Sous la pression de Washington, Israël va faciliter l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza

Israël a annoncé ce vendredi autoriser la livraison « temporaire » d'aide dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, via le port d'Ashdod et le point de passage d'Erez, au lendemain d'une mise en garde inédite de son partenaire américain.
Selon une étude d'Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens.
Selon une étude d'Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens. (Crédits : Dawoud Abu Alkas)

[Article publié ce vendredi 5 avril, à 8h28, mis à jour à 12h28]C'est une mise en garde qui a immédiatement porté ses fruits. Après que le président des Etats-Unis Joe Biden a évoqué pour la première fois la possibilité de conditionner l'aide américaine à Israël à des mesures « tangibles » face à la catastrophe humanitaire à Gaza, l'Etat hébreu a approuvé des « mesures immédiates pour augmenter l'aide humanitaire à la population civile dans la bande de Gaza ».

Le président américain a déclaré jeudi dans un coup de fil au dirigeant israélien, Benjamin Netanyahu, qui a duré une trentaine de minutes, « qu'Israël devait annoncer et mettre en place des mesures spécifiques, concrètes et tangibles pour répondre à la souffrance des civils, à la crise humanitaire, et pour la sécurité des travailleurs humanitaires » selon un bref compte-rendu de l'échange téléphonique publié par la Maison Blanche.

« Ce que nous attendons et espérons voir dans les heures et les jours à venir, c'est une augmentation spectaculaire de l'aide humanitaire, l'ouverture de nouveaux points de passage et une réduction de la violence à l'encontre des civils et certainement des travailleurs humanitaires », a déclaré ensuite à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.

Joe Biden, critiqué par une partie de son électorat pour son soutien inconditionnel à Israël, a aussi pressé jeudi Benjamin Netanyahu de conclure « sans délai » un accord pour un cessez-le-feu, alors que les négociations sur la fin des violences ainsi que la libération des otages piétinent, près de six mois après le début du conflit.

Washington est Berlin attendent des résultats

Le message est passé. Israël a dit ce vendredi autoriser l'acheminement « temporaire » de l'aide humanitaire par le port israélien d'Ashdod, à environ 40 km au nord de la bande de Gaza, et par le point de passage d'Erez, entre le territoire palestinien et le sud d'Israël. Les autorités vont aussi permettre « l'augmentation de l'aide jordanienne par Kerem Shalom », poste-frontière du sud d'Israël. « Cette aide accrue permettra d'éviter une crise humanitaire et est nécessaire pour assurer la poursuite des combats et atteindre les objectifs de la guerre », précise le communiqué.

Ce vendredi, après l'annonce d'Israël, Washington a encore augmenté la pression. « Ce sont des développements positifs, mais le vrai test ce sont les résultats, et c'est ce que nous examinerons dans les prochains jours et prochaines semaines », a déclaré à Louvain, près de Bruxelles, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, à l'issue d'une réunion entre responsables américains et européens consacrée aux questions commerciales et technologiques. Les Etats-Unis veulent notamment s'assurer que l'aide humanitaire parvienne « effectivement » à ceux qui en ont besoin, soit « presque 100% » de la population à Gaza qui se trouve en situation de pénurie alimentaire, a affirmé Anthony Blinken. Et parmi les mesures annoncées par Israël, Washington surveillera notamment le « nombre de camions qui peuvent vraiment entrer, sur une base durable » et distribuer l'aide « partout à Gaza, y compris dans le nord » du territoire palestinien, a-t-il encore affirmé.

Et les Etats-Unis ne sont pas les seuls à vouloir améliorer la situation à Gaza. Peu après l'annonce américaine, ce vendredi, la ministre allemande des Affaires étrangères a appelé Israël à mettre en oeuvre « rapidement » ses promesses pour que l'aide humanitaire parvienne dans la bande Gaza estimant, que le pays n'avait « plus d'excuses ». « Les gens à Gaza ont besoin de chaque paquet d'aide », a martelé la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock sur X.

La mort de sept travailleurs humanitaires a accru le mécontentement international

En plein drame humanitaire à Gaza, la mort lundi dans des frappes israéliennes de sept travailleurs de l'ONG World Central Kitchen (WCK) a accru le mécontentement international.  L'armée israélienne a reconnu une « grave erreur », Joe Biden s'est dit « indigné ».

Lire aussiGaza: le patron de l'ONU appelle « Israël à lever les derniers obstacles à l'aide »

Dans un entretien à la BBC, John Flickinger, le père d'un des humanitaires tués - le Canado-Américain Jacob Flickinger - a affirmé que son fils et ses collègues « suivaient toutes les règles et les procédures, qui sont très strictes, qu'Israël leur transmettait ». L'ONG a annoncé suspendre ses opérations à Gaza, accroissant les craintes pour les 2,4 millions d'habitants. Open Arms, l'organisation espagnole qui avait affrété avec WCK le premier bateau d'aide humanitaire arrivé à Gaza en mars, a dit jeudi suspendre « la mission dans le couloir humanitaire vers la bande de Gaza avec World Central Kitchen », à la suite des frappes.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rappelé jeudi que « 100% de la population a besoin d'aide humanitaire » à Gaza. « Et ceux qui se mobilisent de façon héroïque pour fournir cette assistance le font au péril de leur vie », a-t-il déclaré en marge d'une cérémonie de l'Otan à Bruxelles. « L'horrible attaque de cette semaine contre World Central Kitchen n'était pas la première de ce genre. Elle doit être la dernière », a-t-il insisté.

Selon une récente étude d'Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens. Mi-mars, dans un rapport, l'ONG a notamment dénoncé des protocoles d'inspection de l'aide « injustement inefficaces », qui créent des délais de « vingt jours en moyenne » pour permettre aux camions d'entrer dans le territoire palestinien, ou encore « des attaques contre des personnels humanitaires, des structures d'aide et des convois humanitaires ».

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 05/04/2024 à 17:39
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"Sous la pression de Washington, Israël va faciliter l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza" Vive l'ingérence américaine en Israël afin de nourrir les héritiers du Hamas...

à écrit le 05/04/2024 à 9:53
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Israël ne va rien "faciliter". C'est une blague. Netanyahu est un sioniste avec toutes les conséquences pour Gaza et à terme la Cisjordanie. Tout est dit ...mais l'Histoire n'est pas encore écrite.

à écrit le 05/04/2024 à 9:50
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Ben oui maintenant que le génocide est presque achevé !!! logique, pour éviter la mise en cause même si celle ci est de facto visible de tous ! par contre pas d'hôpitaux, on ne va pas non plus souver les blessés ! c'est sans doute parce que l'aos...

à écrit le 05/04/2024 à 8:39
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Ça sert à ça la puissance à savoir le truc inconnu de nos dirigés européens.

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