Guerre Israël-Hamas : les Palestiniens relancent la procédure pour devenir État membre de l'ONU, une démarche incertaine

Si la procédure à peu de chance d'aboutir, elle possède un poids symbolique fort, alors que le conflit entre Israël et le Hamas fait rage. La France ne serait pas contre l'idée d'un État palestinien membre de l'ONU.
« Nous mobilisons le plus de pays possibles pour nous soutenir dans cet effort, et nous espérons que le Conseil de sécurité agira en avril », avait insisté l'ambassadeur palestinien à l'ONU au mois de mars.
« Nous mobilisons le plus de pays possibles pour nous soutenir dans cet effort, et nous espérons que le Conseil de sécurité agira en avril », avait insisté l'ambassadeur palestinien à l'ONU au mois de mars. (Crédits : Reuters)

Une démarche politique qui à peu de chance d'aboutir, mais qui possède un poids symbolique fort. Mardi, les Palestiniens ont officiellement relancé la procédure pour devenir État membre à part entière de l'ONU. Une démarche qu'ils estiment essentielle face à l'offensive israélienne à Gaza.

Dans une lettre vue par l'AFP adressée au secrétaire général de l'ONU et transmise au Conseil de sécurité, l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour annonce, « à la demande des dirigeants palestiniens », relancer cette requête datant de 2011 et appelle le Conseil à l'examiner « en avril 2024 ».

Le diplomate ne cesse de répéter que face à l'offensive israélienne d'ampleur à Gaza, en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre, l'une des priorités des Palestiniens, observateurs à l'ONU depuis 2012, est de devenir un véritable État membre des Nations unies.

Le Conseil de sécurité de l'ONU confirme avoir reçu la demande

« C'est la communauté internationale qui a décidé de créer deux Etats en Palestine en 1947. C'est le devoir de la communauté internationale, aux côtés du peuple palestinien, de terminer cette démarche en admettant la Palestine comme Etat membre », déclarait-il en février.

« Nous mobilisons le plus de pays possibles pour nous soutenir dans cet effort, et nous espérons que le Conseil de sécurité agira en avril », avait-il insisté en mars, évoquant la date du 18 avril à laquelle est prévue une réunion du Conseil au niveau ministériel sur la situation à Gaza.

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« La lettre a été reçue (...) et nous allons tenir des consultations bilatérales pour décider de la voie à suivre », a indiqué de son côté à l'AFP la présidence du Conseil de sécurité, assurée par Malte en avril. Les Palestiniens ont reçu mardi le « soutien » des représentants notamment des pays arabes et de l'Organisation de la coopération islamique.

« Nous souhaitons porter à votre attention que, à ce jour, 140 Etats membres reconnaissent l'Etat de Palestine », insistent-ils dans une lettre vue par l'AFP, considérant la demande de 2011 comme toujours en suspens.

La France favorable

En septembre 2011, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait lancé la procédure demandant « l'adhésion de l'Etat de Palestine à l'ONU », qui n'est jamais allée à son terme. Les Palestiniens ont finalement obtenu en novembre 2012 le statut d'observateur.

Récemment, plusieurs capitales européennes - Madrid, Londres ou Paris - ont, elles, évoqué la possibilité d'étudier une reconnaissance de la Palestine. En février, le président français Emmanuel Macron avait même estimé qu'une telle reconnaissance n'était plus un « tabou ». Un projet de résolution de la France au Conseil de sécurité sur Gaza, en tout début de discussions, évoque d'ailleurs l'« intention d'accueillir l'Etat de Palestine en tant que membre à part entière de l'ONU ».

Issue incertaine face au veto des Etats-Unis

Pour rappel, l'admission d'un Etat à l'ONU se fait sur décision de l'Assemblée générale, à une majorité des deux-tiers, mais uniquement après une recommandation positive en ce sens du Conseil de sécurité. Des observateurs doutent ainsi que la demande puisse arriver jusqu'à l'Assemblée, mettant en avant le risque de veto des Etats-Unis au Conseil de sécurité.

Les Palestiniens « savent que c'est le moment de pousser cette question (d'adhésion à l'ONU), qui risque de s'effacer s'il y a un cessez-le-feu et que les membres de l'ONU se concentrent sur d'autres choses », commente à l'AFP Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group.

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Mais « cela me parait difficile que les Etats-Unis avalisent cette proposition », ajoute-t-il, rappelant qu'il a fallu des mois pour que les Etats-Unis acceptent de ne pas bloquer une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Par ailleurs, « du point de vue de Washington, imposer au calendrier la question du statut d'Etat des Palestiniens rend probablement plus difficile de convaincre les Israéliens d'un cessez-le-feu », indique l'expert à l'AFP. Le gouvernement israélien a d'ailleurs clairement rejeté la solution à deux Etats, et le parlement israélien a voté massivement en février contre toute « reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien ».

Un conflit dont l'intensité ne faiblit pas

En attendant, le conflit entre Israël et la Hamas ne connaît aucun répit. Au moins 32.916 personnes, la plupart des civils, ont été tuées dans les opérations israéliennes, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Et ces dernières 24 heures, plus de 70 Palestiniens ont perdu la vie dans des bombardements israéliens.

Ce mercredi, l'armée israélienne a reconnu une « grave erreur » après la frappe qui a tué sept collaborateurs de l'ONG humanitaire internationale World Central Kitchen dans la bande de Gaza. Mardi, le président d'Israël Isaac Herzog avait présenté ses « excuses sincères » tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu l'a qualifiée de « non intentionnelle » et de « tragique ». Plusieurs pays, dirigeants et organisations, dont l'ONU et le président américain Joe Biden, ont condamné cette frappe, la plus mortelle à avoir touché du personnel humanitaire international depuis le début de la guerre.

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Pour rappel, le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages dont 34 sont mortes, à Gaza. Jurant de détruire le Hamas, Israël a lancé une campagne de bombardements aériens intenses sur Gaza, suivie d'une offensive terrestre qui a permis à ses soldats de progresser du nord au sud de la petite bande de terre.

Une idée qui remonte à 1947

En 1947, l'Assemblée générale de l'ONU avait voté une résolution partageant la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux Etats indépendants, l'un arabe, l'autre juif, et une zone internationale autour de Jérusalem. Mais seule la création d'Israël avait alors été proclamée, le 14 mai 1948, provoquant une guerre entre le nouvel Etat et plusieurs pays arabes.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 03/04/2024 à 16:44
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bonjour, c'est une bonne idée a voir quand les deux pays auront décidé la paix faudra sans doute une dizaine d'années.

à écrit le 03/04/2024 à 15:55
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Le gouvernement fantoche palestinien pour la colonisation d'Israël par l'explosion démographique égyptienne souhaite de nouveau financer le génocide des juifs par l'ONU malgré le scandale des djihadistes de l'UNRWA. Comme le dit l'adage, plus c...

à écrit le 03/04/2024 à 13:59
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celà ne sera possible que si les USA mettent un embargo sur les armes pour Israel !

à écrit le 03/04/2024 à 12:08
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Les américains ne peuvent tout à la fois favoriser une solution a 2 états et s’opposer a une reconnaissance d’un état palestinien a l’ONU. Cela ferait bouger les lignes et permettrait d’initier un processus imposé par la communauté internationale. Qu...

à écrit le 03/04/2024 à 9:48
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"Guerre Israël-Hamas" Avec plus de 32000 décès de palestiniens dont plus de 13000 enfants on peut parler de guerre Israelo-palestinienne plutôt non ? Ah mais c'est sûr cela vous contraint à assumer le mensonge imposé mais cela fait toujours du bien d...

le 03/04/2024 à 22:09
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"Avec plus de 32000 décès de palestiniens dont plus de 13000 enfants on peut parler de guerre Israelo-palestinienne plutôt non ? Qui peut croire aux chiffres fantaisistes issue de la propagande islamiste en l'absence d'un véritable état palestin...

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