Grèce : Yanis Varoufakis sur le départ ?

Par Romaric Godin  |   |  701  mots
Yanis Varoufakis, ministre grec des Finances, restera-t-il en place ?
Selon "Bild" et un journal grec, le ministre des Finances grec pourrait démissionner. Son absence dans les négociations depuis une semaine tend à confirmer cette information. Toutefois, ce vendredi en fin de matinée, deux responsables grecs démentaient fermement ces assertions.

Selon le quotidien allemand Bild Zeitung et le quotidien grec Kontra, le ministre des Finances hellénique Yanis Varoufakis serait sur le point de démissionner.

"Les attaques injustes contre Varoufakis vont continuer et, pour calmer la situation, il envisage de démissionner", aurait indiqué des sources au tabloïd allemand.

Selon une autre source gouvernementale, citée encore par Bild Zeitung,

"ce n'est qu'une question de temps avant que Yanis Varoufakis ne se retire. C'est une chose réglée. Ceci va apaiser les relations avec l'Union européenne, et en particulier avec l'Allemagne".

Victime d'un doigt d'honneur ?

Autrement dit, c'est bien pour complaire à Berlin que le ministre des Finances serait écarté. Et la rumeur courait depuis des semaines en Grèce et dans les milieux européens.

Certains affirment même que c'est le gouvernement allemand qui aurait demandé la tête de Yanis Varoufakis. Il semble que l'affaire du "doigt d'honneur" lui ait coûté cher. Cette histoire rocambolesque (bien résumée ici) est celle d'un geste que Yanis Varoufakis a bien adressé aux "créanciers" lors d'une conférence à Zagreb en 2013.

Pour mémoire, la télévision publique allemande ARD l'a présenté comme une insulte "aux Allemands" et Yanis Varoufakis a commis l'erreur de nier le geste en voulant le remettre en contexte, et ceci a déclenché l'ire de la presse allemande, notamment de Bild.

Mais les photos "glamour" dans Paris Match, ainsi que les relations tendues avec son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, ont également affaibli sa position.

A l'écart depuis une semaine

Il faut certes se méfier des informations de Bild. Le 20 février, le journal allemand avait parlé d'une "mauvaise lettre, envoyée par erreur" à Yanis Varoufakis, ce qui s'est révélé inexact.

Mais, cette fois, l'information paraît plus sûre. Le ministre grec est effectivement beaucoup plus discret depuis une semaine et il semble que le Premier ministre Alexis Tsipras ait repris la direction des négociations avec les Européens, avec l'appui du secrétaire d'Etat aux finances, Yannis Dragasakis.

C'est donc le chef du gouvernement qui établit actuellement la liste des réformes demandée par l'Eurogroupe. Les deux dernières listes, celles du 23 février et du 6 mars avaient été établies par Yanis Varoufakis.

Irritations

Ce dernier, universitaire reconnu et économiste de talent, n'aura donc pas trouvé sa place dans le dispositif de Syriza. Sa volonté de trouver une solution "européenne" aux problèmes grecs s'est fracassée sur le refus catégorique des Européens d'en discuter et sur les difficultés financières et bancaires du pays (aggravées par le comportement ambigu de la BCE).

Devenu soudainement une sorte de "pop star" du gouvernement grec, il a irrité non seulement les Européens, déstabilisés par son attitude (on se souvient de sa première rencontre avec le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem), mais aussi plusieurs responsables de Syriza. Il est vrai qu'il a contribué à affaiblir, par son attitude, la position grecque dans les négociations, tant par les sorties que l'on a citées que par ses très nombreuses interviews accordées au lendemain de sa nomination.

Trouver un compromis

Si cette démission se confirme, elle prouvera la volonté d'Alexis Tsipras de trouver un compromis rapide avec l'Europe. Il restera ensuite à évaluer les conséquences politiques, financières et économiques de ce compromis. La figure du nouveau ministre des Finances permettra également d'évaluer le futur positionnement du gouvernement grec face à l'Europe.

Démenti grec plus ou moins officiel, mais Bild maintient sa version

Mais ce vendredi matin, selon l'agence Reuters, "deux responsables gouvernementaux" (que la dépêche ne nomme pas...), démentant les informations du quotidien allemand Bild, auraient déclaré:

"Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, n'a pas l'intention de démissionner." "Rien de tout cela n'est vrai, c'est loin de la réalité", soulignant même l'un d'eux à l'attention de l'agence Reuters.

De son côté, le site Internet de Bild cite une source gouvernementale grecque selon laquelle:

"La démission de Yanis Varoufakis n'est plus qu'une question de temps, la décision ayant déjà été prise."