PODCAST Inflation : un coup de mars et ça repart ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. Bruno Le Maire l'a assuré lundi, il n'y aura pas de « mars rouge » faisant référence au risque de nouvelle flambée des prix de l'alimentation. Faut-il le croire ? Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)


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Le ministre de l'Economie est dans son rôle : alors que les prix hors produits frais ont déjà flambé de 14%, presqu'autant que ceux de l'énergie, en janvier, les consommateurs ont de quoi s'inquiéter.

Les négociations commerciales entre les fournisseurs et les distributeurs qui doivent en principe se clôturer le 1er mars ne se passent pas bien et pourraient entraîner une nouvelle valse des étiquettes. Les demandes d'augmentation des prix de vente des producteurs oscillent entre 10 et 30%. En clair, dépêchez-vous de remplir les caddies.

Que peut faire le gouvernement pour freiner la hausse des prix ?

Il travaille sur un projet de panier anti-inflation afin de bloquer pendant trois mois à prix coûtant une cinquantaine de produits de première nécessité : farine, pâtes, huile, café, yaourt, ...

Porté par la ministre des PME et du commerce, Olivia Grégoire, ce dispositif a été lancé par anticipation par certaines enseignes comme Système U et LIDL. Mais la généralisation de ce panier tarde à se concrétiser.

En annonçant qu'il allait recevoir les distributeurs dans les prochains jours, Bruno Le Maire a plutôt semblé abandonner cette piste. A ce stade, il ne sait pas si un panier anti-inflation verra le jour.

Bloquer les prix serait-il efficace ?

Ce n'est pas si simple et cela peut se retourner contre son objectif. La difficulté, c'est qu'on ne peut pas empêcher les enseignes de se rattraper sur d'autres produits car elles vont raisonner à marges constantes.

Il y a même, comme on l'a constaté en Hongrie, un vrai danger de faire déraper encore plus l'inflation. L'expérience de blocage des prix tentée dans ce pays a échoué et la hausse des prix s'est amplifiée sur les produits non plafonnés et a entraîné des pénuries.

Ce panier anti-inflation est donc une fausse piste ?

C'est le type même de la fausse bonne idée sans grand bénéfice politique sinon temporaire. Ancien ministre de l'agriculture sous Nicolas Sarkozy, le patron de Bercy n'a pas perdu son bon sens paysan.

Alors que s'ouvre vendredi le salon de l'agriculture, il sait que la présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole, est farouchement opposée à ce panier anti-inflation qui favoriserait selon elle les importations à bas prix au détriment des producteurs français.

Plutôt que de bloquer les prix, pratique d'un autre temps, il vaut mieux faire confiance au marché tout en protégeant les ménages les plus vulnérables par des aides ciblées. D'où l'idée d'un chèque alimentation, comme on est en train de le faire sur les carburants, au risque, là encore, de l'usine à gaz.


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Philippe Mabille
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