitaire, heu... lol 😂🤣😂🤣

à écrit le 26/10/2021 à 18:02
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Facile après l'annonce des américains de faire payer des impôts aux riches ! ^^ Pour plus "vert" par contre j'en suis beaucoup moins sûr tandis que l'on nous soule avec les GES la pollution elle est catastrophique et complètement mise de côté.

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