En Espagne, l’espoir d'en avoir fini avec l’inflation n’aura pas duré, les prix repartent à la hausse

Alors qu'elle avait vu son inflation retomber en juin sous la barre des 2%, qui reste la cible d'inflation de la plupart des économies pour assurer la stabilité des prix, l'Espagne constate de nouveau une accélération. En septembre, la hausse des prix a atteint 3,5% sur un an en septembre. Mais si le pays est soumis, comme beaucoup d'autres, à la remontée des cours du pétrole, ce regain d'inflation s'explique davantage comme une moindre baisse plutôt qu'une forte hausse des prix de l'énergie.
L'inflation sous-jacente en Espagne culmine toujours à 5,8%
L'inflation sous-jacente en Espagne culmine toujours à 5,8% (Crédits : Mathieu Thomasset / Hans Lucas via Reuters Connect)

Le gouvernement espagnol déchante. En juin, en dévoilant une inflation de 1,9% sur un an, il pensait avoir gagné sa bataille contre l'inflation. La hausse des prix était en effet passé sous le seuil des 2%, la cible d'inflation de la plupart des économies pour assurer la stabilité des prix. Ce temps-là semble révolu. Depuis, les étiquettes sont reparties à la hausse. En septembre, les prix ont grimpé de 1,6 point par rapport à juin, et de 0,9 point par rapport à août. Elle culmine ainsi en septembre à 3,5%, selon une estimation provisoire publiée ce jeudi 28 septembre, par l'Institut national des statistiques (INE).

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L'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCA), qui permet les comparaisons avec les autres pays de la zone euro, s'est, lui, établi à 3,2%, soit 0,8 point de plus qu'en août (2,6%), selon l'institut des statistiques.

Effet de base et « exception ibérique »

Pour comprendre les fluctuations de l'inflation espagnole, il faut se pencher sur celle de l'énergie et sur la spécificité espagnole. Le pays bénéficie, en effet, de ce qui est appelé « l'exception ibérique ». En juin 2022, Madrid et Lisbonne ont obtenu de Bruxelles une dérogation au système tarifaire européen, en faisant valoir la faiblesse de leurs interconnexions avec le reste de l'Union européenne. Autrement dit, ce régime dérogatoire leur permet de plafonner le prix du gaz utilisé pour la production d'électricité.

Un mécanisme, prévu jusqu'à fin 2023 au moins, qui a permis à l'Espagne, mais aussi au Portugal, de faire chuter les prix de l'électricité et donc l'inflation générale, jusqu'à atteindre en juin 2023 1,9% sur un an. Or, pour rappel, une baisse de l'inflation ne signifie pas que les prix baissent, mais bien qu'ils augmentent plus lentement qu'avant. Ainsi, le regain observé en septembre s'explique par le fait que, sur l'année, la progression des prix a moins ralenti par rapport à l'année précédente.

Et les variations des prix de l'énergie sont d'autant plus visibles que «l'énergie a un poids plus important dans le panier des ménages espagnols que dans celui des Français, par exemple », expliquait à la Tribune Christophe Blot, directeur adjoint du département Analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques (ofce), en juin dernier.

Outre cet effet de base, l'INE estime également que le chiffre de septembre s'explique, quoique dans une moindre mesure, par la hausse des prix des carburants, tirés par l'envolée mondiale des cours du pétrole. Début septembre, ces derniers atteignaient, en effet, leur plus haut niveau depuis la mi-novembre 2022. Le cours du baril de Brent évoluait autour de 88,5 dollars, tandis que le cours de la référence américaine, le baril de WTI se situait au-dessus de 85,5 dollars, soit une hausse de plus de 5% en un mois.

L'inflation sous-jacente persiste

Pour autant, même une accalmie sur les prix de l'énergie ne pourrait permettre à l'Espagne d'atteindre durablement l'objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE) comme étant le signe d'une stabilité des prix : une inflation à 2%. En effet, l'inflation sous-jacente en Espagne, c'est-à-dire celle qui ne tient pas compte des prix de l'énergie et qui est corrigée des variations saisonnières, culmine toujours à 5,8%. Elle est toutefois en baisse de 0,3 point par rapport au mois précédent et quasi stable par rapport à juin dernier (quand l'inflation générale était, elle, à 1,9%).

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(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 29/09/2023 à 10:41
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seule loyer 50% edf et gdf 35 % ainsi que toute les charges d' un ménage ....ont à toujours fait des privations tout nos dirigeants qui se goinfre .à volonté.......( les plus modeste ont perdu 500 euros ) en pouvoir d' achats depuis 2016 ...( à dé...

à écrit le 29/09/2023 à 8:41
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"l’espoir d'en avoir fini avec l’inflation n’aura pas durer" duré !

à écrit le 29/09/2023 à 6:34
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Tout cela est le résultat de la politique irresponsable de la BCE pendant les années confinement 2020-2021

à écrit le 28/09/2023 à 15:30
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"Un mécanisme, prévu jusqu'à fin 2023 au moins, qui a permis à l'Espagne, mais aussi au Portugal, de faire chuter les prix de l'électricité et donc l'inflation générale, jusqu'à atteindre en juin 2023 1,9% sur un an. Or, pour rappel, une baisse de l'...

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