Pour s'affranchir du gaz russe, une connexion gazière entre la France et l'Espagne est "cruciale" (Von der Leyen)

Alors que l'UE cherche à réduire sa dépendance au gaz russe, la présidente de la Commission européenne a de nouveau appuyé en faveur du projet MidCat, qui permettrait à Bruxelles de faire transiter les importations de GNL par l'Espagne. Mais la crise diplomatique entre l'Algérie et le Maroc fragilise la relance de ce projet lancé en 2013 abandonné en 2019.
A l'occasion d'un discours à Barcelone, la présidente de la Commission européenne a de nouveau appuyé en faveur du projet gazier MidCast entre l'Espagne et la France.
A l'occasion d'un discours à Barcelone, la présidente de la Commission européenne a de nouveau appuyé en faveur du projet gazier MidCast entre l'Espagne et la France. (Crédits : Reuters)

Tous les moyens sont bons pour tenter de réduire la dépendance européenne à l'énergie russe. Ce vendredi, Ursula von der Leyen, a relancé le débat autour du projet d'interconnexion gazière entre la France et l'Espagne, interrompu en 2019. Baptisé MidCat, il est jugé "crucial" par la présidente de la Commission européenne.

"Aujourd'hui, toute l'Europe s'accorde à dire qu'il faut réduire notre dépendance aux énergies fossiles russes", a-t-elle rappelé à l'occasion d'un discours à Barcelone aux côtés du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. "C'est essentiel pour atteindre nos objectifs climatiques et mettre fin au chantage du Kremlin", a-t-elle ajouté, insistant sur le plan "Repower UE" sur lequel les 27 se sont mis d'accord. Dans le cadre de ce plan, "nous privilégierons les projets transfrontaliers, comme par exemple la liaison cruciale entre le Portugal, l'Espagne et la France", a indiqué la présidente de la Commission, soulignant "l'importance géopolitique" de cette interconnexion. "Il faut le faire maintenant", pour "nous libérer des menaces russes", a-t-elle justifié.

Diversifier l'approvisionnement en GNL

Lancé en 2013 entre la Catalogne (nord-est de l'Espagne) et le sud-est de la France, le projet MidCat (pour Midi-Catalogne) permettrait ainsi à l'Europe de diversifier ses sources d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL). Bruxelles espère en effet faire transiter les importations de GNL par l'Espagne, qui dispose de six terminaux gaziers (installations portuaires qui permettent de regazéifier et de stocker le GNL), soit le réseau le plus important d'Europe. Un objectif atteignable seulement si le réseau gazier ibérique est mieux relié au reste de l'Europe. Car l'Espagne ne possède actuellement que deux connexions avec les gazoducs français, à Irún (Pays Basque) et Larrau (Navarre). Or, ces pipelines n'ont qu'une faible capacité de livraison.

C'est donc pour combler ce manque qu'a été pensé le projet MidCat, dont le coût avait été évalué à plus de 440 millions d'euros. Mais ses travaux ont été interrompus en 2019, faute d'accord sur le financement du projet et en raison de l'opposition de mouvements écologistes. Depuis, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a rebattu les cartes et le gouvernement s'est finalement dit favorable à la reprise du projet tout comme la Commission européenne. Madrid a toutefois insisté sur le fait que cette interconnexion devra aussi concerner le transport d'"hydrogène vert". Autre condition de l'Espagne : que le coût des travaux ne soit pas supporté par les contribuables espagnols, étant donné qu'il s'agit d'un projet destiné aux consommateurs du reste de l'Europe.

Conflit diplomatique entre l'Espagne, le Maroc et l'Algérie

Un autre point vient fragiliser la reprise du projet destiné à faire entrer en France le gaz provenant d'Espagne. Depuis octobre, l'Algérie, en conflit avec le Maroc au sujet de l'épineux dossier du Sahara occidental, a cessé d'approvisionner son voisin via le Gazoduc Maghreb Europe (GME), qui relie l'Espagne à l'Algérie. Or la décision de l'Espagne de permettre au Maroc d'acheter du GNL sur les marchés internationaux, de se le faire livrer en Espagne où il sera regazéifié avant d'être acheminé au Maroc via le GME, a provoqué la colère de l'Algérie. Alger a menacé fin avril Madrid de rompre le contrat de fourniture de gaz qui lie les deux pays si Madrid venait à l'acheminer "vers une destination tierce", une référence implicite au Maroc. Pour tenter de calmer son fournisseur, l'Espagne s'est voulu rassurante, affirmant qu'"en aucun cas le gaz acquis par le Maroc ne sera d'origine algérienne".

Lire aussi 5 mnDiversifier l'approvisionnement en gaz de l'Europe

Au-delà de la crise diplomatique à laquelle l'Espagne se retrouve mêlée, l'Europe devra aussi s'atteler au renforcement du réseau gazier intérieur français afin de pouvoir livrer aux autres pays de l'UE le gaz venu d'Espagne.

(avec AFP)

Commentaires 25
à écrit le 09/05/2022 à 11:04
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Ces pipes sont cruciaux en effet. Qu'on veuille ou non acheter de l'énergie russe, le réseau gazier européen se convertira à l'hydrogène progressivement. Plus besoin de forêts de pylônes haute tension. Un seul pipe transporte 20 GW sur de très longue...

à écrit le 08/05/2022 à 10:35
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On passe de la dépendance à la Russie à celle de l’Algérie, ou est le progrès ? Plus d’immigration algérienne en contre-partie et une politique pro arabe encore plus silencieuse sur les droits de l’Homme et une demande plus pressente de pousser la co...

à écrit le 07/05/2022 à 14:05
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Bonjour, L'interconnexion des réseaux est une priorité de l'Union européenne... Mais cela vas pour tout , l'énergie électrique, le gaz , le pétrole, la voies de chemin de fer, ect... Mais cela dois fonctionner dans des de Sens... Et pas seulement da...

à écrit le 07/05/2022 à 12:44
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Le gaz Algerien pour l Europe passera par l Italie. l Espagne n a plus la suprématie politique pour faire passer le gaz Algérien par l Espagne du fait que l Espagne a fait volte face et à reconnu l autonomie du Maroc sur le Sahara occidental.

à écrit le 07/05/2022 à 12:37
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L' impact sur l'environnement, le cout et l'utilité limitée en font une oeuvre absolument à ne pas réaliser. Nous avons d'autres priorités. Les ressources humaines et materielles sont limités: il faut faire des choix et ne pas suivre l'emotion et se ...

à écrit le 07/05/2022 à 9:17
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Cette personne défend les hautes bourgeoisies ancestrales qui traversent les coups durs et se gavent de la mondialisation. Vous suggère de parcourir sa page Wikipédia..

à écrit le 07/05/2022 à 1:23
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Ursula travaille pour l'Allemagne.

à écrit le 06/05/2022 à 22:44
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Yves Pozzo di Borgo "Nous avons une Présidente de la Commission Européenne UrsulaVonDerLeyen qui par son hystérie anti russe est en train de faire couler l’Europe ! Et aucun chef d’Etat ne réagit et Macron semble être comme un toutou devant elle ...

le 07/05/2022 à 1:02
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C’est comme mettre de l’huile sur le deux, essayer de mettre une nation à genoux, nous avons déjà vu ce que cela donne et comment elle revient encore plus forte 80 ans après c’est encore le cas, la Russie sera encore plus forte. Un pipeline ce n’est ...

le 07/05/2022 à 6:27
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Vous avez parfaitement raison, von der leyen est dangereuse pour l'Europe, c'est une suppo des USA

le 07/05/2022 à 6:28
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Vous avez parfaitement raison, von der leyen est dangereuse pour l'Europe, c'est une suppo des USA

le 07/05/2022 à 8:21
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Ursula von der Leyen a été promue juste à temps… L’Europe semble satisfaite de l’élection d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission Européenne. Peu étonnant, quasiment personne ne la connaissait avant. Sauf en Allemagne.Heureusement pour Urs...

le 07/05/2022 à 11:58
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Van der Leyen est là pour permettre à une partie de la classe politique allemande d’avaler une grosse couleuvre. Quoi qu’elle fasse, elle n’est pas la voix d’une institution souveraine ou d’un pays souverain. Elle est la voix d’un empire et masque l...

le 07/05/2022 à 12:43
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Meme en Allemagne ils ne voulaient pas d'elle comme ministre. Une politique médiocre remplie de clichés et totalement formatté par l'idéologie de la manipulation emotionnelle qui parle trop mais heureusement n'est capable de rien de concret.

le 08/05/2022 à 0:43
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Ursula ou pas, c'est quand-même Poutine qui a attaqué l'Ukraine, il paraît normal pour l'Europe de se soucier des ses approvisionnements en pétrole et gaz autrement qu'en achetant à la Russie. On peut même considérer que Poutine se fout de nous vend...

à écrit le 06/05/2022 à 21:12
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Il n'y a pas que cela, serait bien de suivre à minima, parce que là vous êtes largué.. ça fait 2 mois au moins que L'Espagne c'est rangée aux côtés du Maroc sur injonction des usa.. dans le différent saharien.. l'Algérie a rebondit en toute logique c...

le 07/05/2022 à 13:23
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Que l'Algérie ne vienne pas ensuite se plaindre des crises alimentaires lorsque le blé ukrainien viendra à manquer ...!!

à écrit le 06/05/2022 à 20:45
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NordStream2 a été construit par des entreprises étrangères, occidentales pour faire passer le gaz russe (expertise indispensable à la Russie, la techno de pointe étrangère). Pourquoi ne pas démonter tout ça et utiliser les tuyaux ailleurs ? On doit ...

à écrit le 06/05/2022 à 20:16
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La Norvège étant gros producteur de gaz, un pipeline Norvège-Allemagne via le Danemark ne ferait-il pas sens ? idem vers la Finlande ?

le 06/05/2022 à 20:42
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Gros, faut voir, ils en ont brûlé pour eux par manque de vent (éoliennes en 'pause' :-) quand ça ne veut pas ça ne veut pas) et je crois n'ont pas fourni ce qui était prévu (maintenance et gros incendie dans une installation importante). S'ils devie...

à écrit le 06/05/2022 à 20:08
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La connection gazière franco-espagnole n'a d'intérêt ni pour l'Espagne, ni pour la France : ce devrait donc un financement 100% européen qui devrait être appliqué à ce projet, l'intérêt étant politique : que l'Europe (notamment l'Allemagne et les pay...

le 06/05/2022 à 21:47
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Parce que c’est bien connu, on revend tout à prix coutant. On y gagnera absolument rien. Dans quel monde vivons nous mon bon monsieur. Et puis en faisant entrer des capitaux étrangers, ça facilitera le rôle de l’état pour posséder ses infrastructures...

à écrit le 06/05/2022 à 20:08
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La connection gazière franco-espagnole n'a d'intérêt ni pour l'Espagne, ni pour la France : ce devrait donc un financement 100% européen qui devrait être appliqué à ce projet, l'intérêt étant politique : que l'Europe (notamment l'Allemagne et les pay...

à écrit le 06/05/2022 à 19:46
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Est il besoin de vous rappeler Madame que le chantage au gaz de la part de la Russie est de la responsabilité de votre pays L’Allemagne ;l’irresponsabilité de vos politiques et surtout les « verts » avec la dramatique décision de votre chancelière de...

le 06/05/2022 à 21:56
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Il y a un bug dans la choucroute ou quoi? C’est l’Allemagne qui a du renoncer à sa politique étrangère, du fait de la guerre en Ukraine. La France a déjà pris ses dispositions il y a 1 an et on est parfaitement adapté à ce nouveau concept. Nous, Nord...

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