Croissance européenne : la France et l'Espagne sourient, l'Allemagne grimace

La croissance de l'Union européenne est plombée par l'Allemagne dont l'économie a stagné au deuxième trimestre, et qui pourrait afficher une récession sur l'année et constate, dans le même temps, une inflation plus élevée que celle de ses voisins, à 6,2%. En revanche, la France a surpris avec une progression de son PIB de 0,5%, supérieure aux attentes, et l'Espagne résiste bien avec une hausse de 0,4%.
Le Produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne a affiché une croissance nulle entre avril et juin, après avoir reculé successivement de 0,4% et 0,1% lors des deux trimestres précédents.
Le Produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne a affiché une croissance nulle entre avril et juin, après avoir reculé successivement de 0,4% et 0,1% lors des deux trimestres précédents. (Crédits : YVES HERMAN)

L'Allemagne s'enfonce dans la déprime. Au deuxième trimestre, la plus grande économie de l'Union européenne a déçu en stagnant, avec désormais la menace d'afficher une récession annuelle. Son Produit intérieur brut (PIB) a affiché une croissance nulle entre avril et juin, après avoir reculé successivement de 0,4% et 0,1% lors des deux trimestres précédents, selon des données révisées et corrigées des variables de saison et de calendrier (CVS) publiées vendredi. Les analystes sondés par Factset tablaient sur un rebond de 0,3%.

Les dépenses de consommation des ménages privés « se sont stabilisées au deuxième trimestre 2023 après le faible semestre d'hiver », a détaillé l'office des statistiques Destatis, juste de quoi compenser une industrie manufacturière qui broie toujours du noir.

En revanche, deux autres grands pays européens arborent un sourire. La croissance en France a atteint 0,5% au deuxième trimestre, bien plus que prévu, tirée par les exportations qui ont compensé une consommation des ménages en berne, a annoncé vendredi l'Insee.

Lire aussiLa France affiche une croissance de 0,5% au deuxième trimestre tirée par ses exportations

« Pour la première fois, la croissance française est tirée beaucoup plus par les exportations que par la consommation », a réagi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire sur RTL.

De l'autre côté des Pyrénées, l'Espagne a vu sa croissance légèrement ralentir au deuxième trimestre (+0,4%), mais reste soutenue par la consommation, selon l'Institut national des statistiques (INE). Une première estimation de la croissance pour la zone euro sera publiée lundi par Eurostat.

L'Allemagne, maillon faible avec une forte inflation

L'Allemagne, dont le modèle économique est étroitement dépendant des exportations, s'appuie aujourd'hui timidement sur sa consommation des ménages, aidée par un marché du travail solide, des salaires en hausse et une tendance au recul de l'inflation. Mais cette dernière n'a que légèrement reculé en juillet, à 6,2% sur un an, soit 0,2 point de pourcentage de moins que le chiffre du mois de juin (+6,4%), a indiqué dans un communiqué l'institut Destatis. Une baisse bien moins marquée qu'en France où l'inflation a atteint 4,3% en juillet ou qu'en Espagne (2,3%).

Résultat, l'industrie, à l'image d'une chimie en crise, patine, elle, bien que les difficultés dans les chaînes d'approvisionnement se soient réduites et qu'elle ait bénéficié d'un important carnet de commandes. « Si la chimie et l'automobile s'affaiblissent ensemble, cela déclenchera une véritable récession industrielle », prévient l'économiste Sebastian Dullien, de l'institut IMK, cité par le quotidien Süddeutsche Zeitung.

« L'Allemagne reste le maillon faible » en Europe, résume Capital Economics. Si le PIB allemand a laissé derrière lui la récession technique traversée cet hiver, avec deux trimestres d'affilée en recul, le répit pourrait n'être toutefois que de courte durée. L'indice des directeurs d'achats (PMI) de juillet, en repli, a pointé vers une nouvelle baisse du PIB au 3e trimestre, à moins d'un renversement de tendance en août et septembre. Aussi l'économie allemande pourrait finir l'année au global dans le rouge, en queue de peloton des pays de la zone euro. Les principaux instituts économiques s'attendent désormais à un recul estimé entre 0,2 et 0,4%, le FMI tablant de son côté sur -0,3%. Le gouvernement d'Olaf Scholz voit encore la croissance du PIB afficher 0,4%, mais cette prévision d'avril a de bonnes chances d'être révisée à la baisse à l'automne.

Moins bien lotie encore que l'Allemagne, l'Autriche a vu en parallèle son PIB diminuer de 0,4% par rapport au trimestre précédent, a indiqué vendredi l'institut de référence Wifo, qui évoque une « récession dans l'industrie » et des « pertes dans la construction ». Hors zone euro, le PIB de la Suède a fondu de 1,5% au deuxième trimestre, par rapport au précédent, une performance très inférieure à ce qui était anticipé.

Lutte contre l'inflation

L'économie européenne pourrait dans ce contexte connaître une deuxième partie d'année difficile. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a fait état jeudi de perspectives « détériorées » pour la zone euro. Gardant la lutte contre l'inflation comme boussole, les gardiens de l'euro ont malgré tout décidé de remonter leurs taux directeurs de 0,25 point de pourcentage, pour la neuvième fois d'affilée. La BCE a en même temps ouvert la porte à une possible pause dans les mois à venir, alors que le renchérissement du coût du crédit pour les ménages et les entreprises pèse sur l'économie.

(avec AFP)

Commentaires 20
à écrit le 29/07/2023 à 19:00
Signaler
La situation devrait être approfondie plutôt que jugée à l'aune d'anciens griefs sans rapport... Vu l'actualité, on se contente d'imputer les dysfonctionnements au contexte géostratégique. Pourtant, celui-ci a plusieurs lectures possibles selon l'ac...

le 30/07/2023 à 18:41
Signaler
"La situation devrait être approfondie plutôt que jugée à l'aune d'anciens griefs sans rapport". Approfondie = Correct. Anciens griefs sans rapport = Absolument incorrect, car précisément, l'analyse de l'histoire économique (à contrario des idéologie...

à écrit le 29/07/2023 à 10:32
Signaler
@Appache. Le sens de mon post se rapporte à la pensée ambiante qui régnait de 2009 à 2019 et dont les hétérodoxes dénonçaient l'absurdité (des médias, des économistes orthodoxes, des politiques...) ni plus ni moins. Le Wall Street Journal de 2017 inf...

à écrit le 29/07/2023 à 9:24
Signaler
Bonjour, Avec la contraction des échanges économiques entre l'europe, la russie et la chine , conduits a des difficultééconomiqueimportante. Les pays au economie de forte croissance fondée sur les exportations sont en difficulté... maintenant l'All...

à écrit le 29/07/2023 à 8:41
Signaler
Le problème de l´Allemagne est plus politique qu´économique : mauvaise répartition des revenus et patrimoines (une des causes de la montée du vote contestataire) ; entreprises obsédées par l´export, tentées de délocaliser aux USA et en Chine ; manque...

le 29/07/2023 à 9:31
Signaler
Bonjour, la contestation en Allemagne viens surtout de l'immigration non contrôler... Le remplacement de génération de jeune allemande a la tete blonde par des migrants a la peau sombre n'est pas de goût de tout le monde... Bien sur , ils ne faut p...

le 30/07/2023 à 19:03
Signaler
@Rogger. Vous pouvez y ajouter - avant l'immigration - le facteur de la déflation salariale compétitive, c'est-à-dire cette main-d'oeuvre allemande soumise (et contrainte) durant des années aux mini-jobs à 400 - 500 euros/mois (réformes Hartz) pour ...

à écrit le 29/07/2023 à 7:19
Signaler
Hé ho, cherchez pas des excuses à l'Allemagne pour qu'elle ne rembourse pas sa dette de guerre svp hein, merci.

le 30/07/2023 à 12:23
Signaler
@Dossier51. Très juste👍D'ailleurs, tout comme l'Allemagne et ses fervents souteneurs ont eu cette fâcheuse tendance à oublier - au cœur de la crise des dettes souveraines en Europe, post crise financière de 2008 exportée encore des États-Unis - combi...

à écrit le 28/07/2023 à 19:37
Signaler
Vu la politique du pseudo écologiste allemand Olaf vis à vis de la Chine et la Russie, aux ordre des usa et UE surtout von der leyen le bras de fer de Biden... Je crains que l'économie allemande sombre dans les abysses... Dans 20 ans elle sera là 12 ...

le 28/07/2023 à 20:10
Signaler
Si l'Allemagne devait occuper le 12 eme ou 13 eme rang mondiale dans 20 ans, je serais tres intéressé par le rang que la France va occuper en cette date!!!!

à écrit le 28/07/2023 à 15:36
Signaler
Croissance en France, plus 0,5 pourcent. Inflation annuelle lissée 7 pourcent et taux d'emprunt à 3,5 pourcent. Heu... Youpi?

à écrit le 28/07/2023 à 15:13
Signaler
L'Allemagne pourtant si vénérée lors de la crise des dettes souveraines (mini-jobs/réformes Hartz, lead manager de l'UE) avec des excédents commerciaux répétés (par déséquilibre manifeste des balances commerciales en UE) mais en trompe-l'oeil. Cette ...

le 28/07/2023 à 16:05
Signaler
En voyant l'état de la France en ce moment par rapport ä l'Allemagne , je pense qu'une modestie de votre part serait de mise (banlieues, école, police, hôpital, déficits abyssaux, dette) !!!! Eh bien vous vous consolez comme vous pouvez. La France d...

le 28/07/2023 à 18:29
Signaler
@Appache. Le sens de mon post vise la pensée ambiante qui régnait de 2009 à 2019 et dont les hétérodoxes dénonçaient l'absurdité (médias, économistes orthodoxes, politiques...) ni plus ni moins. Un post technique et non axé sur un pseudo chauvinisme....

le 28/07/2023 à 23:25
Signaler
Comment dire autant de sottises en un seul message ? Il y en a un dans le paquet qui trahit votre partis pris.... Le charbon allemand..... Qui montre que vous ignorez que le charbon produit moins d'électricité en Allemagne que le renouvelable !

le 28/07/2023 à 23:29
Signaler
Comment dire autant de sottises en un seul message ? Il y en a un dans le paquet qui trahit votre partis pris.... Le charbon allemand..... Qui montre que vous ignorez que le charbon produit moins d'électricité en Allemagne que le renouvelable !

à écrit le 28/07/2023 à 14:52
Signaler
Vous êtes sûr que l'Italie n'est pas aussi devant l'Allemagne? Devant le Japon? Devant les USA ? Ben allez ! on dit n'importe quoi c'est permis !

à écrit le 28/07/2023 à 14:22
Signaler
Le journaliste a oublié l'Italie qui est maintenant la 2eme économie européenne devant la France n'en déplaise aux Enarques et autres. L'Italie est très performante et récupère des productions venant d'Allemagne et d'Autriche qui ont des taxes carbon...

le 28/07/2023 à 16:38
Signaler
La France reste la seconde puissance de l'union. En revanche, l'Italie est la deuxième puissance industrielle. Le déclin de notre pays est violent.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.