L'assurance-vie s'achemine vers sa pire année de collecte...depuis 2012

En octobre, l’assurance-vie affiche une décollecte nette de 154 millions d’euros, sur un mois traditionnellement favorable à ce support d’épargne. Depuis janvier, la décollecte cumulée atteint 7,3 milliards d’euros. Des chiffres qui reflètent le contexte exceptionnel de la pandémie mais aussi les politiques commerciales des assureurs et des tendances de long terme, comme le vieillissement de la population.
L'assurance-vie a subi une nouvelle décollecte au mois d'octobre, de 154 millions d'euros, réduite cependant de moitié par rapport au mois précédent.
L'assurance-vie a subi une nouvelle décollecte au mois d'octobre, de 154 millions d'euros, réduite cependant de moitié par rapport au mois précédent. (Crédits : Kevin Schneider via Pixabay (CC0 Creative Commons))

L'assurance-vie affiche son huitième mois de décollecte au compteur. Le mois d'octobre a confirmé la lente décrue du placement favori des Français. Selon les chiffres de la Fédération Française des assurances (FFA), le mois d'octobre se termine sur une décollecte nette de 154 millions d'euros, soit le huitième mois consécutif de décollecte. Cette nouvelle contre-performance est d'autant plus marquante qu'octobre est traditionnellement un bon mois de collecte. Ce qui n'est pas généralement pas le cas des mois de novembre et de décembre.

Depuis le début de l'année, la décollecte nette atteint donc 7,3 milliards d'euros, contre une collecte nette positive de 22 milliards d'euros sur les dix premiers mois de l'année 2019. Soit un écart de près de 30 milliards d'euros ! Dans le détail, les cotisations se sont élevées, sur le mois d'octobre, à 10,9 milliards d'euros, dont 34% sur des unités de compte (UC), contre 26% un an plus tôt, ce qui représente la meilleure collecte brute depuis janvier dernier. Les prestations versées restent relativement stables à 11 milliards d'euros.

La contrainte commerciale

Plusieurs explications sont avancées pour expliquer le recul de l'assurance-vie malgré des taux d'épargne particulièrement élevés : la désorganisation des réseaux de distribution pendant le premier confinement, la préférence des Français pour l'épargne de précaution (au profit du Livret A et des dépôts à vue), alors même que le moral des ménages est au plus bas, la chute des rendements des fonds en euros (les rendements convergent vers 1% contre 3% dix ans auparavant), et, à la marge, un nouvel attrait pour la Bourse.

Les politiques commerciales des assureurs eux-mêmes ne sont pas étrangères à cette désaffection des épargnants : depuis plusieurs années, les assureurs freinent en effet la collecte sur les fonds garantis en euros, qui « consomment » beaucoup de fonds propres en période de baisse des taux, et imposent à leurs clients d'investir désormais 30% des nouveaux flux dans des unités de compte, ce qui peut décourager certains assurés, notamment les plus âgés.

Tendance de long terme

Dans une note récente, l'agence de notation Fitch a ainsi souligné, « que la conséquence la plus grave et la plus durable de la pandémie pour le secteur de l'assurance-vie est la baisse des taux d'intérêt ». D'où les efforts des assureurs pour réorienter l'épargne vers des supports « non garantis », comme les UC, qui devraient atteindre 35% de la collecte à la fin de l'année, selon Fitch, mais aussi vers les produits nés de la loi Pacte, comme le nouveau fonds « eurocroissance » ou le plan d'épargne retraite individuel (PERin).

« Le contexte actuel est évidemment prédominant dans la décollecte. Mais il y a également une tendance de long terme. D'un côté, l'assurance-vie n'a jamais retrouvé ses niveaux de collecte brute d'avant la crise financière de 2012. Et, de l'autre, le niveau des prestations a augmenté pour se stabiliser désormais autour de 11 milliards d'euros, contre 8 milliards auparavant. L'assurance-vie est un produit mature, avec une grande majorité de contrats de plus de 8 ans, qui subit le vieillissement de la population », analyse Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Epargne.

Des profils toujours défensifs

De son côté, le dernier Observatoire du conseil financier indépendant de Nortia, qui analyse l'activité d'un millier de CGP (conseillers en gestion de patrimoine), pour le compte de 80.000 clients (11 milliards d'euros d'encours), note un « coup d'arrêt » à une certaine prise de risque pendant la période de confinement et un retour du fonds en euros, qui représentent, au troisième trimestre, 51% des nouveaux flux de capitaux, contre 46% au dernier trimestre 2019.

Sur les UC, Nortia observe deux tendances très nettes : forte augmentation des UC Actions (près de 30% de la collecte brute sur les UC) et retour en grâce des supports immobiliers au troisième trimestre (20% de la collecte brute). Enfin, la plateforme Nortia souligne les nombreux arbitrages opérés au sein des contrats d'assurance par les CGP en 2020.

Et après la suspension des fonds H20 Asset Management en août dernier, auparavant très prisés sur les contrats d'assurance-vie, les CGP ont revu sensiblement à la baisse leur exposition sur ces fonds à partir du premier trimestre. A l'inverse, les fonds « croissance » ou sur les thématiques environnementales ont été plus particulièrement recherchés.

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Commentaires 2
à écrit le 27/11/2020 à 8:42
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Les deux premières semaines du confinement, vu l'hystérie médiatique nous hurlant que demain nous allions tous mourrir du covid, ben même moi j'y ai cru alors logique que les gens ne pensent plus trop à demain se focalisant sur maintenant. Si on ...

à écrit le 26/11/2020 à 17:53
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On ne voit plus ce qui est rassurant dans une assurance vie dans notre époque d'incertitude!

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