« Le temps finira par prouver que la Chine est du bon côté de l'histoire » (Pékin)

Par Agathe Perrier  |   |  732  mots
« Nous déployons de grands efforts pour apaiser la situation, résoudre la crise et rétablir la paix », a déclaré Zhao Lijian, un porte-parole de la diplomatie chinoise. (Crédits : FLORENCE LO)
Au lendemain des déclarations de la secrétaire américaine au Trésor, qui a indiqué que la non-condamnation de l'invasion russe en Ukraine par la Chine menaçait son « intégration » dans l'économie mondiale, Pékin a fustigé ces accusions qu'elle considère « injustifiées ». Le géant asiatique affirme œuvrer pour la paix et se trouver du « bon côté de l'histoire ».

Alors que la guerre en Ukraine vient d'atteindre son cinquantième jour, la Chine, proche partenaire diplomatique et économique de Moscou, n'a toujours pas condamné l'invasion russe. Le géant asiatique se contente d'appeler toutes les parties à la retenue et au dialogue. Dans ce contexte, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré mercredi 13 avril que la position de la Chine vis-à-vis de la Russie menaçait son « intégration » dans l'économie mondiale.

« La Chine a récemment affirmé sa relation spéciale avec la Russie. J'espère ardemment que la Chine fera quelque chose de positif de cette relation et aidera à mettre fin à cette guerre », a indiqué Janet Yellen. Elle a également averti le géant asiatique qu' « à l'avenir, il sera de plus en plus difficile de séparer les questions économiques des considérations plus larges d'intérêt national, y compris la sécurité nationale ».

Interrogé ce jeudi 14 avril, le ministère chinois des Affaires étrangères a fait part de son mécontentement. « Nous déployons de grands efforts pour apaiser la situation, résoudre la crise et rétablir la paix », a déclaré Zhao Lijian, un porte-parole de la diplomatie chinoise, appelant à ne pas « déformer la position » de Pékin. « La souveraineté de l'Ukraine doit être préservée. Les préoccupations légitimes de la Russie en matière de sécurité doivent également être respectées », a-t-il répété lors d'une conférence de presse.

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« Le temps finira par prouver que la Chine est du bon côté de l'histoire »

La ministre américaine a, plus largement, fustigé les pays et entreprises qui n'ont pas rompu leurs liens commerciaux avec la Russie, soulignant que ces pays espèrent sans doute « remplir le vide laissé par les autres en préservant leurs relations avec la Russie. Ce genre de motivations ne tient pas sur le long-terme ».

« Nous nous opposons aux accusations et aux soupçons injustifiés contre la Chine, sans parler des pressions ou de la coercition dont elle fait l'objet », a indiqué Zhao Lijian. Et d'ajouter : « Le temps finira par prouver que la Chine est du bon côté de l'histoire ».

Pékin estime néanmoins, comme Moscou, que l'expansion de l'Otan a contribué à déclencher la guerre en Ukraine. La position de la Chine vis-à-vis de la Russie tranche avec celle des Occidentaux, qui ont fermement condamné l'opération militaire en Ukraine et imposé des sanctions contre l'économie et les dirigeants russes, notamment des gels d'avoirs et des interdictions de transactions contre les grandes banques russes.

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L'inflation augmente en Chine aussi, notamment à cause de la guerre

L'inflation a fortement accéléré le mois dernier en Chine. En mars, l'indice des prix à la consommation s'est inscrit en hausse de 1,5% sur un an contre 0,9% en février, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS). Les experts misaient sur une hausse moins forte, de l'ordre de 1,4%, selon le consensus de l'agence financière Bloomberg.

Cette hausse est liée à « l'augmentation mondiale des prix du blé, du maïs et du soja » a relevé Dong Lijuan, une statisticienne du BNS. Les cours mondiaux des produits alimentaires flambent en effet depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février. Les prix des légumes frais ont ainsi augmenté de 17,2% sur un an.

Autre raison de cette augmentation de l'inflation : les foyers épidémiques qui se sont multipliés en Chine le mois dernier. Le pays est frappé par le Covid-19 comme jamais depuis la vague initiale apparue dans le pays à la fin 2019. Des dizaines de millions de Chinois se retrouvent confinés à domicile, entraînant des difficultés d'approvisionnement et une flambée des prix de certains produits.

« L'indice des prix à la consommation pourrait poursuivre sa hausse en avril, les ménages dans toute la Chine faisant des stocks de nourriture et autres produits au vu du confinement à Shanghai », observe l'économiste Ting Lu, de la banque Nomura.

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(Avec AFP)