Un « crime de guerre » : l'Union européenne fustige le blocage par la Russie des céréales en Ukraine

Par latribune.fr  |   |  652  mots
Le blocage des exportations (Crédits : Reuters)
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a qualifié de « crime de guerre » la stratégie russe de blocage du blé et du maïs en Ukraine. Réunis au Luxembourg ce lundi avec ses homologues de l'Union européenne, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a, de son côté, appelé la Russie à « cesser le blocus des ports de l'Ukraine et cesser de détruire les infrastructures de stockage en Ukraine ». La guerre en Ukraine couplée à de mauvaises récoltes dans plusieurs régions du monde ravive la crainte de famines de grande ampleur.

Le spectre d'une famine internationale, conséquence directe de la guerre en Ukraine, plane et inquiète les diplomates internationaux. Le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell, a accusé lundi la Russie de commettre un « véritable crime de guerre » en bloquant des exportations de céréales ukrainiennes au risque d'aggraver le risque de famine dans le monde.

« On ne peut imaginer que des millions de tonnes de blé restent bloquées en Ukraine quand le reste de la population mondiale souffre de la faim. C'est un véritable crime de guerre. Je ne peux pas imaginer que cela durera encore longtemps: sinon, ce serait vraiment quelque chose dont la Russie serait tenue responsable », a-t-il précisé au Luxembourg avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Pour rappel, « 25 millions de tonnes de céréales destinées à être exportées sont toujours bloquées en Ukraine, et on ne sait pas si ces 25 millions de tonnes, qui devraient ressortir dans environ un mois de la nouvelle campagne agricole, pourront quitter le pays », affirmait à La Tribune Diane Mordacq, chargée de recherche au Club Demeter. L'armée russe occupe d'importantes régions agricoles dans l'est du pays et impose un blocus en mer Noire qui empêche l'exportation de céréales, fait flamber les prix et menace de faim des millions de gens dans le monde.

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La France a repris les accusations de Josep Borrell. « La Russie doit cesser de jouer avec la faim dans le monde », a averti la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. « La Russie doit cesser le blocus des ports de l'Ukraine et cesser de détruire les infrastructures de stockage en Ukraine », a-t-elle ajouté. « Les Européens vont aider les Ukrainiens dans la durée. Ils vont lui accorder un soutien politique, humanitaire et militaire. Un message est adressé à la Russie et elle doit le comprendre », a-t-elle souligné.

Déminage, pont logistique : la France avance des propositions

« La France soutient résolument les efforts du secrétaire général des Nations unies et le rôle de la Turquie pour tenter de trouver un accord entre la Russie et l'Ukraine » afin de permettre les exportations de céréales d'Ukraine par la mer Noire, a-t-elle ajouté. « Laisser les céréales bloquées est dangereux pour la stabilité dans le monde », a martelé Catherine Colonna. Dans le sillage d'autres matières premières, les prix des céréales ont bondi ces derniers mois, rendant plus difficile l'approvisionnement de pays en développement. Depuis janvier, le cours du blé a quasiment doublé.

Pour remédier à cette crise alimentaire, la France a proposé plusieurs pistes par la voix d'Emmanuel Macron pour débloquer les exportations de céréales, essentiellement du blé et du maïs, retenus dans le port d'Odessa. Après avoir offert les services de la France pour déminer les abords du port en question, ce que refuse la Russie, Emmanuel Macron a suggéré de créer un pont logistique pour faire transiter les stocks de céréales ukrainiennes par la Roumanie.

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Au-delà de la France et de l'Union européenne, la crise alimentaire est un sujet de préoccupation dans l'ensemble du monde au moment où la faim menace une partie de l'Afrique. Si les graves tensions alimentaires provoquées par la Russie et de mauvaises récoltes ailleurs dans le monde ne sont pas jugulées, le record de 100 millions de personnes déracinées va grossir encore d'« un grand nombre de gens », a prévenu le Haut Commissaire aux réfugiés de l'ONU.