
La visite d'Alexis Tsipras à Berlin a atteint son but : celui de ramener un semblant de calme et de respect dans la crise avant tout politique qui oppose la Grèce à ses créanciers. Finis donc, du moins en apparence, les débats sur les doigts d'honneur et les menaces de part et d'autres. Place aux sourires et aux échanges d'amabilités. Du moins en apparence.
Maintien de la situation objective
Car, dans les faits, ce voyage n'a rien réglé. La situation objective reste la même que celle qui a commencé le 20 février dernier avec l'accord (qui prend de plus en plus la forme d'un pseudo-accord) au sein de l'Eurogroupe. La Grèce a un besoin pressant de liquidités et ses créanciers européens attendent qu'elle se range à « leur » raison pour libérer les fonds. Ce lundi 23 mars, Angela Merkel n'a, en réalité, pas bouger d'un pouce. Elle a même précisé explicitement (mais avec le sourire de circonstance) qu'elle ne pouvait en réalité rien pour la Grèce. Selon Bild Zeitung, citant des « participants » aux discussions, il n'a, du reste, été discuté de rien de concret concernant ce problème. Autrement dit, Angela Merkel a renvoyé Alexis Tsipras face à l'Eurogroupe et à la troïka. On revient donc au point de départ.
Un apaisement inquiétant ?
Concrètement, cette visite du premier ministre hellénique à la chancellerie n'a donc été qu'une entreprise de communication. Elle rassure tout le monde. Mais en réalité, elle est fort inquiétante, car elle prouve que Berlin reste dans sa position hiératique d'attente. Et qu'attend Angela Merkel ? Qu'Athènes propose enfin une liste de réformes conforme à ce que l'on entend par réformes chez les hauts fonctionnaires européens. Lundi, du reste, fort opportunément, l'agence allemande DPA annonçait que « selon des sources proches du ministère grec des Finances », la Grèce pourrait proposer un relèvement de la TVA sur les nuitées d'hôtel, le tabac et l'alcool, une hausse de la taxe de séjour dans les îles, un relèvement à 67 ans (contre 62 ans aujourd'hui, même s'il sera toujours possible de partir à cet âge avec 40 ans de cotisations) de l'âge minimal de départ à la retraite et une accélération des privatisations. Ce programme pourrait être en réalité les conditions auxquelles les créanciers sont prêts à accorder quelques milliards d'euros à la Grèce.
La carotte et le bâton
On comprend donc aisément la stratégie d'Angela Merkel : elle n'a aucune raison d'avancer autrement que sur le plan de la communication. Dans les faits, le temps joue pour elle. Plus les caisses grecques se vident, moins Alexis Tsipras n'aura le choix des « réformes. » Ce qui importe pour Berlin comme pour Bruxelles, c'est avant tout de dissimuler cette stratégie du « nœud coulant » où l'on laisse le patient grec s'asphyxier de plus en plus jusqu'à ce qu'il accorde tout ce qu'on lui demande. D'où ces sourires et cette bonne volonté affichée. D'où aussi les deux milliards d'euros de « fonds inutilisés » qui vont être mis à la disposition de la Grèce par l'Union européenne. Une manne subitement découverte et qui vient fort opportunément « réparer » l'impair d'un fonctionnaire de la Commission qui, mardi 17 mars, avait voulu bloquer la mise en place de la loi sur l'urgence humanitaire. Et pour enfoncer le clou, voici que Jean-Claude Juncker lui-même adopte le vocabulaire de Syriza et parle d'urgence humanitaire.
Pourquoi la Commission a-t-elle subitement découvert et libéré ces fonds «inutilisés » ? On peut faire confiance aux fonctionnaires européens pour trouver une réponse « rationnelle » à cette question. Mais, en réalité, c'est une opportunité supplémentaire de convertir le nouveau gouvernement grec aux « bonnes » réformes. Avec ces 2 milliards d'euros, qui sont une bonne nouvelle pour l'économie grecque qui en a fort besoin, Alexis Tsipras dispose, s'il le souhaite d'un argument supplémentaire pour « vendre » les réformes promues par les Européens aux Grecs et les faire accepter par la population et la majorité à la Vouli, le parlement grec. Bref, Bruxelles joue la carotte, l'Eurogroupe le bâton. Mais le but est le même : faire accepter au gouvernement Syriza des réformes qu'il pouvait le 25 janvier juger inacceptables.
Ce que la Grèce pourrait obtenir : du temps
Dans ces conditions, on voit mal comment Alexis Tsipras pourrait résister. Selon le porte-parole du gouvernement, une liste de réformes « qui n'auront pas d'impact récessif sur l'économie » sera présentée d'ici à lundi. Dans la foulée, selon des informations publiées le 23 mars par le quotidien grec To Vima, si l'Eurogroupe valide cette liste, 4,9 milliards d'euros pourraient être débloqués. Il s'agira de 1,2 milliard d'euros de la dernière tranche de l'aide européenne, du déblocage des 1,9 milliard d'euros d'intérêts engrangés par la BCE sur les bons grecs et de 1,8 milliard d'euros de remboursement d'aide bancaire trop perçue par le fonds européen de stabilité. De quoi tenir jusqu'en... juillet, date à laquelle la Grèce va devoir rembourser 3,5 milliards d'euros à la BCE. Autrement dit, les créanciers de la Grèce vont conserver la maîtrise du temps. Ils vont défaire un peu le nœud coulant, puis recommencer à serrer. Avec toujours le même but : ne pas laisser d'initiatives à Athènes, notamment sur la renégociation de la dette dont on notera qu'il n'est plus guère question.
Comment faire passer les réformes en Grèce ?
L'enjeu pour Alexis Tsipras sera désormais de faire passer ses reculs pour des victoires. Il dispose de quelques arguments : les 2 milliards d'euros de l'UE, on l'a vu, pèsent lourd (c'est plus de 1 % du PIB), mais il peut aussi insister sur cette loi pour gérer la crise humanitaire qu'il est parvenu à faire adopter, malgré la résistance de l'UE ou sur le nouvel objectif d'excédent primaire pour 2015 (qui reste à définir). Surtout, Alexis Tsipras pourra s'appuyer sur un argument massue : il faut stopper la détérioration de l'économie, condition nécessaire à l'application du programme de Syriza. Et pour cela, il faut accepter les conditions de l'Eurogroupe. A ce point, le nœud coulant aura réalisé parfaitement son œuvre. Sera-ce suffisant pour conserver sa majorité parlementaire et sa très grande popularité alors qu'il pourrait accepter une hausse de la TVA que même le gouvernement précédent avait refusée ? Les Grecs semblent désormais surtout soucieux de sortir de la crise, et on les comprend. Il devrait pouvoir passer dans l'opinion.
Triple revers pour Alexis Tsipras ?
Reste néanmoins que si ce scénario se confirme, Alexis Tsipras aura subi un triple revers, même s'il faudra se garder de juger son gouvernement au bout de deux mois avec des exigences démesurées. Le premier, c'est le maintien de la Grèce dans ce « péonage » de la Grèce décrit par l'économiste Costas Lapavitsas et qui consiste à mobiliser l'essentiel des ressources de l'Etat pour le remboursement des créanciers. Le second, ce sera de ruiner la marge de manœuvre des partis proches de Syriza en Europe en prouvant qu'une victoire électorale ne permet pas réellement de renverser la vapeur. Enfin, il hypothèque l'avenir des négociations, en se retrouvant dans une situation étroite de dépendance et en ayant fait aveu de faiblesse.
Victoire des créanciers ?
Pour autant, chacun, Grecs comme créanciers, devrait, au final, se considérer comme vainqueur. Mais il n'est pas certain que la victoire des créanciers ne soit rien d'autre qu'une victoire à la Pyrrhus. Leurs « réformes » ne permettront pas de redresser réellement la Grèce et cette « victoire » ne découragera guère les électeurs des partis « populistes » dans d'autres pays, notamment ceux qui prônent des solutions plus radicales et qui, en réalité, se trouvent renforcés par l'autisme de l'Eurogroupe, dans leur idée que seule la rupture paie...
Pas besoin de referendum. Si M. Godin pense que son scénario est possible alors celui là est carrément probable.
La Russie et la Chine sont à l'affût.
Faudra pas se lamenter après.
dépenser plus que ce que l'on gagne deviendraient un principe pour se présenter ensuite en victime de ceux qui vous ont prêter leur deniers ?
L'entrée de la Grèce dans l'UE date de 1981 et ne doit rien à Goldman Sachs. Par la suite, la banque a effectivement joué avec les écritures comptables pour favoriser l'entrée la Grèce dans la zone euro mais c'est surtout après la crise des subprimes en 2009, que Goldman Sachs a délibérément truqué les comptes grecs pour berner les investisseurs tout en pariant sur l'effondrement de la Grèce ( son client donc ). La morale ne voudrait-elle pas qu'on condamne cette banque plutôt qu'un peuple grec déjà écrasé par 5 ans d'austérité inutile et mortifère ?
Pour le reste, on le voit bien face au refus de Merkel de changer de cap, l'avenir de la Grèce passe évidemment par une sortie de l'euro. et c'est la même chose pour la France. L'Union Populaire Républicaine ( UPR ) est le seul parti qui propose aux Français de sortir de l'euro et de l'UE.
Mais comment pourriez vous le savoir, vu la pietre couverture médiatique qui est faite concernant la Grece, malheureusement !
S'il les jugeait vraiment inacceptable comme vous dites, Syriza aurait dès le départ, demandé à sortir de l'UE par l'article 50 du TUE, en toute légalité. On ne peut vouloir une chose et son contraire ! Ce parti est donc un parti leurre qui a canalisé la colère de l'électorat grec à bout de souffle pour l'offrir sur un plateau d'argent à la Troïka. Les Grecs vont certainement lui dire merci !
Pour le moment personne n'a la solution , peut être qu'il n'y en a pas. Mais comme pour l'Irlande ou pour Chypre il y aura un autre climax à la suite duquel une solution "de la dernière chance" et applicable au seul cas grec sera sortie du chapeau après avoir été "discutée" entre les parties prenantes.
Les irlandais payent, les autres aussi, la Grèce le fera aussi, entre temps, l'inflation revenue, la charge s’allégera peu à peu.
"La présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, a annoncé ce mardi 17 mars 2015 lors d’une conférence de presse la constitution d’une commission d’audit de la dette publique grecque. Cette commission sera coordonnée sur le plan scientifique par Éric Toussaint, porte parole du CADTM International et ex membre de la commission d’audit de la dette équatorienne en 2007-2008. « L’objectif est de déterminer l’éventuel caractère odieux, illégal ou illégitime des dettes publiques contractées par le gouvernement grec », le peuple « a le droit de demander que la partie de la dette qui est illégale – si cela est avéré à l’issue de la commission – soit effacée », a déclaré la présidente du parlement grec.
http://syriza-fr.org/2015/03/22/lancement-de-la-commission-daudit-de-la-dette-par-la-presidente-du-parlement-grec/
si vous mobilisez tout votre entourage et que tt votre entourage leur envoi un tres gros cheque, ils pourront augmenter leurs fonctionnaires comme promis
sinon, ils seront en faillite et ca sera votre faute car vous n'avez rien fait alors que vous pouviez, et vous pourrez des lors avoir honte de vous meme
Heu, concernant le programme du FN, il n'y est rien écrit de tout ce que vous citez au sujet du défaut de paiement. Pourriez-vous en reproduire l'extrait correspondant s'il vous plaît, sauf à croire que votre commentaire soit faux à des fins partisanes, voire électoralistes entre ces deux tours... Les malhonnêtes de l'UMPSUDIEELVPCFMODEM sont tellement nombreux qu'il est important de les débusquer car il serait dommage que vous en fassiez partie, n'est-ce pas ?
Mais je suppose que vous n'êtes pas à une contradiction près ;)
Mais passons. Donc d'après vous, il ne faudrait rien faire d'autre que de régler la "crise humanitaire", comment? et avec quel argent? le votre peut être?
En bon français cela s'appelle de l'escroquerie et c'est puni par la loi mais hélas pas en ce qui concerne la finance