PODCAST La baisse inattendue du prix de l'énergie

HISTOIRES ECONOMIQUES. 2023 commence sur une chute inattendue des prix de l'énergie, après une année de hausses sur fond de guerre en Ukraine. Bonne nouvelle ? Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)


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C'est une divine surprise, même si les meilleurs experts y perdent leur latin. Jugez plutôt... Ce lundi, le prix du gaz sur le marché de gros est tombé à son plus bas depuis le 21 février 2022, avant le déclenchement de l'attaque de la Russie sur l'Ukraine. Le mégawattheure de gaz ne valait que 73 euros contre près de 300 en août dernier lors de l'annonce de la réduction des livraisons par Moscou. La même tendance baissière s'observe sur les marchés de l'électricité.

Nos factures vont-elles baisser ?

Pas tout de suite car les prix ont beaucoup monté en 2022 et restent trois fois plus élevés qu'aux Etats-Unis. La baisse récente n'empêchera pas la hausse plafonnée à 15% des factures de gaz de ville à partir de ce mois de janvier et d'électricité à compter de février. Mais si cela dure, cela peut contribuer à freiner l'inflation dans le courant de l'année.

Comment expliquer cette baisse des prix du gaz sur le marché de gros ?

La meilleure façon d'y comprendre quelque chose est sans doute d'écouter le bulletin météo de Marie-Pierre Planchon, tant le redoux de la météo semble expliquer ce qui n'est encore qu'une accalmie.

Ensuite, c'est vrai que dans toute l'Europe, la hausse des prix à ralenti la demande d'énergie. Tous les acteurs ont joué le jeu : les ménages ont pu baisser leur chauffage, grâce à un hiver plus clément qu'attendu.

Et surtout, beaucoup d'entreprises ont réagi à la hausse des prix de l'énergie par une baisse de leur production. C'est hélas une des causes de la chute de l'activité économique qui risque selon le FMI de se prolonger en 2023, où beaucoup de pays seront en récession de ce fait.

Et qu'en est-il en France ?

Selon le gestionnaire du réseau d'électricité, RTE, l'industrie a réduit de 12% sa consommation d'électricité au second semestre. Et la baisse de la consommation de gaz atteindrait  30% dans certains groupes industriels a indiqué Jean-Pierre Clamadieu, le patron d'Engie.

Il est encore trop tôt pour faire la part entre la sobriété subie et la sobriété choisie. D'autant que la baisse actuelle des cours s'explique aussi par le fait que les stocks étaient pleins cet hiver. Rien ne dit que cette situation ne va pas à nouveau s'inverser. S'il y a une nouvelle vague de froid avant la fin de l'hiver, les prix repartiront à la hausse.

La vraie inquiétude porte sur l'hiver prochain car il va y avoir une course entre l'Europe et l'Asie pour reconstituer les stocks, notamment de gaz naturel liquéfié. Il va falloir négocier des contrats à long terme avec les principaux exportateurs, comme la Norvège, le Qatar, le Nigeria, l'Irak et même les Etats-Unis, avec leur gaz de schiste. Ce qui va rendre plus urgent que jamais le développement du nucléaire et des énergies renouvelables pour éviter de tomber dans de nouvelles dépendances énergétiques.


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Philippe Mabille
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