Sondage 6 mois après le 7 octobre : 56% des Français soutiennent Israël dans son objectif d'élimination du Hamas

Par Nicolas Prissette  |   |  652  mots
Le 12 novembre 2023, des manifestants protestent à Paris contre la présence de LFI sur le site du Vel’ d’Hiv. (Crédits : © LTD / HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS)
Le baromètre exclusif Ifop-Crif témoigne d’une opinion qui soutient toujours l’objectif poursuivi par Israël. Et qui condamne largement l’antisémitisme.

Six mois après l'attaque du Hamas, l'opinion publique française conserve une attitude de soutien à l'égard d'Israël. Selon l'enquête réalisée par l'Ifop pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), que La Tribune Dimanche publie en exclusivité, 56% des Français considèrent que l'objectif du gouvernement israélien d'éliminer le Hamas de Gaza est justifié. Un but compris par toutes les catégories de la population.

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Certes, l'institut de sondage enregistre un effritement depuis octobre, lorsque 65% des personnes interrogées partageaient cet avis, une vingtaine de jours après le massacre. L'érosion peut s'expliquer par la distance géographique, l'intensification des frappes à Gaza et la mort de civils, ainsi que la virulence des débats publics. Mais l'opinion ne s'est pas retournée. Elle estime à seulement 12% que la responsabilité des drames actuels dans la bande de terre palestinienne incombe à l'État hébreu uniquement, contre 29% à l'organisation islamiste et 59% aux deux belligérants.

« Les Français restent très marqués par le 7 octobre, ils considèrent que ce sont des actes terroristes. Seule une minorité, notamment parmi les sympathisants LFI ou les moins de 25 ans, voient des actes de résistance. Cette journée fait écho aux attentats de 2015 en France. Les meurtres perpétrés à la rave party évoquent un Bataclan à ciel ouvert, c'est un trauma réactivé. Pour les gens, le Hamas, c'est Daech », analyse Frédéric Dabi, directeur à l'Ifop.

71% des sondés redoutent des attentats

Signe de cette empathie, les Français sont très nombreux (71%) à redouter que notre pays soit la cible d'attaques similaires. Et deux personnes sur trois estiment que la libération des otages doit être un préalable à tout cessez-le-feu. Sur ce dernier point, 44% observent, au passage, que le sort des trois Français toujours détenus par les terroristes occupe moins le discours public que celui d'autres otages par le passé. Parallèlement, la part de l'opinion défavorable aux manifestations de soutien pro-palestiniennes atteint son plus haut niveau (73%). Un désaccord au motif que « des propos antirépublicains ou même antisémites ont été proférés lors de certains de ces rassemblements ».

Yonathan Arfi, le président du Crif, affiche un soulagement relatif. « Il y a une majorité silencieuse, compréhensive et bienveillante. L'attitude générale se distingue de l'agressivité constatée sur les réseaux sociauxse réjouit-il. Toutefois, la communauté juive souffre toujours des propos hostiles d'une minorité très sonore qui peuvent lui donner le sentiment d'être isolée. Il y a un bruit excessif autour d'idées qui sont loin d'être partagées. »

De fait, une large proportion de l'opinion juge que la vague d'actes antisémites constatée depuis octobre est une atteinte à l'unité de la nation. Il s'agit, pour 72% des répondants, « d'une menace sérieuse pour les Français de confession juive mais également pour la société dans son ensemble ». Pour Yonathan Arfi, « la lutte contre l'antisémitisme est bien perçue comme une part non négociable du cadre commun ».

Méthodologie

L'enquête a été menée auprès d'un échantillon de 1 207 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 2 au 3 avril 2024.