Affaires Libor, Libye : Soc Gen proche d'un accord à 1 milliard de dollars

Par Delphine Cuny  |   |  515  mots
La Société Générale avait indiqué en mars être entrée dans "une phase de discussions plus actives" avec les autorités américaines, dans le but d'aboutir "dans les prochaines semaines."
La banque serait sur le point de signer un règlement amiable avec les autorités américaines mettant un terme aux enquêtes sur l'affaire de soupçon de corruption en Libye et de celle de manipulation du taux interbancaire Libor, pour un montant de plusieurs centaines de millions. La France en récupérerait une partie.

Un mois et demi après l'annonce surprise du départ de son directeur général délégué, Didier Valet, semble-t-il, exigé par les autorités américaines, la Société Générale devrait solder deux litiges qui plombent son horizon depuis des mois, par le biais d'un règlement amiable avec le ministère de la Justice des États-Unis. Il s'agit du scandale Libor, dans lequel plusieurs grandes banques sont accusées d'avoir procédé à des manipulations de ce taux de change interbancaire, et de l'affaire libyenne, des soupçons de corruption dans le cadre de transactions avec le fonds souverain libyen (Libyan Investment Authority, LIA), avec lequel la banque a réalisé un accord financier de quelque 963 millions d'euros il y a un an.

La banque de La Défense aurait accepté de payer un montant de l'ordre de 800 millions de dollars pour sceller cet accord avec les autorités américaines et françaises, qui en récupérerait une partie, selon l'agence Bloomberg. La Société Générale avait indiqué en mars être entrée dans "une phase de discussions plus actives" avec celles-ci, dans le but d'aboutir "dans les prochaines semaines." Elle avait précisé dans son rapport annuel qu'elle avait alloué à ces deux dossiers "environ 1 milliard en contre-valeur euro" de provisions dans ses comptes. Elle pourrait devoir payer aussi une amende à la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), le gendarme américain des marchés à terme.

L'action Soc Gén gagne un peu plus de 0,5% ce jeudi matin.

Départ forcé en échange d'une pénalité allégée

En août 2017, deux ex-responsables de la Soc Gen, Danielle Sindzingre et Muriel Bescond, ont été inculpées aux États-Unis dans le cadre d'une enquête ouverte par les autorités fédérales sur les manipulations du taux de change Libor. Elles sont accusées d'avoir fait "fournir par leur employeur, la Société Générale, des taux falsifiés pour le Libor qui ont ensuite eu des effets sur les transactions du monde entier utilisant le Libor", selon le procureur fédéral. En mars dernier, Didier Valet, le patron de la branche de "grande clientèle" (banque de financement et d'investissement) a démissionné  "à la suite d'une différence d'appréciation dans la gestion d'un dossier juridique spécifique du groupe, antérieur à son mandat de directeur général délégué."

Selon le Financial Times, les autorités américaines auraient imposé une amende bien supérieure si elles n'avaient pas obtenu la tête de ce dirigeant qui supervisait les activités de marchés, et auraient exigé de la banque qu'elle plaide coupable et accepte la surveillance d'un contrôleur indépendant.

La Société Générale présente ce vendredi 4 mai ses résultats du premier trimestre. Le directeur général, Frédéric Oudéa, a déclaré à plusieurs reprises qu'il espérait régler ces deux litiges cette année. Le vote sur le renouvellement de son mandat est prévu l'année prochaine.