Électricité : Bruxelles va plafonner les prix pour économiser 140 milliards d'euros

Par latribune.fr  |   |  1029  mots
Ursula von der Leyen s'exprimait ce mercredi 14 septembre devant le Parlement européen, lors de son troisième discours sur l'état de l'Union. (Crédits : POOL)
Lors de son troisième discours sur l'état de l'Union, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a confirmé sa volonté de réformer le marché de l'électricité, alors que les prix de l'électricité se sont envolés dans le sillage des cours du gaz. « Il faut donc découpler les prix de l'électricité de l’influence dominante du gaz », a-t-elle affirmé mercredi devant le Parlement européen. Souhaitée désormais par les Européens, cette réforme interviendrait vraisemblablement au premier semestre 2023.

[Article publié le 14.09.2022 à 11:12, mis à jour à 11:54 avec réserves stratégiques ]

Face à la flambée des prix du gaz et de l'électricité, l'Union européenne compte bien engager « une réforme complète et en profondeur » de son marché de l'électricité, a confirmé mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant le Parlement européen, lors de son troisième discours sur l'état de l'Union.

L'objectif des Vingt-Sept est de trouver un terrain d'entente sur des dispositifs d'urgence pour préparer l'hiver, protéger les ménages face à la flambée des prix et maintenir le bon fonctionnement du marché de l'énergie. La réforme du marché de l'électricité qu'appellent désormais de leurs vœux les Européens interviendrait dans un deuxième temps, vraisemblablement au premier semestre 2023.

« Au-delà de la crise immédiate, nous devons penser à l'avenir. La conception actuelle du marché de l'électricité ne rend plus justice aux consommateurs, ils devraient récolter les fruits des énergies renouvelables à bas-coût. Il faut donc découpler les prix de l'électricité de l'influence dominante du gaz », a affirmé la dirigeante, alors que les prix de l'électricité se sont envolés dans le sillage des cours du gaz, l'Union européenne.

Sur le marché européen interconnecté, le prix de l'électricité est ajusté sur le prix de revient de la dernière source d'énergie mobilisée pour répondre à la demande, souvent une centrale au gaz. Or, le prix du gaz s'est envolé, dans le sillage de la guerre en Ukraine et du tarissement des flux par la Russie, entraînant avec lui celui de l'électricité. De nombreux gouvernements appellent à opérer d'urgence un découplage.

Plafonner les revenus des producteurs d'électricité, une manne qui pèse « plus de 140 milliards d'euros »

En outre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a estimé que plafonner les revenus des producteurs d'électricité à base d'énergies renouvelables et de nucléaire permettrait de lever « plus de 140 milliards d'euros » pour les Etats de l'UE, qui pourraient les redistribuer aux ménages et entreprises vulnérables. En effet, la Commission estime que, contrairement aux industriels du gaz et du charbon, les coûts de production des acteurs du nucléaire et des ENR sont restés stables. Au-delà d'un certain prix du mégawattheure qui sera plafonné, Bruxelles récupèrera les bénéfices.

A la faveur de l'envolée des prix de l'électricité dans le sillage de ceux du gaz, ces entreprises revendent leur production très au-delà de leurs coûts de production et génèrent des superprofits que Bruxelles propose de récupérer :

« En ce moment, il n'est pas juste de réaliser des bénéfices extraordinaires grâce à la guerre sur le dos des consommateurs », a affirmé Ursula von der Leyen devant le Parlement européen à Strasbourg.

Investir 3 milliards d'euros dans l'hydrogène

En outre, l'Union Européenne va mettre sur pied une nouvelle banque publique dédiée au développement de l'hydrogène, capable d'investir 3 milliards d'euros « pour construire le futur marché » de cette énergie en plein essor, a annoncé mercredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

« Nous devons passer du marché de niche au marché de masse, nous voulons produire dix millions de tonnes d'hydrogène renouvelable dans l'UE chaque année d'ici à 2030 » ce qui nécessite « de combler le déficit d'investissement », a-t-elle indiqué devant le Parlement européen, assurant que cette banque publique contribuera également à « garantir l'achat d'hydrogène ».

Constituer "des réserves stratégiques" de lithium et autres "terres rares"

L'autre sujet de préoccupation de von der Leyen ce matin est la question des ruptures d'approvisionnement dans les matières premières "critiques" pour l'industrie européenne, notamment le lithium (crucial pour les batteries automobiles) et les terres rares (indispensables à la fabrication des produits électroniques civils et militaires, aux éoliennes, etc.) dont l'offre mondiale est contrôlée par la Chine.

"Le problème est qu'actuellement, un unique pays contrôle la quasi-totalité du marché (...) près de 90% des terres rares et 60% du lithium sont transformés en Chine", a-t-elle averti, appelant les Vingt-Sept à "sécuriser leurs approvisionnements".

Parce que "les besoins en terres rares de l'UE vont être multipliés par cinq d'ici 2030", ces matériaux "seront bientôt plus importants encore que le pétrole et le gaz", a averti la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de son "discours sur l'état de l'UE".

Poursuivre l'aide européenne à l'Ukraine et renforcer son intégration

Par ailleurs, Ursula von der Leyen compte se rendre à Kiev dans la journée pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont la femme était présente au Parlement européen à Strasbourg.

« Je vais me rendre aujourd'hui à Kiev pour rencontrer le président Zelensky », afin de discuter « en détail » de la poursuite de l'aide européenne, a-t-elle annoncé dans son discours sur l'Etat de l'UE devant les eurodéputés.

Ursula von der Leyen, qui s'est déjà rendue à deux reprises à Kiev depuis le début de la guerre lancée par la Russie, a proposé d'accorder à l'Ukraine « un accès aisé au marché unique européen » et de l'intégrer à la zone d'itinérance (roaming) gratuite de l'UE. L'Union européenne a déjà fourni un appui militaire et plus de 19 milliards d'euros d'aide financière à l'Ukraine depuis le début du conflit et a infligé de lourdes sanctions économiques à la Russie. « Les sanctions ne sont pas prêtes à être levées », a averti la présidente de l'exécutif européen. « L'heure est à la détermination, pas à l'apaisement. »

(avec AFP)