Commerce mondial : l'OMC réduit par deux sa prévision de croissance

Selon l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le volume de commerce mondial ne va pas progresser de 1,7% comme elle le prévoyait jusqu'ici mais de seulement 0,8%. Si les échanges devraient rebondir l'an prochain, l'OMC continue de mettre en garde contre l'impact négatif que pourrait avoir une scission du commerce mondial en deux blocs géopolitiques le long d'une ligne de fracture liée à l'invasion russe en Ukraine.
Les économistes de l'Organisation mondiale du commerce tablaient pourtant en avril sur une progression de 1,7% du commerce mondial.
Les économistes de l'Organisation mondiale du commerce tablaient pourtant en avril sur une progression de 1,7% du commerce mondial. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

L'OMC s'inquiète du ralentissement plus fort que prévu de la croissance du commerce mondial de marchandises cette année, minée par les tensions géopolitiques et l'inflation. Dans le détail, le volume du commerce mondial de marchandises ne devrait augmenter que de 0,8% cette année. Les économistes de l'OMC tablaient pourtant en avril sur une progression de 1,7% du commerce mondial.

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« Le ralentissement projeté du commerce pour 2023 est préoccupant, en raison des conséquences négatives pour le niveau de vie des populations du monde entier », indique la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, dans un communiqué.

Dans son rapport, l'organisation souligne que « l'effondrement continu du commerce de marchandises, qui a débuté au quatrième trimestre 2022, a conduit les économistes de l'OMC à revoir à la baisse leurs prévisions commerciales pour l'année en cours, tout en maintenant une perspective plus positive pour 2024. »

« Nous devons rester vigilants »

L'OMC a même revu très légèrement à la hausse ses projections pour 2024, estimant que la croissance du commerce devrait rebondir l'an prochain à 3,3% - un chiffre quasiment inchangé par rapport à l'estimation précédente de 3,2% - avec une croissance stable du PIB réel de 2,5%. « La croissance positive des exportations et des importations devrait reprendre en 2024, mais nous devons rester vigilants », prévient l'économiste en chef de l'OMC, Ralph Ossa, dans le communiqué.

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Les secteurs les plus sensibles aux cycles économiques devraient se stabiliser et rebondir, grâce à une inflation modérée et à des taux d'intérêt en baisse. Les prévisions ne portent pas sur le commerce mondial des services commerciaux, mais les données préliminaires montrent, selon l'OMC, que la croissance du secteur pourrait être plus modérée après la forte reprise des transports et des voyages l'année dernière.

Le ralentissement de la croissance du commerce des marchandises semble être général, incluant un grand nombre de pays et un large éventail de biens, même si certains secteurs sont plus touchés, comme le fer, l'acier, les équipements de bureau et de télécommunication, les textiles et l'habillement.

« Les causes exactes du ralentissement ne sont pas claires, mais l'inflation, les taux d'intérêt élevés, l'appréciation du dollar et les tensions géopolitiques sont autant de facteurs qui y contribuent », indique également l'organisation, qui pointe aussi du doigt les difficultés du marché immobilier en Chine qui empêche une reprise plus forte après la pandémie de Covid-19.

Un risque de « démondialisation » du commerce

Les perspectives pour le commerce en 2024 s'annoncent plus favorables. Mais l'OMC continue de mettre en garde contre l'impact négatif que pourrait avoir une scission du commerce mondiale en deux blocs géopolitiques le long d'une ligne de fracture liée à l'invasion russe en Ukraine, avec d'un côté les alliés de Kiev et de l'autre les pays proches de Moscou.

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Les économistes de l'OMC craignent en particulier une « démondialisation du commerce international ». « Nous repérons effectivement dans les données certains signes de fragmentation des échanges liés aux tensions géopolitiques. Heureusement, il n'y a pas encore de démondialisation plus large. Les données semblent indiquer que les marchandises continuent d'être produites sur des chaînes d'approvisionnement complexes, mais que l'expansion de ces chaînes a stagné, du moins à court terme », ajoute Ralph Ossa.

Relevant les dangers d'une « fragmentation économique mondiale », la patronne de l'OMC appelle « à renforcer le cadre commercial mondial en évitant le protectionnisme ». « L'économie mondiale, en particulier pour ce qui est des pays pauvres, aura du mal à se remettre sans un système commercial multilatéral qui soit stable, ouvert, prévisible, fondé sur des règles et équitable », avertit-elle.

Céréales : l'Ukraine a mis en « pause » ses poursuites contre des pays de l'UE

L'Ukraine a annoncé jeudi avoir mis en « pause » les poursuites qu'elle a engagées auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre plusieurs pays frontaliers de l'UE, dont la Pologne, qui avaient pris des restrictions sur l'exportation de ses céréales. « Pendant que nous cherchons une solution pratique, nos différends au sein de l'OMC sont en pause pour le moment », a indiqué le vice-ministre de l'Economie Tarass Katchka, cité par l'agence Interfax-Ukraine.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 06/10/2023 à 8:31
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Réduisons donc par deux le budget de l'omc.

à écrit le 05/10/2023 à 20:55
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L'OMC va fermer?

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