PODCAST Le tournant de la rigueur pour Macron, c'est maintenant ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. Lundi soir dans son allocution, Emmanuel Macron a proposé trois chantiers (travail, justice, progrès) pour apaiser le pays après la réforme des retraites. Mais il n'a pas parlé de la dette. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)


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Tout à sa volonté d'enjamber le conflit sur les retraites, le président s'est donné 100 jours, d'ici au 14 juillet, pour renouer avec les Français. Mais à aucun moment, et pour cause, le chef de l'Etat n'a mis en avant une réalité qui va pourtant s'imposer dans les semaines et les mois qui viennent et qui risque de ne pas plaire à l'opinion : celle du projet de budget 2024 qui s'annonce, on le dit souvent, mais ce sera sans doute plus vrai que jamais, comme une équation impossible,  à cause de la dette ? C'est surtout Bercy qui sonne l'alarme sur la montée, que dis-je, l'explosion des charges de la dette, en raison de la hausse beaucoup plus rapide que prévue des taux d'intérêt auquel l'Etat se refinance.

Le taux à dix ans est remonté de presque zéro fin 2021 à près de 3%, plus que prévu dans les tableurs de Bercy. Avec un Trésor qui doit emprunter 270 milliards d'euros par an sur les marchés, cela va alourdir nettement la facture pour 2024, mais aussi, car c'est malheureusement cumulatif, les années suivantes. Bercy exagère souvent les choses, pour inciter aux économies, mais cette fois, c'est différent, on entre dans le fameux effet « boule de neige » de l'endettement, une image qui parle d'elle-même et peut finir en avalanche.

Donc cette fois c'est vraiment la fin du quoi qu'il en coûte ?

C'est pire que cela. On va rentrer dans une nouvelle ère, celle de la rigueur. Bercy ne s'en cache pas, avec une baisse annoncée de 57 à 54% des dépenses publiques dans le PIB, ce qui nécessitera plus que de simples économies, des coupes dans certains budgets de l'Etat, des collectivités locales et sans doute de la sécurité sociale, au-delà des 12 milliards par an que va rapporter la réforme des retraites.

Le budget 2024 et les suivants risquent de rappeler le tournant de la rigueur opéré sous François Mitterrand en 1983. Et cela pourrait faire de nouveaux dégâts dans le climat social explosif du moment. A moins qu'Emmanuel Macron ne finisse, comme l'avait fait Nicolas Sarkozy en 2011, par se résoudre à des hausses ciblées d'impôts.

Le patronat, qui sera reçu à 11h à l'Elysée, commence à le pressentir, il n'y a pas que de bonnes nouvelles à venir et cela commence à peser lourd dans la campagne pour la présidence du Medef, où le ou la successeur(e) de Geoffroy Roux de Bézieux se prépare au combat.

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Philippe Mabille
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