Présidentielle 2017 : ni Le Pen ni Macron ne convainc en économie

Par Mathias Thépot  |   |  618  mots
En économie aussi, Emmanuel Macron est beaucoup moins clivant que Marine Le Pen.
Une majorité de français est hostile aux propositions économiques des candidats à la présidentielle. Mais Emmanuel Macron déplaît beaucoup moins, du fait notamment de la défiance que suscite la proposition de Marine Le Pen d’instaurer une monnaie commune, selon un sondage BVA pour La Tribune.

Ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen n'aura réussi à susciter une adhésion majoritaire auprès des Français sur les thèmes économiques. Un sondage réalisé par l'institut BVA* pour La Tribune montre en effet que 57 % des Français estiment que le programme économique du candidat En Marche ! ne permettrait pas d'améliorer la situation économique de la France. Concernant la candidate d'extrême droite, c'est encore pire : 66 % des Français n'ont pas confiance dans ses propositions économiques. Le programme d'Emmanuel Macron est donc relativement mieux évalué que celui de Marine Le Pen : 57 % des Français considèrent que Macron fait les meilleures propositions en économie, contre 33 % pour Le Pen, 10 % des personnes interrogées ne se prononçant pas, indique BVA.

Macron moins crédible qu'avant

Au-delà de cette réserve manifeste des Français vis à vis des programmes économiques, BVA souligne un basculement de l'opinion: en mars, environ 54 % des Français jugeaient que le programme d'Emmanuel Macron permettrait d'améliorer la situation économique de la France, contre 41 % désormais. Un recul principalement alimenté par celui de 26 points de pourcentage auprès des sympathisants FN « dans un contexte de compétition électorale plus élevée », estime BVA. A l'inverse, la crédibilité du programme de Marine Le Pen progresse légèrement (+8 points en comparaison à février), « en raison notamment d'une hausse de 5 points auprès des sympathisants de la droite et d'un soutien quasi-unanime des sympathisants FN », note BVA.

Fort rejet de la proposition de le Pen sur la monnaie commune

Dans le détail, les réserves des français vis à vis des programmes des deux candidats ressortent particulièrement sur leurs principales propositions. Ainsi, 48 % des Français  se déclarent opposés à la réforme du droit du travail souhaitée par Emmanuel Macron ; alors qu'à l'inverse, seulement 38 % y sont favorables. C'est aussi le mode d'adoption promis pour cette loi qui est accueilli de façon très critique par les Français : 70 % se déclarent opposés à ce que cette réforme soit mise en œuvre via le recours aux ordonnances. « On peut faire l'hypothèse que cette défiance de l'opinion trouve sa source dans la vive contestation passée du recours à l'article 49.3 pour la promulgation de la loi Travail qui a laissé des traces dans l'opinion », analyse BVA. Du reste, la défiance des Français est encore plus forte face à la proposition de Marine Le Pen de faire « cohabiter une monnaie nationale française et une monnaie commune européenne ». Seuls 25 % s'y déclarent favorables. Surtout, 74 % y sont opposés !

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Macron moins clivant que Le Pen

Enfin, l'enquête montre que, globalement, Emmanuel Macron apparaît beaucoup moins clivant en matière d'économie que Marine Le Pen. Le sentiment que le candidat En Marche ! est le finaliste qui fait les meilleures propositions économiques se retrouve aussi bien chez les sympathisants de la gauche (68 %) que chez ceux de la droite (68 %). Par ailleurs, il ressort que le programme économique de Le Pen séduit à l'extrême droite et un peu à droite, mais pas du tout chez les sympathisants de gauche : seuls 9 % estiment que le programme de Le Pen permettrait d'améliorer la situation économique de la France, contre 29 % des sympathisants de droite et, sans surprise, 94 % des partisans du FN. Autrement dit, il semble que même en matière d'économie, le programme de l'extrême droite divise fortement les Français.

*Sondage réalisé auprès de 1.120 individus. Le démarrage de l'interrogation a eu lieu 18h30 le 3 mai, donc avant le débat de l'entre-deux tours. Pour un pourcentage obtenu par enquête de 20 %, la marge d'erreur est égale à 2,3.