Les investissements étrangers en chute libre en 2017

Par Grégoire Normand  |   |  656  mots
La Chine est l'un des rares pays où les flux d'investissements étrangers ont progressé entre 2016 et 2017. (Crédits : Reuters)
Les investissements directs étrangers dans le monde ont reculé de 23% l'année dernière. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont été particulièrement touchés par ce phénomène selon un rapport de l'ONU.

Le repli suscite des inquiétudes. Dans son rapport annuel publié ce mercredi 6 juin, la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a annoncé que les flux d'investissement directs étrangers (IDE) ont diminué de 23% en 2017 après avoir commencé à baisser entre 2015 et 2016. Selon le secrétaire général de l'organisation Mukhisa Kituyi :

"la tendance à la baisse des investissements directs étrangers et le ralentissement des chaînes de valeurs mondiales sont une source importante d'inquiétude pour les décideurs politiques, particulièrement ceux des pays en voie en développement."

Baisse des fusions-acquisitions

Dans son document, l'institution internationale souligne que les IDE sont passés de 1.870 milliards de dollars en 2016 à 1.430 milliards de dollars en 2017. Les économistes expliquent que ce déclin repose avant tout sur la diminution des grandes fusions-acquisitions (-22%) et la baisse du taux de rendement de ce type d'investissement.

Des contrastes à l'échelle du globe existent. Dans les économies développées, les flux sont passés de 1.133 milliards de dollars à 712 milliards entre 2016 et 2017. La baisse est particulièrement marquée dans l'Union européenne avec une chute de 42% sur la même période. Pour les économies en développement, les flux sont stables (autour de 670 milliards de dollars). Enfin dans les économies en transition, la baisse est de 27%.

Selon le rapport, la baisse des IDE dans les pays riches s'explique surtout par "les réductions importantes" au Royaume-Uni, faisant suite à la valeur exceptionnellement élevée des fusions-acquisitions en 2016, et aux Etats-Unis, "où les autorités ont resserré la vis aux inversions fiscales", mécanisme par lequel des entreprises américaines délocalisent leur siège social dans un pays à taux d'imposition plus bas en achetant une société étrangère.

Du côté des taux de rendement, les indicateurs ne sont pas favorables non plus. Le taux de rendement pour 2017 sur des investissements directs étrangers s'élève à 6,7% contre 8,1% en 2012. Le rendement est en déclin dans toutes les régions du monde.

Tous les secteurs concernés

La chute des fusions-acquisitions a concerné l'ensemble des secteurs économiques, aussi bien dans l'industrie manufacturière que dans les services. Les annonces de nouveaux projets ont également baissé de 14%. Les projets d'investissement dans l'industrie manufacturière ont "considérablement ralenti sur la période 2013-2017" en Afrique, en Amérique latine et dans les pays en développement sur le continent asiatique.

La France se porte bien

Contrairement à de nombreux pays, la France a connu une évolution favorable. Selon les résultats de la Cnuced, le montant des investissements directs étrangers est passé de 35 milliards de dollars en 2016 à 50 milliards en 2017. L'économie tricolore se situe ainsi au septième rang des puissances mondiales en termes d'attractivité pour les investissements étrangers et se démarque ainsi de bien d'autres pays de l'Union européenne.

Ces résultats corroborent les chiffres relayés au mois d'avril par Business France. L'organisme avait ainsi recensé près de 1.300 décisions d'investissements en 2017 pour atteindre un niveau inédit en 10 ans. Ce qui révèle un renforcement de l'attractivité de l'économie française ces dernières années.

> Lire aussi : Investissements étrangers : la France connaît une embellie

De fragiles perspectives

Les projections opérées par la Cnuced signalent une croissance fragile pour les investissements directs étrangers.

"Les flux au niveau mondial devraient croître de 10%, mais restent à une moyenne inférieure sur les dix années passées."

Pour expliquer ces projections, les auteurs du rapport soulignent que "les risques sont significatifs et les incertitudes politiques abondent." L'escalade et l'intensification des tensions commerciales pourraient avoir des conséquences négatives sur les investissements étrangers. Par ailleurs, la réforme fiscale aux Etats-Unis et la compétition fiscale que cela devrait engendrer pourraient également affecter les investissements au niveau global.

>Lire aussi : "Avec Trump, le mercantilisme devient la règle au détriment du multilatéralisme"