Les dépenses de protection sociale gagnent du terrain en France

Par Grégoire Normand  |   |  571  mots
Les discussions sur les niveaux de dépense publique ne peuvent pas être dissociées du modèle social français souligne l'économiste de Xerfi Olivier Passet.
Les dépenses de protection sociale en France s'élèvent à 34,3% du PIB, soit un record en Europe. Le plus grand poste de dépense est consacré aux prestations vieillesses.

Alors que le mouvement des "Gilets jaunes" a remis le rôle de la fiscalité au centre des débats, les derniers chiffres d'Eurostatpubliés ce mercredi 12 décembre, indiquent que les dépenses de protection sociale en France ont légèrement progressé entre 2015 et 2016, passant de 34,2% à 34,3% du produit intérieur brut (PIB).  Ce qui place la France en tête des pays de l'Union européenne.

Ras-le-bol fiscal et protection sociale

Si une partie des Français dénoncent régulièrement un ras-le-bol fiscal en raison notamment d'un fort taux de prélèvement obligatoire, ils sont à 61% a juger normal le niveau de dépenses de protection sociale. 21% des répondants le considèrent comme insuffisant et 19% le jugent excessif selon un sondage réalisé par BVA pour le ministère de la Santé au printemps dernier.

Les débats sur la dépense publique en France font parfois l'impasse sur le niveau de dépense de protection sociale. Or, les discussions sur les niveaux de dépense publique ne peuvent pas être dissociées du modèle social français comme l'a récemment souligné l'économiste de Xerfi Olivier Passet

"il  faut tenir compte du fait qu'une part croissante des impôts, stricto sensu, finance aussi la protection sociale, notamment dans le nord de l'Europe, et de plus en plus en France. L'indicateur le plus pertinent, du coup, si l'on veut caractériser la pression fiscale, hors protection sociale, c'est d'isoler la part des impôts qui ne sont pas affectés à la protection sociale, autrement dit retrancher les dépenses sociales des prélèvements obligatoires. La France reste un pays de fiscalité élevée, mais demeure proche de la moyenne et ne fait plus figure d'animal étrange."

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La diminution de la CSG promise par Emmanuel Macron pour les retraités qui avaient un revenu inférieur à 2.000 euros pourrait notamment affaiblir le financement des budgets de protection sociale si elle n'est pas financée. En effet, la contribution sociale généralisée est avant tout destinée à financer la protection sociale.

De fortes disparités à l'échelle européenne

En moyenne, les dépenses de protection sociale ont atteint 28,2% du PIB sur le Vieux continent. Ce chiffre marque une légère baisse par rapport à 2015 (28,4%). Par ailleurs, il existe de véritables disparités à l'échelle de l'Union européenne avec plusieurs groupes.

Les dépenses de protection sociale s'élevaient au moins à 30% du PIB en France (34%), en Finlande et au Danemark (32%) ainsi qu'en Autriche, en Belgique, en Italie et en Suède et aux Pays-Bas. A l'autre extrême, plusieurs pays affichent des dépenses inférieures à 20% de la richesse produite. Il s'agit par exemple de de la Roumanie, de la Lettonie ou de la Lituanie.

Les dépenses vieillesse en tête

La ventilation des postes de dépenses indique que la part des prestations vieillesses est la plus importante (45% du total). Elle est suivie des dépenses consacrées aux maladies, soins de santé et invalidité (35%).

Enfin, la famille et l'enfance (7,6%), le chômage (6,2%) et le logement (5,6%) arrivent ensuite. Par rapport à la moyenne de l'Union européenne, la France dépense plus pour le chômage (6,2%) et le logement (5,6%). En revanche, elle est à la traîne pour les dépenses dédiées à la famille (7,6%) ou aux soins de santé (35%).