Brexit : 40.000 jobs pourraient être délocalisés de la City

Par Delphine Cuny  |   |  545  mots
Le cabinet de conseil Oliver Wyman a revu à la hausse son estimation du nombre d'emplois que les banques devront relocaliser dans l'Union européenne en cas de "hard Brexit". Il estime entre 30 et 50 milliards de dollars les besoins en capitaux pour établir les nouvelles filiales.

Un an après le référendum sur une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, le cabinet de conseil Oliver Wyman vient de mettre à jour ses prévisions d'impact du Brexit pour les métiers de la finance. Même si les conditions du divorce restent encore floues, il estime que la perte d'accès au marché unique devrait conduire les banques installées au Royaume-Uni (hors activités de détail) à déplacer entre 35.000 et 40.000 emplois vers l'Union européenne, contre 31.000 à 35.000 jobs anticipés à l'automne dernier.

"Les équipes de direction pourraient trouver des raisons commerciales de relocaliser plus d'activité au sein de l'UE au fil du temps, par exemple pour encourager la collaboration au sein des équipes de vente, des traders, des spécialistes de la gestion du risque, tout en maintenant une proximité avec les clients", fait valoir l'étude d'Oliver Wyman.

Des mesures qui seront prises avant la date fatidique de mars 2019 afin d'éviter l'effet "bord du précipice", fait valoir le cabinet de conseil.

Renforcer les fonds propres

En outre, Oliver Wyman, qui avait travaillé l'an dernier pour TheCityUK, le lobby de la finance londonienne, évalue entre 30 et 50 milliards de dollars le besoin en capitaux pour renforcer le bilan des nouvelles filiales européennes établies par les banques actuellement implantées au Royaume-Uni, soit une hausse de 15% à 30% des fonds propres actuellement alloués au continent européen par les grandes banques d'investissement.

Par ailleurs, les banques vont devoir dupliquer certaines fonctions, comme l'a récemment expliqué le patron de la Deutsche Bank, notamment ce qui a trait à la conformité et la gestion du risque. Cela pourrait se traduire par "une hausse de 2% à 4% de la base annuelle de coûts", selon Oliver Wyman, l'équivalent d'un milliard de dollars en agrégé pour le secteur.

Un coût de 300.000 dollars par emploi relocalisé ?

Il reste aussi la question ouverte de la relocalisation des activités de compensation, qui pourrait avoir un effet dévastateur sur l'écosystème de la City : le patron du London Stock Exchange, le Français Xavier Rolet, avait estimé à 100.000 jobs le potentiel d'emplois menacés dans le clearing.

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La banque HSBC vient de donner un aperçu des coûts que pourrait représenter la relocalisation de salariés dans l'Union européenne : le directeur général Stuart Gulliver a indiqué lundi que les coûts associés au Brexit, comptabilisés pour 4 millions de dollars au deuxième trimestre, pourraient grimper jusqu'à 300 millions de dollars en incluant les frais juridiques.

« Le total de 200 à 300 millions de dollars est le coût de transition vers la France », a-t-il expliqué lundi lors d'une conférence téléphonique.

HSBC a en effet prévu de déplacer environ 1.000 emplois de Londres vers Paris, où elle possède une banque de plein exercice, le CCF. Soit un coût de 300.000 dollars par emploi relocalisé, résume l'agence Bloomberg. La mesure vise à éviter de perdre "environ un milliard de dollars" de recettes menacées en cas de "hard Brexit" et d'interdiction réglementaire de servir les clients européens depuis le Royaume-Uni, a souligné le patron de la première banque européenne en termes d'actifs.