Fin de la Sécurité sociale étudiante : un gain de pouvoir d'achat "à nuancer"

Les 2,7 millions d'étudiants de la rentrée 2018 n'auront plus à s'acquitter de la cotisation annuelle de 217 euros pour s'affilier à la Sécurité sociale étudiante. Ils seront désormais rattachés au régime général, comme n'importe quel salarié. Ce gain de pouvoir d'achat, estimé à 100 millions d'euros pour près d'un million d'étudiants par la Fage, est à mettre en perspective avec la hausse de certains frais d'inscription et des loyers.
Les étudiants vont devenir des assurés comme les autres.
Les étudiants vont devenir des assurés comme les autres. (Crédits : © Regis Duvignau / Reuters)

Les étudiants vont voir leur pouvoir d'achat augmenter (un peu). A compter du 1er septembre, les étudiants seront désormais rattachés au régime général de la Sécurité sociale, conformément à la loi sur l'orientation et la réussite des étudiants (ORE). Autrement dit, ils n'auront plus à s'acquitter de la cotisation annuelle de 217 euros à une Sécurité sociale étudiante. Dans un premier, cela concernera d'abord les nouveaux arrivants, avant une généralisation en 2019 à l'ensemble des étudiants.

Ce régime, mis en place après guerre alors que la France ne comptait que 150.000 étudiants, n'était tout simplement plus adapté à la situation actuelle : en cette rentrée, ils sont près de 2,7 millions à être inscrits dans l'enseignement supérieur. Sur l'antenne de France Info dimanche, Jimmy Losfeld, le président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), a parlé d'un "choc de simplification".

"[Il s'agit] d'une victoire assez historique, parce que si la mutualité étudiante était un acquis social depuis 1948, la réalité, c'est que depuis un bon nombre d'années, ce régime était délétère et même défaillant (...) La fin de la Sécurité sociale étudiante permet un gain de pouvoir d'achat et un système de santé plus efficient."

100 millions d'euros de pouvoir d'achat supplémentaire pour un million d'étudiants

D'après les estimations de la Fage, le rattachement des étudiants au régime général de la Caisse nationale d'assurance maladie représente un pouvoir d'achat supplémentaire de 100 millions d'euros pour près d'un million d'étudiants. Pour autant, les étudiants non-boursiers vont devoir s'acquitter de la redevance de 90 euros au titre de la Contribution vie étudiante et de campus (CVEC), collectée par les Crous, servant à financer des politiques de prévention et d'éducation à la santé, entre autres.

Malgré cette bonne nouvelle, la rentrée 2018 coûtera tout de même 1,31% plus cher que celle de l'année dernière, qui était déjà en hausse (+2,09%), rappelle le syndicat étudiant Unef. En cause : l'augmentation de frais de scolarité dans de nombreux établissements de l'enseignement supérieur et la hausse des loyers dans de grandes villes universitaires comme Paris (+0,73%), Lyon (+2,85%) ou Poitiers (+2,5%).

Après avoir perçu l'ensemble des aides (bourses, APL, etc.), le reste à charge mensuel moyen pour un étudiant est de 837,72 euros, en hausse de 129,59 euros, a calculé l'Unef.

Lire aussi : Le coût de la vie étudiante toujours plus élevé (Unef)

Un tiers des étudiants ont renoncé à se soigner

Le régime de Sécurité sociale des étudiants, délégué en 1948 à la Mnef, devenue la LMDE, puis, à partir de 1972, à une dizaines de mutuelles régionales, proposaient par ailleurs des offres de complémentaires santé. Mais ces dernières années, le Sénat, la Cour des comptes ainsi que l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir ont pointé du doigt les nombreuses défaillances des mutuelles étudiantes.

En 2015, le Défenseur des droits avait notamment mis en avant dans son rapport les délais déraisonnables de remboursement des mutuelles étudiantes, les retards conséquents dans l'envoi des cartes vitales (sans parler des doublons), ainsi qu'une communication lacunaire des mutuelles, laissant "la moitié des démarches entreprises par les étudiants sans réponse". Conséquence : de nombreux étudiants ont tout simplement renoncé à se soigner, faute de moyens financiers.

"Aujourd'hui, 30% des étudiants renoncent à leurs soins faute de moyens financiers (...) Quand un jeune va chez le dentiste ou chez le médecin et qu'il met six mois à se faire rembourser, il va plutôt attendre que ça passe plutôt que de se faire soigner", a expliqué Jimmy Losfeld sur France Info.

(avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 03/09/2018 à 20:31
Signaler
non elle était utile...demandé a l' ancien secrétaire du PS..ou Mr stauskhan...😎😎😎

à écrit le 03/09/2018 à 14:29
Signaler
D'un coté on supprime la cotisation mutuelle, soit une centaine d'euro. De l'autre on instaure une taxe CROUS de 90€ et mauvaise nouvelle pour les boursiers, le montant des bourses a été gelé, ce qui veut dire une baisse équivalente à l'inflation ...

le 03/09/2018 à 16:37
Signaler
pendant mes études 2005-2008, y'avait déjà une sélection par l'argent, les relations et pas assez de places pour les bac pro pour les bts de leur filières. De toute façon qqe soit le montant des bourses, sont-elles payées déjà ? Si oui le sont-elles...

le 03/09/2018 à 17:10
Signaler
Taxe CROUS: Il y a des étudiants qui sont exonérés : Les boursiers ou bénéficiaires d’une allocation annuelle accordée dans le cadre des aides spécifiques annuelles. Les étudiants réfugiés Les étudiants bénéficiaires de la protection subsidia...

à écrit le 03/09/2018 à 12:35
Signaler
Y'a un truc à savoir, c'est qu'au moment de souscrire à cette mutuelle on quitte le système normal. Ce qui fait que quand, on termine ses études, vous vous retrouvez sans sécurité sociale. Perso je l'ai appris en allant chez le médecin 2 ans après me...

à écrit le 03/09/2018 à 12:15
Signaler
Cette mutuelle était un vrai scandale, 6 mois d'attente pour se faire rembourser des soins dentaires, on ne voit pas l'intérêt pour les étudiants, mais pour les administrateurs qui devaient bien en profiter et un placard doré pour certains étudiants ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.