Royaume-Uni : les femmes à faibles revenus pourraient être exclues du marché du travail, selon une étude

Par latribune.fr  |   |  590  mots
Au Royaume-Uni, les femmes aux faibles revenus risquent d'être exclues du marché du travail, notamment à cause de l'automatisation de certains emplois et du coût élevé des formations. (Crédits : DR)
Une étude menée par Challenge Works, une ONG britannique, révèle que les femmes sont sur-représentées dans les métiers à faibles rémunérations. Or, avec le coût élevé des formations, les contraintes familiales et l'automatisation des emplois peu qualifiés, ces femmes aux faibles revenus pourraient se retrouver exclues du marché du travail britannique.

Selon l'étude réalisée par l'ONG Challenge Works auprès de 2.000 adultes représentatifs de la population britannique, « les femmes sont actuellement sous-représentées dans les secteurs des sciences et technologies (STEM) et surreprésentées dans les secteurs à faibles rémunérations, comme la distribution, le nettoyage, la restauration et les soins à la personne ».

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Or, si les métiers liés aux STEM « devraient se développer à l'avenir », les emplois peu qualifiés et peu rémunérés, occupés en grande partie par des femmes, « sont les principaux concernés par les risques d'automatisation », poursuit Challenge Works.

Créer son entreprise pour avoir de la flexibilité

Certaines femmes, certes moins nombreuses que les hommes, décident de créer leur entreprise. Mais elles le font souvent par nécessité, parce qu'elles n'ont pas trouvé un emploi qui leur donne suffisamment de flexibilité horaire ou de travail à distance leur permettant notamment de s'occuper de leurs enfants, ou de parents âgés.

En effet, environ 75% des employeurs dans les secteurs d'avenir disent embaucher des personnes qui peuvent travailler à plein temps, souvent de longues heures, et dans des bureaux, précise l'étude menée pour Challenge Works.

Un dilemme : se former ou s'occuper des enfants ?

L'étude constate également que près d'un tiers des mères modestes qui travaillent s'attendent à devoir y renoncer dans le futur pour s'occuper de membres de leur famille, sachant que les gardes d'enfants ou maisons de retraite ont souvent des coûts astronomiques au Royaume-Uni.

Au Royaume-Uni, les femmes se retrouvent « devant un dilemme entre se former ou prendre soin de ses enfants » et le coût des gardes est si élevé que « souvent travailler n'était pas avantageux », relève Teodora Chis qui a dirigé ayant mené l'étude. Si l'étude porte sur le Royaume-Uni, la chercheuse estime que « dans beaucoup de pays le poids de l'éducation et de la garde d'enfants repose sur les femmes également ».

Par ailleurs, un tiers des femmes interrogées se sentent prises dans un cercle vicieux : elles ne briguent pas des postes mieux rémunérés par manque de qualification, mais n'ont pas les ressources pour les obtenir. Teodora Chis souligne aussi que des facteurs « systémiques » ou « culturels » contribuent à une ségrégation de l'emploi, les femmes étant détournées dès le plus jeune âge de certaines carrières dans les STEM.

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Une loi à venir sur la conciliation du travail et de la vie personnelle

Dans le cadre législatif, le Parlement britannique a récemment finalisé l'adoption d'une nouvelle loi au mois de juillet, qui doit encore être promulguée. Elle vise à faciliter les demandes de travail hybride, à temps partiel, à distance ou autre. Cette loi entend notamment aider les salariés « à concilier leur travail et leur vie personnelle », en particulier ceux qui « s'occupent d'enfants ou de personnes vulnérables ». Les employeurs auront l'obligation d'explorer les options disponibles avec leur salarié avant tout rejet d'une demande de flexibilité qui devra être argumentée.

Au mois de mars, le gouvernement du pays avait déjà annoncé un renforcement des aides aux familles pour payer leurs frais de garde d'enfants, en pleine crise du coût de la vie, pour aussi permettre aux mères de travailler davantage à l'heure où le Royaume-Uni pâtit de pénuries de main d'œuvre.

(Avec AFP)