Pour attirer les femmes dans le numérique, il faut encourager les reconversions, selon Numeum

DIJON. Numeum, première organisation professionnelle du secteur numérique, a choisi d'organiser en Bourgogne-Franche-Comté le premier séminaire national des délégations régionales « Femmes du Numérique ». « Si les personnes qui programment et qui injectent les algorithmes, sont à 90% des hommes, cela pose un vrai souci d'équilibre », note le syndicat professionnel Numeum (ex Syntec numérique).
(Crédits : Sonia Blanc)

La parité dans le monde de la Tech est encore une promesse lointaine. En 2022, la part moyenne des femmes dans ce secteur d'activité a difficilement atteint 22 % en au sein des 27 pays de l'Union européenne, selon l'étude « More Women in Tech » du cabinet McKinsey. En France, seules 14 femmes dirigent ou sont fondatrices d'une des 120 start-up ou scale-up de la FrenchTech et aucune n'est à la tête d'une société du Next 40.

Pour Maÿlis Staub, fondatrice de Pocket Result, un éditeur de logiciels, le manque de femmes dans le secteur du numérique est un enjeu à la fois sociétal et économique. « À l'heure de la révolution des Large Langage Models (LLM), ce qu'on appelle les IA génératives, si les personnes qui programment et qui injectent les algorithmes, sont à 90% des hommes, cela pose un vrai souci d'équilibre, puisqu'inconsciemment, la plupart du temps, les stéréotypes de genre sont exacerbés », alerte Maÿlis Staub, également présidente de la commission « femmes du numérique » au sein du syndicat professionnel Numéum. « C'est vraiment dangereux de continuer à ce que ce monde du numérique nous modélise avec, sur les métiers les plus techniques, entre 10 et 15% seulement de femmes », poursuit-elle.

Sur l'enjeu économique, le secteur connait une pénurie de talents et, comme d'autres, des difficultés à recruter, aussi bien des jeunes diplômés que des personnes plus expérimentées. « En 2020, il y avait seulement 21% de filles dans les écoles d'ingénieur. En 2022 à Centrale Supélec, qui est vraiment une des voix majeures pour l'informatique numérique, c'était 17% ! », explique Maÿlis Staub. L'entrepreneuse craint une pénurie de talents encore plus forte dans les trois ans à venir, notamment à cause de la réforme de maths au baccalauréat, qui attire de moins en moins de candidats dans les filières scientifiques et, in fine, dans les écoles d'ingénieurs. « Une étude commandée par l'Union Européenne à McKinsey montre que la non-féminisation des métiers de manière générale fait perdre à l'Europe, 6.000 milliards d'euros par an », rappelle Maÿlis Staub. « Il a été démontré que plus une équipe est mixte, plus elle est performante », poursuit-elle.

Plus de femmes dans la tech via la reconversion

« Le rôle de Numeum est d'accompagner ses adhérents, les entreprises du numériques, dans leur développement et leur croissance », précise Maÿlis Staub. Ce lobby de l'industrie du numérique, membre de la Fédération Syntec, créé en 1969, sous le nom Syntec informatique, est devenu Syntec Numérique en 2010, puis a fusionné avec Tech In France pour devenir Numeum en 2021. Il compte désormais près de 2.500 sociétés adhérents et pèse 85% du chiffres d'affaire du secteur du numérique qui s'élevait à 60,9 milliards d'euros en 2022. Certes, de nombreux dispositifs et associations existent déjà en ce qui concerne l'attractivité des jeunes filles dans ces métiers, ou l'accompagnement des femmes dans leur carrière interne, notamment auprès de Pôle Emploi.

Lors de ce séminaire national qui s'est déroulé à Dijon, au Village by CA, début juillet, avec l'ensemble des 12 délégations régionales, une des solutions apparues et qui pourrait répondre à cette problématique de recrutement, serait de se tourner vers les personnes en reconversion. « Nous avons travaillé sur ce sujet en nous concentrant plutôt sur l'offre que nous pouvons apporter à nos adhérents afin de les accompagner au mieux pour qu'ils recrutent des femmes en reconversion », explique Maÿlis Staub. « Lorsque vous sortez un produit qui travaille l'offre, cela stimule la demande. Donc, plus vous allez avoir d'entreprises qui veulent recruter des femmes en reconversion, qui communiquent dessus, et qui sont bien accompagnées, plus cela va susciter normalement de l'attractivité auprès des femmes », poursuit-elle. Une théorie que la dirigeante de Pocket Result connait bien puisqu'elle l'a mise en pratique en 2017, en créant un nouvel établissement à Boulogne-sur-Mer dans le but de recruter quatre personnes en reconversion. « C'était un pari, mais intuitivement, je me disais que forcément on allait avoir des personnes motivées, matures, loyales, et reconnaissantes », se souvient-elle. Aujourd'hui, cette entité s'agrandit. « Ce sont des personnes qui ont un état d'esprit, absolument génial. Elles créent une force pour l'entreprise. C'est pourquoi depuis 2017, je crois très fortement en la reconversion ». La Commission « Femmes du numérique », a ainsi élaboré un plan d'action pour les mois à venir pour aider ses adhérents dans leurs démarches, afin de les sensibiliser à l'intérêt de recruter une femme en reconversion, aux dispositifs existants, voire aux financements possibles.

Lire aussi Nonno : le robot qui réhumanise les Ehpad

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 19/07/2023 à 8:10
Signaler
Mais pourquoi vous leur en voulez tant aux femmes ? Elles sont pourtant les meilleurs soldats du capitalisme et de notre système généré par une classe dirigeante déficiente intellectuellement, elles font tout ce que vous leurs dites de faire, elles p...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.