L'Espagne relève à la hausse sa prévision de croissance, parmi les plus hautes d'Europe

Par latribune.fr  |   |  884  mots
Dans son projet de budget pour 2024, envoyé à la Commission européenne, le gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez a, en revanche, abaissé de 0,4 point son hypothèse de croissance pour l'an prochain, à 2%. (Crédits : PIROSCHKA VAN DE WOUW)
Malgré un contexte économique mondial compliqué, le gouvernement espagnol a annoncé avoir revu à la hausse sa prévision de croissance pour 2023. Cette forte croissance devrait placer l'Espagne dans une position confortable pour atteindre ses objectifs de déficit public.

[Article publié le lundi 16 octobre 2023 à 11h19 et mis à jour à 14h47] Le gouvernement espagnol a annoncé ce lundi 16 octobre avoir revu à la hausse sa prévision de croissance de 2,1% à 2,4% pour 2023, en raison du « dynamisme » de l'activité ces derniers mois dans le pays, malgré un contexte international compliqué. Cette prévision se révèle inférieure à celle du FMI (2,5% en 2023). Dans son projet de budget pour 2024, envoyé à la Commission européenne, le gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez a, en revanche, abaissé de 0,4 point son hypothèse de croissance pour l'an prochain, à 2%. La Banque d'Espagne, pour sa part, prévoit une croissance de 2,3% à 2,5% cette année et de 1,8% en 2024.

Lire aussiAllemagne : le gouvernement anticipe aussi une récession, mais se veut optimiste pour l'avenir

« Avec le recul, la croissance en 2023 a dépassé toutes les prévisions que nous avions faites il y a un an », a déclaré lundi à la presse le vice-ministre de l'Economie par intérim, Gonzalo Garcia Andres.

Ce dernier s'est montré mesuré quant aux prévisions de l'année prochaine. « Les hypothèses sont très prudentes », a insisté Gonzalo Garcia Andres. Elles reflètent « un scénario marqué par de la volatilité et les pressions sur les prix de l'énergie », a-t-il ajouté.

« L'Espagne s'en sort mieux que ses voisins », malgré l« 'incertitude » liée à la situation politique dans laquelle se trouve le pays, souligne auprès de l'AFP José Villacis, professeur d'économie à l'université San Pablo CEU, qui met en avant notamment les « bons résultats » du secteur touristique. Un avis partagé par Javier Rivas, de l'EAE Business School de Barcelone. Les bons résultats de l'Espagne sont « un argument de poids » pour l'exécutif dans les « négociations » avec ses partenaires, même s'il faut être « prudent » vis-à-vis des projections annoncées par l'exécutif, insiste-t-il.

Depuis les élections législatives de juillet, dont le résultat n'a pas permis de dégager une majorité claire, l'Espagne est dirigée par un gouvernement intérimaire qui ne peut pas voter un nouveau le budget. Résultat, Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018, négocie actuellement avec les formations élues au Parlement lors des législatives du 23 juillet pour tenter d'être reconduit à son poste. S'il n'y parvient pas d'ici le 27 novembre, un nouveau scrutin devra être convoqué.

Déploiement du plan de relance européen

« Selon les prévisions des principaux organismes nationaux et internationaux, l'Espagne aura la croissance économique la plus élevée des principaux pays développés », souligne dans un communiqué le ministère de l'Economie. Cette forte croissance sera soutenue notamment par le déploiement du « plan de relance européen » instauré après la crise du Covid, dont l'Espagne est l'un des principaux bénéficiaires avec l'Italie, précise le communiqué.

Lire aussiSoulagement en Italie : Bruxelles va débloquer le déboursement de la troisième tranche du plan de relance européen

Le plan de relance européen devrait permettre la création de 700.000 emplois entre 2023 et 2024, en Espagne, avec un recul du chômage sous la barre des 11%, contre 11,60% actuellement - une dynamique jugée « particulièrement importante » en raison de la hausse de la population active et de la conjoncture mondiale.

Les fonds alloués à l'Espagne dans le cadre de ce plan s'élèvent au total à 140 milliards d'euros d'ici 2026, dont 70 milliards non remboursables. Au vu de ces nouvelles hypothèses, le gouvernement Sánchez confirme son objectif de réduction du déficit public, attendu à 3% du PIB l'an prochain, après 4,8% en 2022 et 3,9% espérés cette année. En vertu des règles budgétaires européennes, le déficit public des États membres de l'UE doit en théorie rester inférieur ou égal à 3% du PIB. Mais ces règles ont été suspendues en 2020 à cause de la crise du Covid-19.

Une croissance confortable

Fin septembre, la dette publique de l'Espagne a été révisée fortement à la baisse au deuxième trimestre, à 111,2% du Produit intérieur brut (PIB). La dette de l'ensemble des administrations publiques espagnoles, mesurée selon les critères de Maastricht, a atteint 1.569 milliards d'euros fin juin, soit 6,3% de plus sur un an en valeur absolue, selon la banque centrale espagnole.

Rapportée à la richesse nationale, la dette a revanche poursuivi sa décrue entamée début 2021 pour s'établir à 111,2% du PIB - soit 1,9 point de moins que le chiffre publié mi-août lors d'une précédente estimation (113,1%). Selon la Banque d'Espagne, cette forte révision s'explique par la croissance plus forte que prévu en Espagne depuis 2021.

Lire aussiCommerce mondial : l'OMC réduit par deux sa prévision de croissance

L'Institut national des statistiques (INE) a en effet revu fortement à la hausse mi-septembre la croissance espagnole pour 2021 (6,4% au lieu des 5,5% annoncés précédemment) et 2022 (5,8% au lieu de 5,5%). Ces révisions s'expliquent par « la difficulté de la mesure statistique de l'activité économique dans des circonstances exceptionnelles » comme celle du Covid-19, a justifié l'INE.

L'organisme public a également révisé le chiffre du premier trimestre 2023 (0,6% de croissance au lieu de 0,5%) et celui du deuxième trimestre (0,5% et non 0,4%), grâce au rebond de la consommation des ménages. Cette forte croissance place l'Espagne dans une position confortable pour atteindre ses objectifs de déficit public.

(Avec agences)