Trump soupçonné d'avoir livré des informations classifiées à la Russie

Par Grégoire Normand  |   |  745  mots
L'entourage de Donald Trump a démenti les informations du Washington Post.
Le président américain aurait transmis des informations au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov selon des révélations du Washington Post. Si ces informations étaient avérées, la crédibilité de Donald Trump pourrait être fortement remise en cause sur le plan diplomatique.

L'administration américaine ne connaît pas de répit depuis son arrivée au pouvoir. Seulement quelques jours après le limogeage du directeur du FBI, le Washington Post a publié une enquête, ce lundi 15 mai, qui affirme que le président américain aurait divulgué des informations classifiées au ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et à l'ambassadeur russe aux Etats-Unis Sergueï Kislyak. La transmission de ces informations auraient eu lieu lors de la rencontre entre les Russes et le chef d'Etat américain la semaine dernière. Ces informations viendraient d'un pays allié des Etats-Unis qui avait réclamé qu'elles ne soient pas communiquées.

Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse aux Etats-Unis le 10 mai dernier. (Crédits : Reuters/Yuri Gripas).

Une information classée confidentielle

D'après des responsables interrogés par le quotidien américain, Donald Trump a apporté des précisions aux représentants russes sur les risques liés à l'Etat islamique concernant l'usage d'ordinateurs portables à bord des avions. Depuis plusieurs mois, l'administration américaine redoute que le groupe terroriste utilise ces outils pour dissimuler des bombes et envisage même d'étendre l'interdiction des ordinateurs portables en cabine à des pays européens. La Maison-Blanche a justifié cette réflexion par de nouvelles informations sur les techniques utilisées par des groupes terroristes.

De leur côté, plusieurs proches du président américain s'inquiètent des informations qu'il est capable de relayer auprès d'autres puissances étrangères. Un responsable interrogé le mois dernier estimait:

"Il n'a pas de filtre, ça rentre par une oreille et ça ressort par la bouche.[...] C'est un fanfaron compulsif", estimait lundi un second responsable. Tout est toujours meilleur, plus grand [...] mieux que tout le monde. Dans ce cas, il se vantait de l'importance du renseignement américain".

Surtout que selon plusieurs sources interrogées par Reuters, l'information divulguée mercredi dernier était classée "top secret" et ne serait connue que par une poignée de cadres du renseignement américain. Interrogées par l'agence de presse, la CIA et la NSA n'ont pas souhaité faire de commentaire.

Un démenti de la Maison-Blanche

A la suite de ces nouvelles révélations, la Maison blanche a jugé que les informations publiées par le journal américain étaient "incorrectes". Le conseiller national à la sécurité H. R. McMaster a déclaré:

"L'histoire publiée ce soir est fausse [..] Aucune source de renseignement, ni méthode, n'a été évoquée à aucun moment, et aucune opération militaire n'a été divulguée, qui n'était pas déjà connue publiquement [...] J'étais dans la pièce. Ça n'est pas arrivé".

De son côté, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson a annoncé dans un communiqué que la rencontre avait porté en grande partie sur la lutte antiterroriste. "Pendant ces échanges, la nature des menaces spécifiques a été discutée, mais ils n'ont pas discuté de sources, de méthodes ou d'opérations militaires", a expliqué le chef de la diplomatie américaine.

Chez les démocrates, le numéro deux du parti au Sénat Dick Durbin a jugé ces révélations "dangereuses et imprudentes" et a réclamé une enquête indépendante sur Twitter.

"[Ces révélations] sont dangereuses et imprudentes. Les républicains doivent faire passer les intérêts de la nation avant ceux du parti et demander à un procureur spécialisé de mener une enquête indépendante."

Trump aurait respecté la loi

Si les nouvelles révélations du Washington Post ont suscité des débats sur les agissements de Trump, ce dernier bénéficie d'une relative souplesse pour déclassifier des informations confidentielles et lever le secret gouvernemental. En revanche, le comportement du président américain pourrait sérieusement remettre en cause la confiance accordée par les pays alliés pour partager des informations confidentielles avec les Etats-Unis. Par ailleurs, les critiques de Donald Trump à l'égard d'Hillary Clinton concernant la gestion de sa messagerie privée lorsqu'elle était secrétaire d'Etat pourraient se retourner contre le dirigeant américain si les informations du Washington Post sont avérées, portant ainsi un coup à sa crédibilité.