Moscou accuse le président turc Erdogan et sa famille de commercer avec Daech

Par latribune.fr  |   |  459  mots
Pour Erdogan, les accusations de Poutine relèvent purement et simplement de la "calomnie".
Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgu a tenu mercredi des accusations à l'encontre de Recep Tayyip Erdogan, qui serait selon lui impliqué dans des transactions financières avec le groupe djihadiste. Le chef d'Etat turc a très vite réagi, qualifiant ces accusations de "calomnie".

Article publié à 15h10, mis à jour à 16h58.

Dans la série des représailles qui font suite à la destruction d'un avion russe par l'aviation turque, le 24 novembre dernier, Moscou étaye son réquisitoire. C'est le ministère russe de la Défense Sergueï Choïgu qui en a pris l'initiative, mercredi 2 décembre, accusant le président turc Recep Tayyip Erdogan et sa famille d'être impliqués dans des transactions financières avec le groupe djihadiste Daech (acronyme arabe de l'autoproclamé Etat islamique), qui contrôle une partie de la Syrie et de l'Irak.

Selon le ministère, qui entend dévoiler la semaine prochaine des informations montrant qu'Ankara aide l'organisation terroriste, la Turquie est le principal consommateur de pétrole produit dans les territoires sous le contrôle de Daech.

"Personne n'a le droit de calomnier la Turquie"

Le ministère avance comme preuves des images satellites qui montreraient des camions-citernes franchissant la frontière syro-turque, et dit avoir connaissance de trois itinéraires par lesquels le pétrole de l'EI est acheminé en Turquie. Lundi, Vladimir Poutine en personne avait affirmé que la décision turque d'abattre un Soukhoï russe le 24 novembre près de la frontière syrienne répondait à une volonté de protéger des livraisons de pétrole en provenance des zones dominées par l'EI.

Le président russe a également refusé de rencontrer son homologue turc en marge de l'ouverture de la Conférence de Paris sur le climat (COP21).

"Personne n'a le droit de calomnier la Turquie en l'accusant d'acheter du pétrole au groupe djihadiste Etat islamique", a réagi le président turc, ajoutant qu'il quitterait ses fonctions si de telles accusations étaient avérées.

Et d'ajouter: "Nous observons avec regret la réaction immodérée des Russes, alors que le monde entier sait que nous avons raison."

Le pétrole, carburant économique de Daech

Le pétrole est l'un des principaux moyens ressorts de l'économie de guerre menée par les djihadistes de Daech. Selon une enquête publiée au mois d'octobre par plusieurs journalistes du Financial Times, Il rapporte en moyenne 1,5 million de dollars par jour à l'organisation terroriste. D'après cette même enquête, Daech exploite deux champs pétroliers en Syrie, al-Jibssa et al-Omar et écoule son brut via des camions citernes venant de toute la région, même de parties avec lesquels l'organisation terroriste est en lutte. Ces camions peuvent attendre plusieurs semaines avant de charger leur pétrole et le livrer à des raffineries locales.

(Avec Reuters)