Macron - Le Pen : portrait-robot de l'électeur du second tour

Par Grégoire Normand  |   |  713  mots
Marine Le Pen a capté une grande majorité de l'électorat ouvrier.
Le vote des personnes âgées de plus de 65 ans et dotés de hauts revenus est nettement en faveur du candidat d'En Marche ! au second tour de la présidentielle, selon une enquête réalisée par l'institut de sondages BVA. Du côté du Front national, Marine Le Pen a réalisé ses meilleurs scores chez les 25-34 ans.

La sociologie des électeurs d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen révèlent des profils très contrastés. Sans surprise, les cadres ont préféré glissé dans l'urne le bulletin du candidat d'En Marche !. A l'inverse, les ouvriers ont voté pour Marine Le Pen. Retour sur le profil des électeurs selon l'âge, la catégorie socioprofessionnelle, les revenus ou la taille de la commune de résidence.

Macron plébiscité par les plus de 65 ans

D'après l'enquête menée par l'institut de sondages BVA réalisée le 7 mai dernier, Emmanuel Macron, qui s'est présenté comme "le candidat du renouveau", réalise ses meilleurs scores chez les Français âgés de 65 ans et plus (80%). A l'inverse, Marine Le Pen a séduit un électorat bien plus jeune puisqu'il elle a fait ses meilleurs résultats chez les 25-34 ans.

Dans un document de la fondation Jean Jaurès consacré au portrait-robot d'un électeur du Front national et publié en décembre 2016, Jérôme Fourquet directeur du département "Opinion et stratégie d'entreprise" à l'Ifop apporte quelques éléments d'explication à ce vote des jeunes en faveur du FN :

"Quand on se pose la question de savoir pourquoi des jeunes se mettent aujourd'hui à voter Front national, il faut comprendre que ce sont des personnes qui sont nées au milieu ou à la fin des années 1980, au moment où le FN a percé. Leurs parents étaient déjà en âge de voter à l'époque. Or on se rend compte que beaucoup de ces jeunes sont issus de familles elles-mêmes pas forcément adhérentes, mais en tout cas proches des idées frontistes. Il n'y a donc pas de phénomène de "génération spontanée"."

Les catégories sociales supérieures en faveur de Macron

Les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) ont largement voté en faveur de l'ancien ministre de l'Economie (76%). Chez les cadres, le taux atteint même 79%. Au niveau des professions intermédiaires, Emmanuel Macron a convaincu 69% des interrogés, contre 31% pour Marine Le Pen. Enfin chez les CSP-, les résultats sont équivalents entre les finalistes du scrutin présidentiel. En revanche, l'étude détaillée des résultats indique que Marine Le Pen a fait son meilleur score chez les ouvriers (59%). Convaincre cette catégorie d'électeurs pourrait représenter un des plus grands défis d'Emmanuel Macron durant son quinquennat.

Macron bat des records chez les hauts revenus

Si les sondés dont le foyer gagne moins de 1.500 euros ont voté à 53% pour l'ancien secrétaire général à l'Elysée, cette tendance est encore plus forte chez ceux dont les revenus sont supérieurs à 3.500 euros. Au sein des électeurs du Front national, on observe un inversement du phénomène, comme l'illustre le graphique ci-dessous. Plus les foyers affichent de hauts revenus moins ils votent pour Marine Le Pen.

Le Pen au plus haut dans les zones rurales

L'examen de la géographie des votes montre que si l'on oppose souvent un vote des villes et un vote des campagnes, ce constat est loin d'être avéré au regard des résultats obtenus par l'institut de sondages. En effet, Emmanuel Macron a remporté la majorité des bulletins même dans les communes inférieures à 2.000 habitants (57% contre 43% pour Le Pen). En revanche, la conseillère régionale des Hauts-de-France réalise tout de même ses meilleurs scores dans les communes les moins peuplées. Enfin, le plus grand contraste concerne l'agglomération parisienne. L'ancien banquier d'affaires y a obtenu 78 % des voix contre 22% pour l'eurodéputée.

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*Méthode : Enquête BVA-Salesforce pour la Presse Régionale et Orange réalisée par Internet le 7 mai 2017. Il est basé sur un échantillon de 2.877 personnes inscrites sur les listes électorales, issues d'un échantillon représentatif de 3.002 Français âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage et de l'individu, région et catégorie d'agglomération.